A l’approche de la finale du Headbang Contest parisien, la Grosse Radio est allée à la rencontre d’un des 12 groupes finalistes de ce tremplin uniquement dédié au métal, et dont le gagnant remportera notamment le droit de jouer au Motocultor. Les sympathiques Terrorflieger ont évoqué au cours de cet entretien fleuve leurs influences, leurs projets pour cette année, ainsi que la difficulté que peut avoir un «petit » groupe parisien à se produire sur scène et enregistrer sa musique.
Pour commencer, comment définiriez-vous votre groupe en quelques mots ?
John (guitare lead/chœurs) : je dirais qu’on est un groupe plutôt garage, aux influences diverses et variées, même si la base de notre musique est clairement le hard rock.
Slim (batteur) : Ouais ! Et sur notre prochain album, on mettra de la flûte à bec ! [rires]
Parlons un peu de votre musique maintenant : A part de rares exceptions, peu de groupes récents évoluent dans ce style hard rock à l’ancienne. Pourquoi ce choix ?
Nash (bassiste) : On s’est jamais vraiment posé de questions à ce sujet. On joue avant tout la musique qu’on aime, ça fait des années qu’on joue ensemble, on est passé par pas mal de styles différents, et aujourd’hui on a réussi à « se trouver » musicalement. Et tant mieux si ça sonne old-school parce ce qu’on aime faire ! [sourire]
Simon (chant/guitare rythmique) : Après, c’est sûr qu’on essaye de renouveler le style à notre manière, et en s’inspirant de ce qui s’est fait à l’époque.
Un peu d’histoire maintenant. Comment le groupe s’est-il formé et comment on en est arrivé au line-up d’aujourd’hui ?
John : Répondre à cette question pourrait prendre un certain temps … [sourire] En fait, je me faisais chier en cours de latin, et j’ai commencé à dessiner un BD sur un groupe de rock. Et Slim m’a proposé qu’on forme un groupe. Notre première répète, c’était une « batterie » avec des casseroles, un ampli et … C’était n’importe quoi !! Ensuite, on a rencontré Nash alors qu’on était en troisième. On a fait notre premier concert avec notre autre guitariste de l’époque en 2007, la vraie date de commencement du groupe. A l’époque, on s’appelait "the Bite Air", le logo c’était donc une bite avec des ailes… [rires] Ensuite on a eu un line-up qui sonnait très hard rock à la Motörhead. Ensuite, Simon, notre chanteur actuel est entré dans le groupe début 2011, et depuis on a pas mal évolué musicalement.
Simon : Ouais, quand je suis arrivé, c’est devenu génial, quoi ! [rires]
Quelle sont les actualités du groupe ? Je suppose que votre focus du moment est la finale du Headbang contest ?
Simon : On a vu qu’un tremplin dédié au métal existait. Même si on ne se considère pas comme « métal », on a voulu tenter le coup, c’était l’occasion de faire des concerts et donc d’apprendre, car c’est sur scène qu’on apprend à devenir un musicien accompli. On a donné ce qu’on avait, on a passé les deux premières phases éliminatoires. Là on est en finales, ça nous a un peu surpris qu’on arrive aussi loin dans la compétition, mais c’est ce qu’on appelle une bonne surprise ! [sourire]
Slim : Sinon, notre autre gros projet à venir est l’enregistrement d’un maxi avec 4 titres qui seront présents dessus. A priori, ce seront surtout des titres qui ne sont pas sur notre soundcloud, mais qu’on a déjà bien rôdé sur scène.
John : Sinon, comme on est arrivé en demi-finales du Headbang, on a gagné le droit d’enregistrer un titre, qui sera présent sur la compilation du Headbang contest, qui sera distribuée à 5000 exemplaires gratuits ! Donc en ce moment, ça marche pas trop mal, ouais !
Avez-vous d’autres projets pour cette année ?
Slim : A part l’enregistrement du maxi, on voudrait sortir d’autres compos, les rôder sur scène et essayer de refaire une date à l’étranger prochainement. On va essayer de promouvoir à fond notre maxi, et on espère que ça nous ouvrira des portes, en dehors de Paris et même de France si possible. Et sinon mine de rien, on travaille beaucoup pour le Heabang, on prépare un gros show. [sourire]
Est-ce qu’il y a des groupes que vous appréciez à l’affiche du Motocultor ?
[Tous] : OUAIS ! Crucified Barbara, Devildriver et Banane Metalik !
Quelles sont vos influences musicales majeures au sein de Terrorflieger ?
Slim : Le sexe, la drogue et le rock n’ roll ! [rires]
John : c’est une question difficile. En gros, on a une base de rock, un peu comme… Une pizza ! [rires] Et après, tu rajoutes des ingrédients divers et variés, qui sont les groupes qu’on écoute et qu’on a écouté jusqu’à aujourd’hui. Comme groupes, je citerais pour ma part , les Beatles et les Stones.
