Voivvvvooooooooooooooddddddddd, alors que l'on pensait avec Infini, son dernier album, que le groupe allait tirer sa révérence, celui ci étant l'ultime testament musical du guitariste Denis Piggy d'Amour mort quatre ans avant mais dont les riffs si particuliers hantaient le disque, et alors que Jason Newsted, après avoir redonner un sacré coup de fouet médiatique, s'en allait vers d'autres horizons, voilà que l'un des héraut du metal, notre cher mi robot mi vampire post nucléaire fait à nouveau résonner son souffle abrasif.
Après nous avoir récemment replongé dans un obscur mais glorieux passé à travers la réédition de la première démo du groupe, et après avoir sorti un live portant sur les 6 premiers albums, Voivod se rappelle à notre bon souvenir avec comme cible la Terre. Si le sort s'est acharné sur le groupe à travers différents drames mais aussi à cause du statut de groupe culte qui colle à l'armure du seigneur post apocalyptique mais qui malheureusement n'a jamais porté chance dans le monde du metal (souvenez vous de Coroner), celui ci ne baisse pas la garde et a su surmonter ses nombreux problèmes de line up et de labels. Il reste fidèle à la cause du metal sauvage et intelligent et revient à la charge nucléaire comme pour coller à l'air du temps avec les trois quart du line up qui a construit la légende et ce pendant une décennie. En effet, on salue le retour du bassiste Blacky absent depuis 20 ans et on applaudit l'interim de feu Piggy, principal compositeur, assuré par Dan Mongrain, qui on le sent bien a un amour profond du groupe.
Car Voivod c'est l'inventeur du thrash apocalyptique sur War and Pain qui se transforma en thrash futuriste sur Killing Technology puis progressif sur Nothingface. Le groupe connut alors des problèmes de line up dans les 90's écrasé par de nouvelles modes et continua son chemin d'une façon encore plus sombre et plus experimental avec comme sommet Phobos. Voivod, c'est donc un metal situé quelque part entre le thrash, le hard rock, le punk et la musique progressive, le tout baigné par la dissonance sans jamais perdre l'auditeur dans un labyrinthe là où d'autres y auraient laissé des corps sans vie. Pour preuve, même si Voivod n'a jamais pu avoir de clones, il a de longues lignées de fils spirituels qui baignent dans des scènes bien différentes allant de Ministry en passant par Treponem Pal à Supuration.
C'est ainsi que même si l'album ne peut égaler la sainte trinité que constitue Killing Technology, Dimension Hatröss et Nothingface, il en fait une suite parfaite. De la basse grandissante de target earth avec ses passages psychédéliques, du syncopé "Kluskap o komm" rythmé par ses choeurs thrash, en passant par l'intro quasi orientale de "Empathy for the enemy" s'écrasant sur une pièce qui monte progressivement en puissance, l'auditeur pense retrouver son souffle sur le début de "Warchaic" avant que celui ci plonge toute son ame dans l'univers voivodien. Puis vient "Resistance", aucune resistance n'est permise, le morceau se veut à la fois bien nerveux et catchy. Et cela continue avec "Kaleidos", soudain qui se présente ? un "Corps étranger", en effet le corps se prend de convulsion abreuvé pour la première fois de paroles en français. L'album arrive à sa et ses fins avec "Artefact" qui aurait totalement sa place sur Nothingface et nous achève avec "Defiance". Cette défiance s'arme d'une intro martiale pour terminer de façon très rapide sur ce que Voivod sait faire de mieux : un techno thrash dissonant de grande classe.
Si le Voivod revient visuellement de façon plus moderne (trop au gout de certains), c'est bien avec ses armes du passé qu'il a su aiguiser à travers le temps et une production qui lui sied à merveille qu'il nous botte le derrière. Mais attention, cela ne fait pas de lui un groupe passeiste, en effet Voivod a toujours eu 30 ans d'avance.
Alors oui la cible est bien atteinte ! Et c'est Century Media qui s'est chargé de nous faire parvenir cette oeuvre. Les 30 ans de carrière peuvent être fêté dignement et tout ce que nous pouvons souhaiter c'est que ce 13ème album ne leur porte pas à nouveau la poisse. D'ailleurs pour conjurer le sort, il ne nous reste plus qu'à venir acclamer nos cousins quebecquois au Hellfest 2013, tabernacle.