Comme à son accoutumée, Taake investit ce soir la salle du 19ème arrondissement accompagné d’Orkan et de Helheim, amis fidèles de Hoest, tous venus de Bergen.
Orkan joue un Black Thrash au groove intéressant avec une paire de cordistes au touché parfait. Les riffs qu’ils envoient tous deux ont de quoi nous mettre rapidement dans l’ambiance. Sindre à la basse sait s’y faire, grand, jambe écarté, tatouage en évidence, pose Metoool adéquate ; quant à Gjermund Fredheim, à la guitare, il va nous éclairer par la précision et le feeling dégagé par ses riffs. On retrouvera ce dernier ensuite avec Taake sur scène. En revanche le chanteur n’est pas charismatique du tout et pêche par son manque de feeling qu’il dégage sur les planches.
Setlist Orkan:
Unspoken no…
Circus fatale
Wall of sacrifice
Fall from below
Dues vicit
What darkness brings
Helheim vient à Paris pour la deuxième fois au Glazart. On avait eu l’occasion de les voir en 2010 avec Sulphur, Vulture Industries et Taake. Ce jour là Hoest, en sang, s’était explosé le front avec son micro.
Ambiance viking, épique, cottes de mailles, intros longues nous emmenant dans les sons de la nature, projection de lettre en Rune et symboles païens avec les norvégiens qui fêtent cette année, eux aussi leur 20 ans d’existence qui verra un Hoest portant une bure monter sur scène pour l’avant dernier morceau avant que ces derniers finissent par une reprise décoiffante et puissante d’ « Overkill » de Motörhead créant un bon Circle Pit dans la salle.
Sur « Jernskogen » mon voisin manque de se décrocher la tête tant son headbanging est rapide avec ces petits riffs à la guitare aussi incisifs qu’une aiguille dans le bras d’un junkie.
La chevelure de V'gandr vole au rythme des morceaux quand il ne chante pas, éclairée par les projections païennes. Helheim, c’est l’esprit d’Enslaved qui serait resté dans les années 90’s sans le côté trop progressif. Il est vrai que la paire V'gandr / H'grimnir alterne avec facilité leurs chants respectifs et nous donne que peu de répit.
Une prestation de Helheim est toujours particulière, belle mise en scène, morceaux de bravoure faisant la part belle aux ambiances, aux breaks raffinés et aux intros élaborées par les maitres Vikings à qui on ne la raconte pas.
Taake sur scène est une expérience dont on ne se lassera jamais. On sait à quoi s’attendre bien que ce soir le show sera un peu trop court à mon goût. Les musiciens ont revêtu leur maquillage blafard accentuant le côté malsain, underground et enivrant de leur prestation.
« Nordbundet » nous botte le cul, nous poussant vers le devant de la scène, nous compressant les genoux sur les retours. Hoest avec ses lentilles blanches et son pantalon en lambeaux donnent toujours cette impression de sortir de sous la terre, le drapeau norvégien sur les épaules. Intenable, il attire le regard et fascine toujours autant. Il bouge, tend le micro, fait crier ou chanter le premier rang qui n’attend que ça. Expressif par sa gestuelle, il est le chef d’orchestre d’un Black Metal inimitable. Ses bras bougent aux rythmes de ses breaks qui nous tombent dessus, faisant chanter un public conquis dès les premières secondes comme sur « Du ville ville Vestland ». Son pied de micro faisant office de baguette, le Mozart fou du Black Metal transpire chaque note de sa musique inimitable. Il le balancera contre le plafond très bas de la scène. De son gant de mitaine il tient le micro comme un os à ronger. L’urgence dans un concert de Taake est palpable, ne pas se faire écraser, rester en vie jusqu’au bout. Taake ne fait pas un concert à la légère, non c’est préparé, le drapeau norvégien, le perfecto râpé jusqu’au sang, les mimiques épileptiques de Hoest et ses « Hoaoww » caractéristique.
Un « Umenneske « ne peut bien sûr plus calmer un public en ébullition, tel un ronflement d’un moteur survitaminé les riffs vont vous entrainer sur les pentes abruptes d’une montagne norvégiennes. La course est perdue d’avance et Hoest dégouline de haine, penché sur la petite scène du Glazart. Les guitares acérées tronçonnent allégrement des pins centenaires avant de vous balancer les troncs dans la pente.
« Fra vadested til vaandesmed » du dernier album fait déjà office de morceau culte. Son intro redonne un coup de fouet au public avec son rythme saccadé qui vous trimbale dans tous les sens.
Bien sûr le grand frisson parcourt la foule lorsque retenti les premières notes de « Nattestid Ser Porten Vid, Part I » et droit comme des piquets l’audience retient son souffle pour un moment qui sent hélas la fin du show. Quelques sifflements retentiront dans la salle à cause d’un set amputé de deux ou trois titres.
Lionel / Born 666
Setlist Taake :
Nordbundet
Du ville ville Vestland
Umenneske
Fra vadested til vaandesmed
Hordalands Doedskvad, Part I
Over Bjoergvin Graater Himmerik, Part IV
Nattestid Ser Porten Vid, Part I