Simon : Aerosmith, direct. Et les 3 majeurs : Deep Purple, Led Zeppelin et Black Sabbath. J’écoute aussi pas mal d’électro. Ca nous permet d’élargir notre champ et d’adapter notre musique à ce qu’on écoute, même si cette musique n’a pas grand-chose à voir avec ce qu’on fait.
Nash : Après, il y a les groupes comme Motörhead qui nous ont beaucoup influencé, à la fois musicalement et dans l’attitude. Je suis aussi fan de rock n’ roll des 50’s et de rockabilly.
Slim : Beaucoup a déjà été dit par les autres, à cela je rajouterais tout de même Kiss, même si c’est un groupe un peu à part. Et Megadeth aussi, même si ça s’entend pas forcément dans notre musique.
Quels sont vos coup de cœur musicaux du moment, à la fois métal et hors métal ?
Slim : J’ai revu récemment le film American Psycho, et dans ce film il y a la chanson de Huey Lewis and the News qui s’appelle « Hip to Be Square », et cette chanson me fait bien délirer, en particulier la section instrumentale avec les cuivres. Donc je l’écoute pas mal en ce moment. Hors du métal, je réécoute James Brown aussi. Après, je me refais la discographie de Aerosmith. Et celle de Black Sabbath aussi, période Ozzy. Il y a aussi les Rolling Stones que je réécoute pas mal en ce moment. Bref, que des trucs très nouveaux ! [sourire]
Nash : Personnellement, je dirais les Black Keys, tout le travail de Jack White, à la fois son album solo, les White Stripes et les Dead Weather. J’adore ce mec !
John : Moi, c’est les Stones et les Beatles en ce moment. Je dirais aussi Megadeth, dont j’ai redécouvert l’album « Killing is My Business » avec plaisir ces derniers temps. Une tuerie. Hors du métal, je dirais Moon Martin. Un truc bien 80’s , qui sonne un peu comme Billy Idol.
Simon : Moi, je dirais la même chose que Nash, en rajoutant Seasick Steve.
Est-il facile pour un groupe de votre envergure de se produire sur scène et d’enregistrer, bref d’avoir un place dans ce ptit monde ?
[tous] : NON !!
John : Plus précisément, le problème est que les groupes jouent surtout pour eux même et malheureusement, la seule vraie scène qui est en train de se constituer en ce moment est la scène sleaze, le revival 80’s , glam et compagnie… C’est la seule scène vraiment soudée au niveau du rock/métal, et c’est dommage. Nous, on aimerait essayer de créer ce genre de solidarité, mais avec du hard rock.
Nash : C’est clair que c’est pas facile, quand tu vois le prix des enregistrements. Et se produire sur scène, c’est compliqué aussi, parce que les scènes sont pas mal bouffées par des tremplins , au sens large du terme. Dans ce domaine, le Headbang a trouvé la bonne manière de faire la chose, avec un jury et pas de vote du public, et des places pas trop chères. L’autre problème est que les salles sont souvent prises par le clubbing le week end, et on les comprend, parce que ça marche. Même les salles qui ont hébergé le Headbang font ça que ça soit le Klub ou le Batofar, tout comme la plupart des petites salles parisiennes, donc ça facilite pas les choses. Si tu loues la salle, faut payer, et après, t’es vraiment pas sûr de rentrer dans tes frais.
D’ailleurs, vous saviez que l’Elysée Montmartre allait être réhabilitée ?
[Tous] : NON ???? C’est génial !!!
En fait, je suis passé devant l’autre jour, et j’ai vu un permis de construire datant de février 2013, avec comme libellé réhabilitation de la salle.
Slim : C'est super, l'Elysée Montmartre était vraiment une bonne salle. J'ai pu y jouer avec mon autre groupe, Undercover Slut, ce sont des bon souvenirs.
John : C’était pas à cause d’une femme de ménage bourrée que la salle a brulé ?? [silence]
[tous à part John] : Tu racontes n’importe quoi !! [rires]
Plus sérieusement, avez-vous déjà eu l’opportunité de jouer à l’étranger et si oui, où ?
Simon : Oui, grâce à un ami qui était en République Tchèque pour un an pour ses études. Il a rencontré du monde là bas, formé un groupe et nous a invités. On a pu jouer en tête d’affiche dans la ville d’Olomouc , la 3ème plus grosse ville du pays. Et je tiens à dire qu’on a été accueilli comme des rois, la salle était grande, il y a eu du monde et on a joué dans de très bonnes conditions. On a d’ailleurs fait un petit trailer à cette occasion, vous pouvez le regarder sur Youtube.
Nash : Notre seul regret est d’être reparti sans un sou en poche, car avant même qu’on soit monté sur scène, on avait dépensé presque tout notre cachet en boissons diverses et variées . La bière tchèque est trop bonne ! [rires]
A combien s’élevait votre cachet ?
