Certains groupes sont tout de même assez intrigants, et Seduce the Heaven est de ceux-là. Née très récemment, la formation a déjà eu l'opportunité d'ouvrir pour Epica ou de participer au Metal Female Voices Fest X en compagnie de gros noms comme Arch Enemy. Qui plus est, selon sa biographie, le groupe nous balancerait une mixture qui oscille entre death metal, metal mélodique, metal symphonique, metal atmosphérique, power / speed metal, le tout de manière harmonieuse. Curieux, n'est-ce pas ? Force est de constater que leur premier opus "Field of Dreams" est loin d'être inintéressant. C'est donc pour tout cela que j'ai souhaité en savoir plus sur ces grecs : qui sont-ils, que nous veulent-ils ? C'est la belle Elina Laivera, chanteuse de la formation, qui a accepté de répondre aux questions de La Grosse Radio.
Interview en mailer par Sanguine_sky, questions de Sanguine_sky
Sanguine_sky : Bonjour Elina et merci à toi de m'accorder cette interview ! Peux-tu présenter ton groupe à nos lecteurs ?
Elina : Bonjour et merci pour l'entrevue ! Mon groupe est nommé Seduce the Heaven. En 2009, le guitariste du groupe Alex Flouros a commencé à faire quelques expériences musicales qui lui sont venues de nouvelles influences. Il a commencé à écouter quelques groupes plus heavy comme Soilwork, Killswitch Engage ou Scar Symmetry grâce aux recommandations de quelques amis. Un jour, j'ai reçu des bouts de trois titres avec les instructions pour écrire les lignes de chant et les paroles sur eux. Ce que j'ai fait. Le résultat étant plus que satisfaisant, nous avons commencé à chercher des musiciens pour jouer ces morceaux avec un groupe entier. Ainsi, nous avons cherché des musiciens. Le line-up actuel est composé d'Elina Laivera (chant féminin), Marios Mizo (growls), Alex Flouros (guitare), Sinnik Al (guitare), Chris Kollias (basse) et John Thomas (batterie).
Le groupe a sorti son premier opus Field of Dreams en Janvier. Comment décrirais-tu cet album et quel type de musique le public pourra y trouver ?
Ils trouveront une large palette de sonorités dans notre premier album Field of Dreams, parce qu'il combine des sonorités contradictoires, liées cependant de manière harmonieuse. Dans Field of Dreams, tu peux trouver la puissance du death mélodique suédois ou de la NWOAM (New Wave of American Metal), du symphonique et du power metal jusqu'à du progressif, des harmonies jazz ainsi que quelques tonalités gothiques et des inspirations des 80s. Le résultat final est dû aux influences qu'Alex et moi-même avions au moment où l'album a été composé. Alex a une grande expérience en tant que musicien, et surtout dans des genres comme le metal progressif, le jazz, le blues ou l'AOR. Il est né dans les années 80 et en 2009, quand les premières idées pour Field of Dreams sont apparues, il écoutant Soilwork, etc … Quant à moi, je suis née dans les années 90, et mes influences étaient davantage atmosphériques ou commerciales. A cette époque, mes groupes préférés étaient Evanescence, Delain, Nightwish, Revamp. Donc dans l'album, tu peux trouver tout ce qui a jailli de nos esprits pendant que nous avions ces influences spécifiques. C'est certainement un mélange des genres assez intéressant !
Est-ce que tu peux nous parler davantage du nom Field of Dreams ? Un concept derrière ?
