Xavier Napora, chanteur de Malemort


Avec un premier opus aussi réussi que "French Romances", il nous été impossible de ne pas chercher à en savoir plus sur Malemort, véritable OVNI dans le paysage metal français. Un groupe qui hisse haut l'étendard de la liberté. Entretien bourré d'enthousiasme avec Xavier le chanteur du groupe  .  

Salut ! Originalité oblige, est ce que tu peux présenter le groupe, pour ceux qui ne connaissent pas encore Malemort ?

D’abord, merci à la GRM et à ses auditeurs : grâce à vous, la chronique de l’album a été vue près de 900 fois, et le morceau « Insoumission » tourne dans la playlist.
Malemort, c’est l’histoire d’un groupe de musiciens de trente ans qui décident de faire l’album qui leur correspond le plus, en allant à contre-courant des modes actuelles, de l’esprit de chapelle qui cloisonne le metal , et en pensant qu’il s’agira d’un baroud d’honneur.

"French romances" vient de sortir il  y a peu de temps. Dans l’état actuel des choses, avez-vous eu des retours des ventes ? Du public ? Des chroniques ?

Résultat des courses, à notre grande surprise, les critiques se sont penchés sur notre cas et l’ont trouvé intéressant, pour les mêmes raisons qui nous laissaient penser que nous resterions de pauvres musiciens incompris : la Grosse Radio Métal, bien sûr (Ben Melin), HARDFORCE (Christophe Darras), et puis divine surprise… "Album du mois" ROCKHARD (Charlélie Arnaud), une consécration dont nous n’osions rêver, même dans nos songes les plus mégalomaniaques !
Du coup, certains disquaires, face à la demande de clients, nous ont demandé de les approvisionner en cd. Alain Ricard, de Brennus, nous dépanne en proposant l’album sur son webstore : n’hésitez pas, vous faites une bonne œuvre !

Pourquoi ce nom de groupe, Malemort ?

Nous voulions un nom qui sonne français, majestueux et vaguement inquiétant, mais qui ait un charme fou, prononcé en anglais. So cute !

Comment définirais-tu votre musique ? Quelles sont vos influences… ? (J'avoue qu'il est peu évident de vous coller une étiquette, alors autant que ce soit vous qui le fassiez)

"Free Metal" ! Nous sommes restés fans des idoles de notre adolescence, de Metallica à Guns, en passant par Iron Maiden, Ac/dc, Aerosmith, Pantera , Angra, Paradise Lost. Tu ne trouveras pas de growl chez nous, mais Sepultura nous a fascinés, et j’ai toujours adoré Loudblast. En même temps, le classic rock  des 70s n’est jamais loin, de même qu’un rock plus contemporain. Bref, tu l’auras compris, l’essentiel reste d’écrire de bonnes chansons !
 

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L'alchimie de Malemort fonctionne plutôt bien. Comment vous êtes vous tous rencontrés ? Quels sont vos parcours musicaux ?

Jean Roch (guitare) et Fabien (basse) jouent avec moi (Xavier, chant) depuis longtemps, et nous avons expérimenté pas mal de choses musicalement, afin de trouver la bonne formule. Cédrico (batterie) et Sébastien (guitare) sont venus nous épauler définitivement pour la sortie de l’album, quand il n’était plus question de rigoler !

Un petit mot sur la présence d'Aurel sur votre disque et sur la collaboration avec lui ?

Ça a été notre ange-gardien. Ce mec, qui a quand même joué avec Bumblefoot, Zuul Fx, Mörglbl, a accepté de tricoter sur "french romances" en se mettant au service des morceaux. Il avait bien compris que nous souhaitions une "vraie" batterie, pas une parodie de boîte à rythme (ah ! les dangers du trigg séducteur !). Nous l’avons enregistré dans un grand espace, et pour plus d’authenticité et de vibrations, il a été jusqu’à nous proposer des parties jouées d’un bout à l’autre (c’est dire le talent du bonhomme). Aurel inspire immédiatement la sympathie, et je suis heureux de pouvoir le compter parmi nos amis.

Comment s'est passé l'enregistrement de ce disque ? Où est-ce que ça a été fait ? Combien de temps ça a pris ?

Les guitares, la basse et le chant ont été réalisés chez moi, mais à l’ancienne : vrais amplis, placement des micros, chant sans bricolage syllabe par syllabe… Par-contre, il ne faut pas être présomptueux, et s’attaquer à ce qu’on ne sait pas faire : la batterie et le mixage ont été confiés aux mains très expertes de Vincent Thermidor (La Tour Fine : Mörglbl, l’excellent 6h33), à qui nous avons imposé une cadence effrénée, faute de budget, et qui a réalisé des prouesses.
Quant au mastering, qui ne connait pas encore les productions en béton armé de Mobo, du Conkrete Studio (Gorod, Minushuman…) ?

Est-ce que toutes les compositions étaient déjà terminées avant de rentrer en studio ou est ce que vous vous êtes laissés une marge de manœuvre pour improviser quelques trucs ?

Aucune marge de manœuvre, du coup, c’était marche forcée !

D'où vient le nom du disque " French romances" ?

