Après presque deux décennies d’existence, le groupe français Dagoba franchit une nouvelle étape, prêt à en découdre à l’international après sa signature récente avec le label Napalm Records, et motivé à montrer un nouveau visage. Si ce désir de renouveau transparaît bien sur le nouvel opus, By Night, le combo sait également rassurer ses fans en affirmant encore et toujours son ADN, entre puissance et modernité.
Il s’agit du huitième album au compteur pour le groupe, mais avec les changements de line-up opérés récemment et le passage dans l’écurie Napalm, on pourrait s’attendre à un nouveau départ. Et pourtant, malgré les surprises et nouveautés présentées au fil des onze morceaux de ce nouvel effort, une certitude s’impose : le son et l’énergie caractéristiques de Dagoba sont toujours bien présents, orchestrés par sa puissante tête pensante, Shawter, qui œuvre ici au chant et aux synthés.
Le rugissant vocaliste, comme à son habitude, ne fait pas dans la demi-mesure et s’impose en force notamment par son growl imparable, atout de nombreux couplets, mis en valeur par les compositions efficaces et accrocheuses. Ça tape toujours, et ça sonne toujours comme du Dagoba, l'accent étant encore davantage mis sur l’efficacité. La simplicité et l’immédiateté de "City Lights", s'appuyant sur la mélodie et un refrain imparable, fonctionnent assez bien, et entrent en tête en une demi-écoute. Le gimmick, quoique prévisible, entraîne facilement l’auditeur par le déploiement d’une énergie et d’une vigueur indéniables.
Le dynamisme repose sur des rythmiques travaillées et un groove costaud taillés pour faire bouger les têtes et continuer, encore, d’appeler aux walls of death dans les pits poussiéreux ("Bellflower Drive, ou le rouleau compresseur "The Last Crossing"). Des hymnes efficaces et de la lourdeur, de la double pédale, des gros riffs et des refrains fédérateurs, pas de doute, cette recette qui a fait le succès du groupe est toujours là, et certains titres n’appellent qu’à une chose : être joués en live.
Exit l’imagerie marseillaise prégnante dans les paroles et les clips, le groupe se met désormais en scène dans un univers urbain futuriste aux effets 3D très eighties où les néons ont remplacé les paysages des calanques. Du point de vue de la direction musicale, le virage électro est complètement assumé désormais, avec trois morceaux ou interludes quasi uniquement aux synthés, allant du dérangeant ("Neons") à des atmosphères sombres et mélodiques ("Break", "Stellar").
Les touches électro sont présentes sur tous les titres également, souvent très bien intégrées à la puissance et au groove, compléments des riffs accrocheurs ("The Hunt"), et lorgnant même vers la synthwave dans le bien nommé "Nightclub" où les mélodies de synthés s’allient au growl et à la double pédale pour souligner le refrain au chant clair. La surprise de l’album se nomme "On the Run", pause bienvenue après quatre titres en force. Plutôt lent et mélodique, ce morceau présente au chant lead une vocaliste féminine (restée anonyme) dont le timbre pop s’harmonise avec la puissance de Shawter dans un titre en crescendo qui peut déconcerter les fans de la première heure mais fonctionne assez bien.
L’album souffre malgré tout d’un certain essoufflement par effet de répétition, le schéma couplet growlé / refrain en chant clair sans réelle déclinaison peine à convaincre sur la deuxième partie de l’album (comme sur "Summer’s Gone"), en particulier après la pause complètement inattendue de "On the Run".
On peut regretter qu’il n’y ait pas toujours assez de lumière sur le riffing et les instruments dans certains titres où les lignes vocales, démultipliées, prennent une ampleur démesurée ("Sunfall"). C’est dommage car le nouveau line-up s’en tire avec les honneurs, et chacun signe sur l’album une prestation convaincante et des moments épiques (Kawa sur les lignes entraînantes de "Bellflower Drive", Théo derrière les fûts sur "Summer’s Gone", ou les énormes riffs signés Ritch sur "The Hunt" ou "The Last Crossing"). Il est toutefois difficile pour les musiciens de prendre complètement leur place dans le mix sur tous les titres, derrière la vigueur imposante de l’omniprésent frontman.
Le combo propose ici une synthèse d’éléments modernes et de compositions marquées d’un certain classicisme. Dagoba ne s’éloigne pas du son musclé qui a fait son identité, mais tente dans By Night des explorations et des jeux d’influences résolument modernes. Le combo s’avance encore davantage dans une quête d’efficacité, et réussit le pari de l’accroche et du divertissant, de l’énergique et de l’athlétique, de quoi attendre de pied ferme la tournée imminente prévue en avril aux côtés d’Infected Rain !
Line-up Dagoba :
Théo Gendron : batterie
Kawa Koshigero : basse
Richard « Ritch » De Mello : guitare
Shawter : chant, samples
Tracklist :
1. Neons
2. The Hunt
3. Sunfall
4. Bellflower Drive
5. On the Run
6. Break
7. City Lights
8. Nightclub
9. Summer’s Gone
10. The Last Crossing
11. Stellar
By Night sort le 18 février 2022 via Napalm Records