Désormais incontournable dans la scène du Death mélodique ou du Metal en général, Soilwork, le plus francophone des groupes suédois nous dévoile, en cette belle année 2013, leur nouvel album, et double album pour être précis, The Living Infinite, via le label Nuclear Blast. Avant de vous parler de ce nouveau bébé, je vous propose un récapitulatif du parcours du combo.
Dès Steelbath Suicide, leur premier méfait paru en 1998 (et oui, 15 ans déjà), le groupe montrait un certain potentiel, bien que leur Death aux Thrash lorgnant sur le In Flames des débuts et At The Gates soit quelque peu convenu, bien que sacrément efficace. Continuant sur leur lancée, deux ans plus tard, Soilwork accouche d’un Chainheart Machine salué par la critique, se trouvant dans la droite lignée de son prédécesseur. Seulement un an après, A Predator’s Portrait débarque et en laisse plus d’un sur le carreau. Plus mélodique, plus travaillé, plus efficace, on sent que cette œuvre est annonciateur de quelque chose de grand …
Et c’est chose faite avec Natural Born Chaos, quatrième album du groupe, produit par un certain Devin Townsend, et, est encore aujourd’hui considéré comme le meilleur album des suédois, et qui définira les bases du Modern Metal. Bien plus mélodique encore, le groupe apporte de nombreux éléments mélodiques à sa musique, tels que des vocaux clairs maitrisés à la perfection, et des nappes de synthé jouées par le fraichement arrivé Sven Karlsson S’en suit un Figure Number Five usant et abusant d’effets électroniques, renforçant dès lors le côté moderne du combo, ce qui divisa grandement les fans du groupe. Stabbing The Drama, leur sixième offrande continua à aller dans le sens mélodique, en apportant une touche clairement Pop, et plusieurs aspects Neo Metal à leur musique, à noter que c’est le premier album comportant Dirk Verbeuren derrière les fûts.
Sworn To A Great Divide, lui, fut très mal reçu par la critique et par les fans, ne reconnaissant plus Soilwork. Premier album sans la tête pensante et guitariste soliste du groupe, Peter Wichers, l’album souffrait de soucis de production, malgré des compos relativement bien construites et efficaces … En 2009, l’annonce du retour de Wichers au sein du groupe eut l’effet d’une bombe, et l’album qui en résulta, The Panic Broadcast montra un combo totalement décomplexé, expérimentant différentes sonorités, pour aboutir à un album un poil plus complexe que ses prédécesseurs, mais terriblement efficaces et magnifiquement interprété. A noter également également que c’est le premier album à avoir un certain Sylvain Coudret (ex-Scarve, tout comme Dirk) dans le line-up.
En 2012, Wichers annonce une fois de plus son départ, c’est alors au tour de David Andersson (acolyte de Bjorn Strid au sein de The Night Flight Orchestra) de prendre place dans le groupe officiant à la six cordes. Et pourtant, ce qui frappe à la première écoute de ce nouveau brulot, c’est le fait que malgré ce changement de personnel, Soilwork ne se perd pas en chemin, et fait ce qu’il sait faire le mieux, du Soilwork.
Double album donc, 20 titres au compteur pour environ 85 minutes de musique, Bjorn et sa bande ne se foutent pas de la gueule des gens au moins, ce qui est fort louable de leur part. Décortiquons ce bébé, par le commencement.
Et ça démarre sur les chapeaux de roues avec « Spectrum Of Eternity » (premier aperçu livré aux fans) bien agressif, débutant sur une intro symphonique, pour aboutir à des blast beats rageurs délivrés par un Verbeuren en forme et une ambiance globale proche d’Hypocrisy, avec un refrain mélodieux en voix claire, très efficace, montrant un Bjorn Strid en forme. Solos de guitares forts bien fichus, et l’on voit de suite que Andersson n’a pas grand-chose à envier à Wichers sur ce point, pour un titre fort convaincant.