Slim : 2800 couronnes, donc ça fait un peu plus de 100 euros ! Ca restera un très bon souvenir pour tout le monde. On a clairement passé un des meilleures week end de notre vie là-bas ! On espère pouvoir y retourner bientôt. [sourire]
Que pensez-vous de la forme qu’est en train de prendre l’industrie de la musique, qui à la fois se dématérialise de plus en plus, mais retourne aussi aux sources avec la résurrection du vinyle, par exemple ?
Simon : Dans un sens, c’est bien, parce que ça permet d’aller plus vite, en particulier pour la diffusion et la promotion de la musique. De l’autre côté, c’est vrai que c’est dommage de voir disparaître le support physique. C’est toujours cool d’avoir le Cd, avec la pochette, et surtout de la musique de qualité. Vu le prix qu’on paye pour faire des enregistrements, et le temps qu’on passe à mixer et travailler sur la musique, c’est vraiment dommage que tout ça passe au mixeur MP3 ou que ça soit balancé sur Youtube. C’est vrai que c’est plus pratique pour les maisons de disque et les artistes de commercialiser la musique en MP3, mais là on est sur du son numérique. Ton point sur le retour du vinyle est intéressant, car avec ce support, on repart sur un son plus analogique, et ça sonne nettement mieux, en général. Par ailleurs, dématérialisation rime souvent avec gratuité de nos jours, et ça fait pas vraiment de bien aux artistes, qui doivent donc compter sur les concerts pour vivre.
Est-ce que les nouveaux outils comme Facebook vous aident vraiment à promouvoir votre musique ? Et j’insiste sur le « vraiment »
Simon : Ouais, carrément. Pour tout ce qui est des concerts, on passe uniquement par Facebook, et c’est nettement plus pratique et moins coûteux qu’imprimer des flyers. En fait, c’est même pas comparable, parce qu’envoyer des invites Facebook, c’est gratuit ! Et en plus, quand tu distribues des flyers, le gars qui le prend te dit qu’il viendra et 2 minutes plus tard, le flyer finit dans le caniveau.
Slim : Je pense que ce sur point là, c’est une bonne avancée, au détriment des boîtes qui impriment des flyers, c’est sûr. Surtout qu’avec les invitations FB, on peut voir qui compte venir, et après les recontacter pour leur vendre les places. Ca permet d’avoir un suivi facilement et rapidement, pour un peu de temps, et un coût inexistant. Avec les likes, ça apparaît sur le fil d’actualité, et ça atteint les gens assez efficacement, je trouve. Ils peuvent aussi suivre l’actualité du groupe, et faire tourner les news. Par exemple, avec la finale du Headbang, notre entourage en parle pas mal, et on nous prend plus au sérieux. Il y a aussi les outils comme Reverbnation, Bandcamp et ça, on se mettra dessus quand on aura le maxi à promouvoir.
Comme vous fréquentez pas mal la scène métal locale, vous devez la connaître plutôt bien. Que pensez-vous des autres groupes locaux ?
[Tous] : On salue nos potes des Sweet Needles. Et on est content d’avoir participé au Headbang avec les Deadly Fist, qui était le groupe le plus proche de nous musicalement à participer au tremplin.
Nash : Après, pour la scène locale, c’est vrai que la plupart des groupes sont sympas, ça se passe bien. Mais ce que je regrette un peu, c’est le manque d’originalité des groupes. C’est vrai pour le Sleaze, ou pour le death. Tu vas à un , deux ou 10 concerts de death, ça sera la même chose. On perd un peu ce côté recherche d’originalité musicale dans la scène locale, et c’est bien dommage.
Slim : je voudrais à cette occasion citer Oscar Wilde : « Sois toi-même, les autres sont déjà pris »
Le groupe va avoir 10 ans l’année prochaine, vous avez des projets pour fêter ça ?
Slim : la création du groupe remonte effectivement à 2004, mais le groupe a vraiment démarré en 2007 avec notre premier concert. Et c’est devenu vraiment sérieux quand Simon est arrivé en 2011. Ce qui pourrait être sympa, c’est d’organiser un concert anniversaire, et éventuellement de scanner la BD dessinée par John, qui est à l’origine de la création du groupe.
Enfin, dernière question, est-ce que vous avez un mot pour les gens qui auraient éventuellement envie de venir faire un tour à la finale du Headbang Contest au Batofar ?
Slim : Je dirais d’abord qu’on va avoir une sacrée concurrence. Il y a plein de très bons groupes qui seront présents. Le jury va donner sa réponse 10 minutes après la fin des concerts, donc l’ambiance va être chaude ! Nous, on prépare un sacré show, donc venez , vous verrez bien !
[Tous] : On souhaite remercier la Grosse Radio pour cette interview, le Headbang Contest, et aussi tous les gens qui nous soutiennent. Keep on rockin’ !
NDRL : achetez vos places pour le Headbang Contest parisien ici et celui de Lyon ici.