C'est une théorie, mais je dois en parler. Pendant que nous composions l'album, j'y ai vu une énorme opportunité d'exprimer toute la négativité que je vivais durant cette période de ma vie. Je passais par énormément de situations difficiles qui terminaient mal pour moi, j'étais anéantie. Et j'avais tant de chagrin et de colère en moi que je sentais l'urgence d'écrire à propos de tout ça. J'ai toujours utilisé la musique comme un moyen d'exprimer ce qu'il se passe dans mon esprit. Mais je n'ai jamais eu un sentiment aussi fort. En premier lieu, nous avions choisis ce nom de Field of Dreams à cause du titre éponyme, uniquement car nous apprécions le morceau. Ce titre est à propos de l'amour, et de tous ses aspects : qu'il puisse être tendre comme destructeur. Bien que je n'ai jamais vécu une situation pareille, je me rappelle avoir écrit ce titre à propos de choses que vivait ma sœur à cette période. Comme tu peux donc le voir, je n'écris pas que sûr ce que je vis, mais aussi sur ce que peuvent ressentir les autres, et qui me permettent de comprendre et sympathiser. Donc quand l'album a été écrit, après 3 ans, j'ai finalement réalisé que ce titre voulait dire bien plus qu'un simple « bon nom ». J'ai vécu la même expérience d'oppression avec la personne que ce titre décrit. Mais d'une autre façon. A ce moment, quand nous avons commencé à faire une petite promo de l'album, nous avons reçus un grand nombre de commentaires et d'échos positifs, et peu à peu les choses allaient mieux dans ma vie. C'est à ce moment que j'ai compris tout ce que cet album représente pour moi. Je le vois comme un livre, dans lequel est contenu toute ma rage, ma peine, ma douleur et ma déception. Je l'utilisais pour parler de ma douleur et à travers tout cela, j'ai réussi à aller de l'avant et à soigner les blessures du passé. Ainsi, il s'est avéré pour moi que cet album est MON champ de rêve. Et qu'il y en a un pour chacun de nous. Nous passons tous à travers des situations complexes dans notre vie, mais si nous restons concentrés sur ce que nous voulons, nous gagnons la bataille et de meilleurs jours arrivent. C'est le message que je souhaite faire passer à travers l'album. Tu peux tomber, mais tu retomberas toujours sur tes pattes et tu te relèveras. Il faut trouver ce à quoi s'accrocher jusqu'à ce que l'ouragan passe. Pour moi, c'est la musique. La pochette reflète exactement ce qu'il se passe dans nos vies : une jeune femme qui porte une robe de mariée, ce qui signifie qu'elle est encore jeune, à ses débuts. Elle nous symbolise tous. Elle a de l'ambition, la vie est ce long couloir devant elle et le champ à la fin du couloir est l'endroit qu'elle souhaite rejoindre. Ses rêves sont son objectif. En bas à gauche un corbeau la regarde, il symbolise le doute. Nous doutons tous quand nous avons de l'ambition. Mais c'est à nous de savoir si nous nous laissons submerger par le doute et la ruine de nos plans, ou si nous irons plus loin, qu'importe ce qui arrive. Cet artwork donne ainsi une double fin à la vie de cette jeune femme : sur le devant, le champ est encore à sa portée, mais sur le dos, la jeune fille est morte, le corbeau sur elle, ayant remporté la partie, et le champ de rêve est en déclin, ne restant ainsi qu'un arbre pourrissant. Ce qui signifie qu'elle a autorisé le doute et la négativité à la stopper, à l'empêcher de poursuivre son chemin. C'est le concept derrière Field of Dreams. Nos rêves sont là. C'est à nous de décider si nous allons les atteindre, ou pas. Personnellement, je me sens très heureuse d'avoir réussi à surmonter toutes les difficultés et d'avoir utilisé toute cette période négative pour produire quelque chose de positif : cet album !
De quelle façon avez-vous composé de premier album ?
Au départ Alex, le compositeur principal, commence à écrire un premier jet de titre pour chaque morceau et ensuite, je compose les lignes de chant et j'écris les paroles. Dans le cas de « In Close Distance », tout est entièrement fait par moi. « Falling » était supposé être la ballade de l'album mais quand j'ai envoyé ça à Alex il a … transformé ça en ce que c'est actuellement ! On peut donc dire qu'elle est co-écrite. Sur la version japonaise de l'album, il y a deux titres exclusifs dont l'un, « Believe in Me », a été écrit par John Mcris, notre ancien guitariste de session. Il y a aussi une ballade, « This War Called Home », entièrement composée par moi. A propos des paroles, « Reflection » et « Helpless Mind » ont été co-écrites par moi et notre ancien growleur, Vagelis Kolios. « Walls of Oblivion » et « Believe in Me » ont été co-écrites par moi et notre nouveau growleur, Marios Mizo. Sinnik Al a composé les solos de guitare de « Helpless Mind » et « Ignorance ».
As-tu un titre favori sur l'opus ?