Ayant fait le choix délibéré du français, à contre-courant, je voulais que le titre de l’album le clame, y compris vis-à-vis d’un public étranger, mais de façon un peu décalée.

Comment tu vois cette réalisation par rapport aux débuts du groupe ? Une (r)évolution ? Une étape… ? Une continuation…? Un début…?

C’était un début. Nous avons établi des fondations.

Tu es totalement satisfait de "French romances" où changerais-tu quelques petits trucs avec du recul ? Lesquels ? Pourquoi ? Sans langue de bois, quels sont selon toi les points forts mais aussi les points faibles de ce disque ?

Sortir un disque de nos jours est quasiment devenu un acte engagé : tu y mets les tripes en sachant qu’à priori, tu devras le porter seul, de la conception à la promotion, en passant par le financement. Je ne te parle même pas de l’aspect personnel qu’il représente pour le compositeur, qui s’y livre, à poil. Alors ce disque, c’est en quelque sorte notre enfant : il a peut-être le nez de travers, on l’aime.
Point fort : de bonnes chansons, de l’authenticité.
Point faible : pas assez de basse.

En ce qui concerne les compos, comment ça se passe ? Tout le monde compose et vous fonctionnez en démocratie pour la direction artistique des morceaux ou il y a un tyran parmi vous ?

Je suis un terrible autocrate et c’est donc moi qui propose les compositions.

Les textes ont une saveur et un style d'écriture très personnels. Peux-tu nous parler de votre façon d'écrire et de vos thèmes d'inspiration (ainsi que de vos influences littéraires) ?

Choisir sa langue maternelle résulte d’une volonté de dire au mieux, sans se réfugier derrière les formules anglo-saxonnes toutes faites qui enferment le metal dans des thèmes devenus banals. J’essaie de proposer de proposer des textes à la fois rugueux et lumineux, qui tous, ont une signification précise (pas de flou pseudo artistique, je m’appuie sur le réel). Je lis beaucoup Hugo, Nerval, Baudelaire, Giono ou Romain Gary, mais d’expérience, je sais que le metal ne s’accommode pas de certains sons : il faut travailler à la syllabe, et non pas à vouloir faire un "joli" texte. La prétention est tout de suite ridicule.

Je trouve que "Le Domaine" est vraiment à part sur le disque de par son ambiance et son texte. Peux-tu nous parler de ce titre en particulier ?

Là, pour le coup, j’ai laissé plus de place au texte, à son côté "nostalgie fin de règne", que suggérait déjà la musique : la belle demeure d’un riche industriel des années 20, aujourd’hui à l’abandon, comme les mines d’argent que son propriétaire exploitait en Alsace. Tout passe. Les constructions qui nous survivent, elles-mêmes, paraissent perdues.
 

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Un mot sur l'artwork. Qui s'en est chargé ?

Nous avons travaillé avec Jean François Pasquier, qui a su réaliser concrètement nos lubies. Il a fait du très joli boulot.

Qu'attends-tu de Malemort à court et long terme ?

Si nos chansons peuvent accompagner la vie musicale de certains auditeurs et leur procurer du plaisir, alors nous aurons réussi. Mais nous croyons que dans un metal actuel très dominé par l’extrême à tout prix et le plagiat des grands genres déjà existants, nous avons quelque chose de plus spontané à proposer.

Comment définirais-tu un concert de Malemort ? Est-ce que de nouvelles dates sont prévues pour bientôt ?

En concert, nous abordons le public de façon frontale mais chaleureuse. L’idée est de partager quelque chose. Nous jouons le 1er mars à Cergy, puis nous allons nous tourner vers la province, car nous avons la bougeotte.

Que pensez-vous de la scène française qui "fait du bruit" ? Quels sont les groupes actuels qui vous font vibrer ?

Sans hésitation, 6h33 (vivement l’album), Gojira (encore et toujours), Klone, Last Barons (que j’écoute en boucle), Loudblast.

Est-ce qu'une autre réalisation (album, maxi, démo, compilation, split…) sortira bientôt ou du moins est en cours de réflexion ?

Sûrement des compils, un six titres regroupant compos, reprises et titres acoustiques, puis le prochain album d’ici un an et demi.

Ton meilleur souvenir au sein du groupe ? ...et le pire ? (Oui, c'est ma question "people"… )

Nous sommes des garçons secrets, tu sais, et puis les anecdotes rock’n’roll tournent toujours autour de l’alcool et du sexe, rien que des choses très banales, finalement.
Mais entendre un de nos titres diffusé sur la Grosse Radio ou être chroniqués dans Rockhard, pour un premier album, ça procure déjà le sentiment agréable du travail bien fait.

S’il y a une question que je ne vous ai pas posée et à laquelle vous espériez fébrilement tant répondre…c’est à vous !

Non, nous ne connaissons personne dans le milieu, non, nous ne sommes pas pistonnés, non, nous ne t’avons pas payé pour réaliser cette interview ! Merci aux journalistes et chroniqueurs qui font un boulot de découverte indispensable à la survie du genre.

Un message pour les (millions de) lecteurs de La Grosse Radio Metal ?

On se retrouve tous aux concerts de Maiden en juin pour une grande fête du metal ? Echauffement indispensable avant le HellFest !
 



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