Quatre ans déjà depuis White Colossus, le premier opus du groupe français de metal moderne Disconnected. L'énergique quintette, qui s'est fait rapidement remarquer par son dynamisme et son talent sur scène, présente aujourd'hui son second opus intitulé We Are Disconnected, et c'est à cette occasion que nous avons pu échanger avec Adrian Martinot (guitare) et Ivan Pavlakovic (chant).
C’est le grand retour de Disconnected, après deux années perturbées pendant lesquelles vous n’avez pu sortir que des singles isolés. On imagine que vous devez être plus qu’enthousiastes de revenir sur le devant de la scène ?
Adrian Martinot : Oh que oui, deux années très difficiles viennent de passer mais nous sommes toujours là. Cet album devait à la base sortir courant de l’année 2020 mais nous avons fait le choix de repousser sa sortie à un moment où il serait possible de le défendre sur scène.
Ivan Pavlakovic : Oui, les étoiles ont l’air de bien se ré-aligner pour Disconnected ces derniers temps et on a vraiment hâte de pouvoir sortir ce nouvel opus et surtout d’aller le défendre sur scène !
Les deux ans de mise à l’arrêt des concerts ont plus durement touché les groupes émergents. Quel a été l’impact sur Disconnected, et où en êtes-vous aujourd’hui ? On pense notamment à la campagne de crowdfunding que vous avez lancée pour soutenir la sortie de We Are Disconnected.
Adrian : Nous avons subi pas mal de rebondissements à surmonter durant cette période, comme la séparation avec notre ancien producteur en plein milieu du processus de mixage. Après plusieurs essais non concluants outre-mer, c’est notre batteur Jelly Cardarelli et Symheris qui s’y sont collés. Et plus récemment, il y a quelques mois nous avons été lâchés par des investisseurs d’où le crowdfunding. Sans cela nous n’aurions tout simplement pas pu sortir l’album à temps, car nous sommes à 100% indépendants.
Ivan : Effectivement les artistes du monde entier ont été mis à rude épreuve ces deux dernières années et nous n’échappons pas à cet état de fait. Mais aujourd’hui nous sommes plus soudés encore qu’auparavant et nous n’avons jamais songé à baisser les bras. Toutes ces épreuves à traverser dont Adrian fait mention nous ont appris beaucoup sur la gestion et les erreurs à ne plus commettre. Nous sommes définitivement un groupe qui se projette vers l’avenir, avec une détermination sans faille. Comme disent les Anglais, "when there’s a will , there’s a way".
On ressent une énergie et une rage sur l’album. Est-ce que la situation particulière a influencé votre écriture, pour y infuser encore plus de cette résilience et cet élan (un peu) énervé ?
Adrian : Et bien c’est ce que l’on pourrait se dire, mais même pas! Les titres ont tous été écrits et composés avant cette situation, mais disons que nous avons toujours eu la rage de gagner sur scène qui forcément se retranscrit sur album et surtout d’avoir une énergie inépuisable, d’aller plus haut.
Ivan : En fait c’est sur le troisième album que vous allez comprendre à quel point on a eu la rage ces deux dernières années ! [Rires] Eternellement le couteau entre les dents, c’est l’essence même du rock et du metal.
Y a-t-il une thématique particulière qui lie les titres ? Il y a des paroles fortes, des atmosphères sombres, et si l’on regarde les clips évoquant les destructions commises par l’homme, il y a comme un fil conducteur…
Adrian : Comparé à son prédécesseur White Colossus, cette fois-ci il n’y pas vraiment de concept, chaque titre représente un thème bien distinct tout en restant le plus abstrait de manière à ce que chacun puisse s’approprier les paroles comme il l’entend. Après, pour ce qui est des clips nous mettons en image notre ressenti par rapport à ces paroles et surtout essayons de mettre en avant ce qui nous touche personnellement, comme le réchauffement climatique sur "Life Will Always Find Its Way", une façon de dire que même si les humains disparaissent demain, la terre ne s’arrêtera pas de tourner.
Ivan : Oui, nous avons totalement fonctionné à l’inspiration et à l’instinct, sans vraiment nous imposer d’idée générale de prime abord. Ce qui me plait d’autant plus sur cet album c’est qu’il représente vraiment bien le groupe dans son énergie, sa spontanéité, et toute sa palette émotive.
Parlez-nous de l'écriture et de l’enregistrement de l'album. Il me semble que vous êtes les deux principaux compositeurs de Disconnected ?
Adrian : Tout à fait, nous n’avons pas changé le processus d’écriture car il fonctionne très bien comme cela et tout le monde dans le groupe en est satisfait. J’écris les instrus et je les envois à Ivan qui met des mélodies de chant dessus, et ensuite nous travaillons sur les paroles. La seule différence, c’est que cet album a été enregistré en tant que groupe, et je pense que cela se ressent et a un impact non négligeable sur le résultat.
