Dans toute discographie d'un artiste, il y a un album qui fait office de rupture, qui marque un avant et un après. Même si Nera n'est que le troisième opus d'Atlantis Chronicles, nul doute qu'il fait office de rupture et tranche avec Ten Miles Underwater (2013) et Barton's Odyssey (2016), ses deux prédécesseurs. Il faut dire qu'Atlantis Chronicles se réinvente, avec un nouveau logo, un line-up en partie remanié et un artwork bien plus lumineux qu'auparavant.
Cette rupture s'exprime également musicalement avec un « Full Fathom Five » qui s'ouvre sur des guitares acoustiques (annonçant l'EP acoustique qui s'apprête à sortir en fin d'année selon les confidences de Sydney Taieb ?). Ce titre se veut très mélodique, avec des lignes de chant en voix claire sur le refrain, qui restent immédiatement en tête. La mélodie est d'ailleurs le fil conducteur de l'album ("A New Extinction" et son refrain, malgré des couplets en apparence plus déstructurés, les lignes de chant de "We Saw It All Coming"), le groupe distillant également de façon subtile quelques petites touches électro et djent ça et là, où une guitare acoustique hispanisante ("We Saw It All Coming"). Julien Harp (ex-Deep In Hate) sait varier son chant, depuis les hurlements core qui rappelleront son prédécesseur au micro, jusqu'à des parties très mélodiques en clair, qui seront certainement très clivantes chez les plus vieux fans du combo.
En effet, Atlantis Chronicles reste un groupe de metal extrême avant tout, mais il s'éloigne du death technique de ses débuts pour un style désormais plus proche metal prog, du deathcore voire du metalcore moderne ("The Drowned and the Saved"). Certains titres restent encore dans l'esprit des deux albums précédents, comme "Obsolete Bodies" ou "The Great Inscape" (parmi les premiers titres composés de l'aveu même du batteur de la formation, ceci explique cela...), mais on sent clairement que le quintette a décidé d'avancer et de ne pas recréer la même chose que par le passé. Exit déjà le concept d'exploration des fonds marins à l'esprit steampunk qui courait sur les deux premiers opus. Atlantis Chronicles rend hommage à son patronyme en contant les derniers instants de l'Atlantide vécus par Nera, l'une de ses habitantes.
A la six-cordes, la paire de guitaristes, constituée d'Alex Houngbo et de Julien Rosenthal, fait des merveilles et allie toujours aussi bien puissance, technique et mélodie (le solo d' "Obsolete Bodies" est un régal, tout comme l'intro de "The Great Inscape") et ne déçoit à aucun moment. Musicalement, la formation a beaucoup misé sur la volonté de créer un album assez dynamique (le court interlude "The Great Escape" ou l'intro a cappella "The End is Near" sont là pour en témoigner), avec des passages plus calmes contrebalançant les parties plus denses de l'album. La technique semble plus en retrait que sur les deux précédents opus, mais certains plans de basse ou de guitare n'ont rien à envier à d'autres formations comme Gorod. Le quintette a qui plus est eu la bonne idée d'écrire une oeuvre plus courte que ses précédents opus, qui permet d'assimiler l'ensemble des compositions plus rapidement.
Pari réussi pour Atlantis Chronicles, avec une direction artistique qui risque fort de diviser ses fans, mais qui ose de nouvelles choses en restant fidèle à l'esprit de ses débuts. Et puis, quel plaisir d'avoir un artwork aussi travaillé et qui prend le contrepied de nombreux artistes de metal extrême. Avec un troisième opus de qualité, Atlantis Chronicles confirme tous les espoirs que l'on pouvait placer en lui, et s'offre un retour gagnant, six ans après Barton's Odyssey.
Tracklist :
Full Fathom Five
The Drowned and the Saved
A New Extinction
We Saw It All Coming
Obsolete Bodies
Ruins and Memories
The Great Escape
The Great Inscape
The End is Near
Fatherless Nights Ahead
Déjà disponible
Photographie promotionnelle : DR