C'est une question très difficile car chaque jour j'ai un morceau préféré. Mais je choisirais « Leave Me Alone ». C'est le tollé ultime.
Jusqu'ici, quel type d'échos as-tu reçu sur ce premier album ?
Pour le moment, les échos ont été extrêmement positifs. Nous sommes très reconnaissants de tout cela. Nos fans et leur soutien inconditionnel sont tout pour nous.
L'an passé, Marios Mizo est arrivé dans le groupe en tant que growleur. Une petite présentation de lui s'impose.
L'an dernier nous avons effectivement eu quelques petits changements de line-up, notre ancien growleur Vagelis Kolios a du partir à cause de son service militaire, alors nous devions trouver quelqu'un à nouveau. Nous avons suivis des critères très stricts pour trouver un digne successeur à ce poste, et Marios était le meilleur choix. Nous avons vus beaucoup de chanteur. Pourtant nous gardions secret le fait que nous cherchions un nouveau growleur, mais nous avons reçus de nombreuses samples. Marios a quelque chose d'unique. Pour commencer, j'aime tous ses registres vocaux ! Du bas à l'aigu en passant par les mediums, il a une incroyable énergie et un réel feeling pour tout ce qu'il fait. Sa présence scénique est parfaite ! Il est génial !
Penses-tu que mixer le symphonique et le death comme vous le faites est plutôt risqué ou au contraire un avantage pour se démarquer et toucher un plus grand public ?
Je ne sais pas vraiment … ça pourrait être positif dans un sens car assez original, vu que nous ne restons pas enfermés dans un seul style mais que nous les combinons tous. Mais d'un autre côté, c'est vrai que si ce mélange est mal fait, ça pourrait être vraiment très risqué … Mais à en juger par les personnes avec qui nous avons travaillé et les échos jusqu'alors reçus, je crois que c'est finalement plutôt positif.
Quels groupes ou artistes sont tes influences principales ?
J'adore Dream Theater et Evanescence. Delain et Lacuna Coil comme groupes, et Floor Jansen comme chanteuse, sont parmi mes favoris.
Quel est ton regard sur la scène grecque ?
La scène metal grecque a son lot de groupes et d'artistes fantastiques, qui n'ont pas la chance et le confort pour pouvoir travailler sérieusement. Il est un fait que seules les personnes qui vont à l'étranger parviennent à atteindre un autre niveau avec leur groupe. Nous avons de nombreux exemples : Rotting Christ, Septic Flesh, Firewind … Le metal n'a jamais été une part de la culture grecque. Ainsi, les labels n'investiront pas dans quelque chose qui manquera d'intérêt pour la population grecque. Donc, même si nous avons des groupes formidables, leurs chances d'avoir un quelconque succès sont très limitées.
Penses-tu qu'il est plus difficile d'atteindre le succès et la popularité en Grèce par rapport aux autres pays ?
Définitivement. Tu peux imaginer que pour un groupe grec, jouer à l'étranger coûte énormément d'argent : les billets d'avion, l'hôtel, etc … Alors qu'un groupe basé en Allemagne, par exemple, peut tourner dans un mini-bus sans frais supplémentaires. Sans compter les différences de niveau économique entre la Grèce et les autres pays européens. Mais c'est toutes ces difficultés qui nous rendent fiers quand on y arrive !
Si tu avais l'opportunité de changer quelque chose sur l'album, que ferais-tu ?
Je ne changerais rien. Peut-être les lignes de chant sur quelques morceaux. Mais une fois de plus, ça ne fait que montrer mon évolution en tant que chanteuse. De morceau en morceau, je pense que je m'améliore. Cet album a pris 3 ans pour naître. Nous avons grandis avec lui. A propos des compositions, nous avons refait quelques titres. Donc ça peut sembler un peu trop, mais sérieusement, nous n'autorisons aucune imperfection dans notre travail en premier lieu. Je dirais donc que je ne changerais rien.
Merci à toi pour tes réponses ! As-tu quelques mots pour les fans et les lecteurs ?
Je voudrais vraiment remercier tous nos fans, au nom de Seduce the Heaven. Un énorme merci à tous les lecteurs, à tous pour votre soutien, sans vous tous, nous n'en serions pas là où nous sommes !