Comme à son habitude, après un E.P de bonne teneur l'an passé (le très bon mais très court La Grande Mascarade), Aborted est de retour avec un nouvel album, le onzième de sa carrière. Le combo belge de brutal death metal se retrouve pour la première fois sous la forme d'un quatuor sur un LP. En effet, si tous les musiciens présents sur Maniacult ont joué sur Terrorvision (2018), Mendel Bij de Leij a quitté le combo il y a deux ans. Pour autant, pas de quoi bouleverser le son du groupe, habitué aux changements de line-up. Et si Maniacult est, sans surprise, dans la lignée de ses prédécesseurs, il n'en reste pas moins efficace et taillé pour casser des nuques en live.
Quand on démarre l'écoute d'un nouvel album d'Aborted, et ce depuis The Necrotic Manifesto, on sait peu ou prou ce que l'on va trouver. C'est une fois de plus le cas avec la traditionnelle introduction ("Verderf") destinée à plonger l'auditeur dans l'ambiance angoissante du combo belge, qui ici exploite le thème des sectes tout en gardant son second degré caractéristique (le clip de "Dementophobia", parodiant Scooby-Doo, et celui du morceau-titre sont là pour vous en convaincre).
Côté musique, Aborted reste dans la lignée de son travail sur Retrogore et Terrorvision, avec un death brutal qui lorgne régulièrement vers le deathcore lors de refrains et de break imparables ("Maniacult", "A Vulgar Quagmire"). Le quatuor maîtrise également la science du riffing ("Impetus Odi", "Ceremonial Ineptitude") sans pour autant délaisser la mélodie ("Drag me to Hell" est un bijou d'ambiance, tout comme "Verbolgen", surprenant interlude au piano qui aurait sa place sur la Bande Originale d'American Horror Story). Chaque conte horrifique est soigneusement narré par les hurlements de boucher de Sven de Caluwé qui varie à merveille son growl, se risquant à des incartades vers le chant black ("Ceremonial Ineptitude" à 1:50), tout comme son compère et ami de Benighted, Julien Truchan.
Si tout le monde réalise un travail formidable sur l'album à commencer par Ian Jekelis, dont chaque lead de guitare est soigneusement pensé (comme sur le pont de "Portal to Vacuity"), on regrette toutefois une certaine impression de déjà-vu tant certains titres auraient eu largement leur place sur les deux opus précédents (à commencer par "I Prediletti: The Folly of the Gods" ou le single "Impetus Odi", évoquant "Divine Impediment" sur Retrogore ou "Vesperine Decay" sur Terrorvision). Seul "Dementophobia" sort un peu du lot avec un style plus catchy, presque death n' roll, rappelant l'esprit d'Obituary ou Entombed A.D. avec le son Aborted.
Ce son est par ailleurs en grande partie lié à la production massive et aux martèlements de double pédales de Ken Bedene, qui fête ses onze ans au sein du quatuor, faisant désormais office de pilier solide sur lequel Sven de Caluwé peut s'appuyer. Le batteur est une fois encore monstrueux sur l'ensemble des titres, bien que les triggs de batterie pourraient en rebuter plus d'un.
Pour résumer, Maniacult est un bon album d'Aborted qui, à part sur Strychnine.213, n'a jamais déçu. La fonction première de cette onzième galette, à savoir briser des nuques et générer des pogos monstrueux lors des prochains live, est de toute façon assurée. Mais il aurait été plaisant de voir le combo s'aventurer sur plus de titres vers l'esprit plus death n' roll de "Dementophobia". Au lieu de cela, Aborted met une fois de plus sa facette deathcore / brutal death en avant, et s'il le fait très bien, on pourrait craindre que le groupe reste dans sa zone de confort à l'avenir.
Tracklist :
Verderf
Maniacult
Impetus Odi
Portal to Vacuity
Dementophobia
A Vulgar Quagmire
Verbolgen
Ceremonial IneptitudeDrag me to Hell
Grotesque
I Prediletti: The Folly of the Gods
Déjà disponible chez Century Media
Artwork promotionnel : DR