« Memories Confined » elle, calme le jeu d’une manière assez brutale tant l’ambiance change radicalement du premier titre. Ici, des influences plus Rock, Stoner même pointent le bout de leur nez. Lignes vocales travaillées et accrocheuses, claviers intelligemment situés et plutôt discrets… La surprise est de mise, mais c’est encore un très bon titre auquel nous avons droits.
On nage en terrain connu avec la piste suivante, « This Momentary Bliss », second titre dévoilé pour la promotion de ce The Living Infinite. Leads et riffs divins lorgnant sur le A Predator’s Portrait, et un refrain à tomber tant sa mélodie est efficace, ramenant directement à ceux d’un Stabbing The Drama, font de ce titre un futur hymne live à n’en pas douter.
En parlant d’hymne, « Tongue », possède également un refrain imparable, et des rythmiques ultra groovy, des pré-refrains bien brutaux où les blast beats refont leur apparition. Break atmosphérique ramenant aux expérimentations et à l’aspect progressif de The Panic Broadcast, couplé à un solo de guitare ébouriffant tout droit sorti de Natural Born Chaos … Vous l’aurez compris, cette piste ne déçoit pas non plus.
Débutant sur quelques notes de guitare acoustique, « The Living Infinite I » laisse vite place à une rythmique groovy mid tempo sur laquelle se place une entêtante nappe de synthé rappelant fortement les ambiances prodiguées sur un titre comme « Nerve « . Les voix claires se font ici assez discrètes et n’interviendront que sur le pré-refrain, et durant les chœurs du refrain, lui donnant une force et un côté catchy qui, une fois de plus, fait mouche. Solo excellent, une fois de plus. Hormis l’approche un brin progressive de sa construction, ce titre n’aurait pas dépareillé sur Stabbing The Drama.
Changement radical d’ambiance une fois de plus sur « Let The First Wave Rise » avec ses riffs très Rock’N’Roll, teinté de Thrash. On est pas loin de Metallica sur le célèbre Kill’Em All à certains instants. Un titre court, très direct donc, sans pour autant être dépourvu de voix claires.
Guitare acoustique servant d’intro une nouvelle fois sur « Vesta », dont le reste du titre se rapprochera de « Tongue », mélangeant habilement les influences plus récentes de la carrière du combo avec un certain classicisme dans l’esprit global du titre, doté, encore, d’un refrain imparable. D’ailleurs, la piste suivante « Realm Of The Wasted » emprunte elle aussi cette optique, riffs frontaux et efficaces, refrain divin, avec une mélodie sortie d’on ne sait où … Décidément, Strid est vraiment le point fort de double-album …
Débutant sur une mélodie vocale entêtante, un riff entrainant, une ambiance aux synthés terriblement efficace, « The Windswept Mercy » a tout d’un tube , rien qu’en en ayant écouté les 30 premières secondes . Proche d’un « Epitome », ce titre est d’une efficacité, et d’une profondeur assez impressionnante. Sous ses airs de tube, le travail sur les guitares est impressionnant. La basse résonne bien à certains instants, et la construction intelligente de ce titre en font un des meilleurs de cette première partie de l’album.
Les riffs Stoner seront de la partie sur « Whispers Of Light » qui vient clore cette première partie de manière grandiose. Titre alambiqué, dans lequel se mélange passage Pop sur les couplets, refrain épique et dévastateur, et break partant dans tous les sens … Doté d’un final efficace à vous en donner la chair de poule avec son refrain repassé en boucle.
Première partie de l’album finie donc, et c’est un Soilwork somme toute classique à laquelle on a droit. Avec, cependant, ses influences nouvelles, mais ça ne suffira pas à dire que le groupe sort de ses propres sentiers. En 40 minutes, les suédois nous mettent une nouvelle claque, et ce The Living Infinite est loin d’être terminé. Place donc à la suite …
Seconde partie un poil plus longue que la précédente, les 44 minutes que nous offrent cette seconde galette débutent sur un titre instrumental, « Entering Aeons » de 2min30, très ambiant, dans lequel un brin de Gojira se fait ressentir, dans l’approche de la batterie et également sur le travail des guitares.