Ivan : Ce qui est tout aussi non négligeable, et puisqu’Adrian est la première étincelle qui démarre toute création dans le groupe, c’est que le groupe est véritablement né juste avant la tournée avec Tremonti fin 2018. Adrian a composé des instrus en sachant qui étaient ses compagnons sur scène. Forcément cela change beaucoup de choses en terme de dynamique et d’inspiration. Il faut bien se rappeler que notre premier album White Colossus a été entièrement composé par Adrian sans aucun des autres membres du groupe tel qu’il existe aujourd’hui.
Il y a sur l’album un son entre classicisme et modernité, des touches très heavy, groovy, et même du prog (je pense au superbe "A World of Futile Pains"). C’était l’idée de départ, de décliner comme ça des ambiances aussi variées, ou c’est venu au fur et à mesure ?
Adrian : Disons que nous ne nous fixons pas de limites dans l’écriture, dès que l’inspiration est là, j’écris, et ensuite on fait le tri. "A World of Futile Pains" est l'un de préférés, j’aime justement le fait que plusieurs ambiances puissent s’entremêler tout en gardant cette touche heavy, même si sur cet album on a un côte plus « rock » que sur le précédent.
Ivan : En ce qui concerne ma partie j’ai voulu pousser encore plus loin la versatilité de mon chant mais surtout les mélodies et le côté catchy du groupe. Je pense qu’avec cet album nous avons définitivement un côté plus accessible mélodieusement parlant. Et comme le dit Adrian tout ça apporte une touche un peu plus rock à l’album, un côté plus ouvert.
On imagine que la scène vous manque. Vous êtes en train d’annoncer vos premières dates, en France et en Europe, et on a hâte de retrouver vos prestations live plus que convaincantes ! Quels titres de l’album avez-vous le plus envie de jouer sur scène ?
Adrian : Tous ! Cela fait le lien avec ce que je disais plus haut, cet album est un album enregistré en groupe contrairement au précédent. De ce fait, chacun a pu s’approprier les titres et rajouter une touche personnelle. Cet album est une nouvelle page et nous avons envie de défendre chacun de ses titres sur scène.
Ivan : Exactement ! Dès que nous nous produirons sur des sets d’une heure ou plus, attendez vous à ce qu’on joue cet album en entier ! On n'attend vraiment que ça!
Petit flashback : pouvez-vous nous raconter comment vous en êtes arrivés, très tôt dans votre carrière, à bénéficier des parrainages prestigieux comme celui de Mark Tremonti, et même à faire la première partie de Judas Priest au Zénith ?
Adrian : C’est une longue histoire, mais si elle devait se résumer à un seul mot ça serait « détermination ». Évidemment nous avons eu de la chance, mais nous avons su la provoquer, comme avec Mark Tremonti, je me suis débrouillé pour le rencontrer backstage au Hellfest 2018 et tout est parti de là. Pour Judas Priest, nous le devons à notre booker français Gérard Drouot Productions avec qui nous avons signé récemment. Il nous avait déjà à l’œil à l'époque et nous a "mis à l’épreuve" en nous donnant cet énorme coup de main qui fut une exposition et un souvenir indélébile.
Ivan : Adrian a tout dit, une détermination sans faille et aussi une propension a ne pas se dire que telle ou telle chose n’est pas accessible. On tente, quoiqu’il arrive, et en toutes circonstances !
À chaque fois que La Grosse Radio a couvert des concerts où Disconnected était à l'affiche, nous avons rencontré dans le public des membres de vos familles. On imagine que le soutien de vos proches est très important, pour vous individuellement mais aussi pour le groupe tout entier ?
Adrian : Complètement, sans le soutien infaillible de nos familles et de nos proches on aurait arrêté depuis longtemps, c’est une certitude, surtout après tout ce que nous venons de traverser. C’est pour cela que nos remerciements sont de plus en plus long sur le livret de l’album. [Rires] Tout le monde y est pour quelque chose dans le beau parcours du groupe et nous sommes très reconnaissants de tout ça.
Ivan : Adrian a tout à fait raison, nos familles et nos amis les plus proches nous soutiennent d’une manière incroyable et sans eux nous n’en serions pas là aujourd’hui c’est certain!
L'album We Are Disconnected sort ce vendredi 1er avril 2022, il est disponible en digipack via ce lien ainsi que sur toutes les plateformes.
Disconnected se produira sur scène en France au mois de mai (le 20 à Troyes, le 27 à Montpellier et le 28 à Bagnols-sur-Cèze) puis passera l'été sur les scènes des festivals : le 24 juin au Hellfest, le 2 juillet au Rockfest à Barcelone, le 4 août au Wacken en Allemagne.
Merci à Roger de Replica Promotion pour l'interview.