Le metal français se porte bien, et de nouveaux groupes apparaissent régulièrement, témoins de cette vivacité, notamment dans le metal extrême. C'est ainsi le cas de Naraka, combo parisiano-marseillais qui a sorti récemment son tout premier album, puisant dans le death metal sans s'y limiter.
La scène metal extrême est décidément fort vivace en France, et une nouvelle preuve nous est apportée avec le quatuor Naraka, qui a sorti son premier album, In Tenebris, fin 2021. Il propose un death metal enrichi de nombreuses influences qui emprunte aussi bien au black qu’au thrash. De quoi donner des morceaux particulièrement agressifs, souvent très rapides – le premier single sorti, « Cursed », en est un très bon exemple – qui explosent dans une déflagration de violence. Quand on sait que le groupe est composé à la fois de Parisiens et de Marseillais, on peut d’ailleurs se demander si les morceaux n’ont pas été écrits durant des rencontres OM – PSG pour faire jaillir spontanément cette agressivité.
Médisances footballistiques mises à part, les blasts de Franky Costanza (ex-Dagoba, intervenant sur les Tambours du Bronx) sont absolument dévastateurs, le growl de Théodore Rondeau exprime une puissance sans faille, quoiqu’avec certaines nuances, la guitare de Jean-Philippe Portueux embrasse l’ensemble des influences du combo et la basse de Pierre-André Kauzer multiplie les changements de rythme avec agilité - on entend même un certain groove sur « Sleeping in Silence ».
Surtout, Naraka mêle son death metal de sonorités symphoniques et d’ambiances gothiques. Les claviers sont omniprésents, les sons de corde soutiennent fréquemment les mélodies, les chœurs abondent. Cela se sent dès l'introduction éponyme, qui monte progressivement en tension, et associe des éléments organiques (bruits de vent, sensation de se trouver au fond d'une caverne) à des sons de claviers, de harpes, de cordes, de chœurs féminins et masculins, l'ensemble portant une atmosphère un peu angoissante.
Deux invitées viennent renforcer avec talent cette dimension, Veronica Bordachinni de Fleshgod Apocalypse sur « Blood and Tears », dont la voix à tendance lyrique contrebalance le growl et le chant crié aigu typé black, dans un premier temps. Et Lindsay Schoolcraft, qui après Cradle Of Filth officie dans Antiqva, et porte l’essentiel du morceau « Mother of Shadow ». Le chanteur lui-même s’essaye régulièrement – et avec succès – à la voix claire pour doubler le growl sur les refrains (« The Black », « Of Blood and Tears »), voire utilise uniquement le chant mélodieux (sur un passage de « Darkbringer »), qui peut tout de même sonner assez caverneux, comme sur « Sleeping in Silence », renforçant la tonalité gothique.
Alors certes, ce n’est pas très original dans le metal contemporain de mélanger des parties extrêmement agressives à des éléments très mélodiques. Mais Naraka l’exécute parfaitement, aidé par une production ultra léchée qui permet de distinguer parfaitement tous les éléments du groupe et d’apprécier chaque subtilité. La violence est manifeste, mais le groupe sait mettre cette agressivité au service de mélodies extrêmement accrocheuses – « The Great Darkness » reste ainsi longtemps en tête. S’il ne réinvente pas les codes du metal, ce premier album marque les esprits.
Sorti le 8 octobre 2021 chez Season Of Mist