Aujourd’hui pour se faire remarquer dans le Power Metal, il faut proposer quelque chose de différent, qui puisse surprendre par son originalité. Et ce n’est pas Stefan Schmidt, le leader de Van Canto, qui me contredira. En effet, depuis quelques années, son groupe a réussi à se faire un nom en proposant du metal a-cappella, à la manière des français de Pow Wow pour ceux qui s’en souviennent. Il fallait oser, mais ça marche !
Avec ce premier album d’Heavatar, le dénommé Opus 1 - All My Kingdoms, sorti chez Napalm Records, Stefan Schmidt a voulu, pour sa première incartade en solo, rendre hommage à la musique et aux musiciens qui l’ont influencé. La gageure a été de réunir sur un même album et avec cohérence aussi bien des grands compositeurs classiques comme Bach, Beethoven, Paganini ou Bizet que des groupes de métal comme Metallica, Manowar ou Blind Guardian ! Et le bougre s’en sort plutôt bien ! L’astuce a été de s’appuyer sur les thèmes le plus connus de chaque compositeur pour en faire des morceaux de heavy originaux et bien musclés. Les plus déçus seront sans doute les amateurs de métal néo-classique qui trouveront ici plus de testostérone que de finesse. On est clairement dans le Power Metal des origines avec grosses guitares saignantes, des chœurs guérriers (assurés par des membres de Van Canto) et un chanteur dont la voix lorgne plutôt vers le Thrash. Stefan Schmidt s’occupe en effet des rythmiques graves de Van Canto, les fameux « rakatakata » si caractéristiques du combo.
Pour mener à bien cette tâche, Schmidt s’est entouré cette fois-ci de vrais musiciens, dont Jörg Michael, l’ex-cogneur de Stratovarius, dont la force de frappe est un élément clé de l’album. Schmidt, quant à lui, il s’occupe des guitares rythmiques et est épaulé par un certain Sebastian Scharf pour les soli. Mais nous arrivons au vrai secret d’Heavatar. Celui qui fait que ce projet revête une saveur toute particulière et se démarque des productions habituellement estampillées Power metal : la voix de Schmidt. Grave, gutturale et mélodieuse à la fois. Une sorte de mélange bien dosé entre James Hetfield, Matt Barlow et Joakim Broden. En écoutant les différents titres de l’album, on se demande même si ces chanteurs ne sont pas venus à un moment ou un autre faire un guest, qui plus est, lors que S. Schmidt se met à écrire dans le style de chacun. Le titre Born To Fly en est l’exemple parfait : les premiers complets aux accents Sabatoniens, laissent place à un refrain qui pourrait figurer sur n’importe quel album d’Iced Earth, période Barlow ; la fin du morceau se voit, elle, agrémentée d’un break digne des Four Horsemen.
L’autre atout de cet opus est une production précise et massive ne laissant rien au hasard. L’expérience Van Canto parle ici clairement puisque là encore, c’est Stefan Schmidt qui est aux manettes. Les morceaux reposant d’abord sur une rythmique solide où viennent se poser les mélodies. C’est aussi clairement pour cette raison que les reprises de thèmes classiques viennent en soutien à un morceau original et ne servent pas de base unique comme chez Yngwie Malmsteen par exemple. Cet album d’Heavatar est tout sauf démonstratif. D’ailleurs, le choix des œuvres n’a rien d’élitiste ou de compliqué à éxécuter. On est dans l’ultra-connu (Toccata et Fugue en Ré Mineur de Bach, La Lettre à Elise ou La Sonate au Clair de Lune de Beethoven, Caprice N°24 de Paganini). C’est peut-être l’un des reproches que l’on pourrait faire car la prise de risque est nulle. D’un autre côté, on redécouvre ces morceaux sous un autre jour, pas forcément déplaisant. Seule ombre au tableau, le dernier morceau de l’album intitulé To The Metal, qui n’a pas la force d’un Metal Crüe de Sabaton, qui n’est pas non plus une reprise de Gamma Ray, mais un exercice de style minimaliste en hommage à Metallica, Manowar et Blind Guardian.
Pour finir, je dirai que Stefan Schmidt a largement relevé le défi d’un album original, bien produit, qui fait honneur aux artistes adulés et dont la production-maison dépasse de la tête et des épaules ce qui se fait actuellement de manière générale dans le Power Metal. Espérons que Meister Schmidt se lance à nouveau dans ce genre d’aventure lorsque Van Canto lui laissera un peu plus de temps.
Ma note: 8/10