Quatrième et dernier titre à avoir été dévoilé, « Long Live The Misanthrope » est le titre le plus long de l’album, jouant sur ses différentes ambiances, le tout restant dans un Soilwork classique et une fois de plus très accrocheur.
Autre titre classique, « Drown With Silence » regorge de passages épiques, que ce soit grâce à ses riffs tranchants, ses cassures de rythme, ses leads ultra efficaces, ou par la richesse des mélodies vocales, nous voici encore face à un tube dont le refrain vous emportera dans une autre dimension.
« Antidotes In Passing » est ce qui fera office de power ballade de l’album. Un titre oscillant entre ballade et mid tempo, exclusivement en voix claire, délivrant des ambiances travaillées et prenantes. Des couplets aux lignes vocales sublimes, et aux guitares succulentes, pour débouler sur un refrain puissant, efficace, et sans chichis. Un autre moment fort de ce superbe double album.
« Leech », débute de manière assez agressive. Riff rentre dedans, couplet puissant, pré refrain violent orné de blast beat et refrain mélodique une fois de plus réussi … Efficace, cela dit peut-être un peu moins marquant que les autres titres, malgré son excellent solo, ses claviers savamment placés, et son break efficace.
« The Living Infinite II » est, vous l’aurez compris, la suite du titre « The Living Inifinite », présente sur la première galette de ce double album. Et c’est à du grand art que nous avons droit là. Elle reprend certains aspects de son ainée, à savoir une intro en guitare acoustique, nappes de synthés entêtants, mid tempo « groovy as hell », pré refrain en voix claires qui vous trottera dans la tête un bon moment, refrain puissant … Du très bon.
Petite interlude avec « Loyal Shadow », seconde piste instrumentale de cette seconde partie, elle propose également un aspect très Gojira (oui elle aussi) dans certains riffs, mais encore plus un côté très Townsend-ien global. Leads efficaces, rythmiques entrainantes … Plus réussie que « Entering Aeons » à coup sur.
Troisième extrait de ce The Living Infinite, « Rise Above The Sentiment » est, cependant, le premier à avoir bénéficié d’une vidéo. Et pour ceux qui l’ont déjà vu, cette piste est du Soilwork pur jus. Riffs et leads entêtants, refrain encore dévastateur … Ce titre peut se rapprocher de « This Momentary Bliss » sous bien des aspects. Cependant, les blast beats lors du break sont assez mal intégrés à l’ensemble. Ils sont de trop sur un tel titre, ce qui gâche un peu le plaisir d’écoute. Dommage.
« Parasite Blues », propose un riff quelque peu atypique, mais très efficace. Riff que l’on aurait pu retrouver sur le dernier album des danois de Raunchy par exemple, l’attirail électronique en moins. Refrain une fois de plus très bien trouvé, break ambiant, solo épique, rythmique à faire headbanguer n’importe qui … Une belle réussite de plus sur cet album bien fourni.
« Owls Predict Oracles Stand Guard » finira cet album sur une touche bien lourde. En effet, Riffs saccadés, rythmique lourde … L’ambiance de ce titre est très, mais alors très proche de ce que proposer les français de Gojira … Harmonie, voix grave, double pédale puissante … Titre très surprenant pour Soilwork, et qui ne sera pas forcément au gout de tous. Ayant fait une overdose de ce fameux groupe hexagonal, j’ai un peu de mal avec ce titre, malgré son évidente qualité de composition, et son interprétation sans faille. Un titre intriguant, qui, augure cependant de belles possibilités au groupe à l’avenir.
Orné d’une production puissante et sans faille, ce The Living Infinite est globalement un très bon album, qui ne fait absolument pas tâche dans la discographie des suédois, qui, minent de rien, enchaînent les sans fautes. Soilwork est grand.
Axel
P.S : Note réelle de ce double album : 8.5/10, arrondie en dessous, car, force est d'avouer que la seconde partie n'est pas à la hauteur de la première.