Enfin ! L’attente fut longue, c’est ce qui pouvait se lire sur les visages des 49124 personnes (à en croire le décompte officiel) massées dans l’écrin du Groupama Stadium de Décines-Charpieu ce soir. Neuf années après leur dernière prestation en demi-teinte à la Halle Tony Garnier mais surtout après deux reports consécutifs (09/07/20 & 09/07/21), Rammstein est de retour à Lyon pour un show qui s’annonce grandiose. Retour sur cette soirée enflammée de juillet.
Duo Abélard
Tout comme en 2019, ce sont les duos de pianistes françaises Duo Abélard et Duo Jatetok qui se partagent les premières parties de la tournée 2022 européenne et nord-américaine des stades de Rammstein. Formées toutes les deux au Conservatoire National Supérieur Musique et Danse de Lyon, c’est avec un brin d’émotion mais surtout de fierté que Katherine et Héloïse se présentent à 20h pétante sur la B-Stage. Les deux pianos se trouvent l’un en face de l’autre en surplomb d’une véritable marée humaine dans le pit. « On vous laisse chanter avec nous ! » lance Héloïse avant que ne résonnent les premiers accords de « Sonne ».
Content de découvrir ou de redécouvrir du Rammstein en version acoustique de grande qualité, c’est pratiquement la totalité du stade qui entonne les refrains de chacune des pistes proposées. « Diamant », « Zeit » et « Deutschland », issues toutes les trois des deux derniers opus du combo allemand, sont intégrées intelligemment au milieu de morceaux historiques tels que « Mutter », « Mein Hertz Brennt » ou même « Ohne Dich ». « Fières d’être lyonnaises ! Fières d’être françaises ! », les filles terminent leur prestation par « Du Hast » qui emmène harmonieusement et en douceur tout ce joli petit monde vers la scène principale qui, dans 15 minutes, va sans nul doute s’embraser.
Setlist
Sonne
Mutter
Diamant
Mein Hertz Brennt
Zeit
Früling in Paris
Ohne Dich
Deutschland
Du Hast
Musicienes
Katherine Nikitine : Piano
Héloïse Hervouët : Piano
Rammstein
Rammstein en live c’est une machine de guerre. Pas moins de deux scènes ignifugées sont nécessaires pour cette tournée des stades. Le résultat du montage est époustouflant. Une scène principale immense avec en fond deux énormes manches de guitares en guise de support d’écran géant et pas moins de 18 murs d’amplis. Si les trois tourelles de sonorisation ne suivaient pas le groupe durant toute la tournée, nous pourrions penser qu’elles avaient été pensées spécialement pour ces deux dates. En effet, lors de l’embrasement de ces dernières, leurs ressemblances avec les torches de la raffinerie de Feyzin (périphérie lyonnaise) est probante.
Les puristes de R+ ont vite été rassurés, un peu plus de la moitié de la setlist rend hommage à ses premières heures de gloires. Du chaudron de « Mein Teil » avec Till cuisinant Flake au lance flamme à « Rammstein » et les lances flammes montés dans le dos du frontman le transformant en « paon » et ceux présents sur les guitares de Richard et Paul sans oublier l’arc couvert d’artifices de « Du Riecht So Gut », les fusées partant depuis la scène en fosse de « Du Hast », « Pussy » et son fameux canon à mousse phallique et l’énorme pyrotechnie déployée pour « Sonne », les principaux marqueurs scéniques des Allemands sont bels et bien présents.
En ce qui concerne le reste de sa prestation, la bande à Till a pioché avec parcimonie dans Rammstein (2019) et Zeit (2022). Les pistes issues de ce dernier donnent du relief au set initialement prévu en 2019. L’entrée en matière avec « Armée der Tristen » et la conclusion « Adieu » aux lumières des portables dans tout le stade en sont le plus bel exemple. La partie disco club de « Deutschland » animée par Richard aux platines apporte du dynamisme à la prestation avant la version originelle du morceau. Mais la piste ayant remportée tous les suffrages reste sans aucun doute « Puppe » dont le berceau et le poupon morbide l’habitant finit par asperger toute l’assemblée de confettis sombres.
Tout au long du concert, la communion avec le public est totale. Chanter « Du Hast » à tue-tête a capella mais surtout profiter d’un moment magique avec le retour sur la B-stage du Duo Abélard pour « Engel » en acoustique resteront des moments marquants pour l’assemblée. La fuite en bateaux gonflables depuis la scène secondaire jusqu’à la principale par la totalité du groupe sauf Till vient récompenser la patience des Lyonnais.
Côté fosse pas mal de pogos, circle pits et quelques slams notamment sur « Mein Hertz Brennt » et « Ausländer » pour ne citer qu’elles. Côté tribune, la soirée est un peu plus calme avec quelques headbangs et horns à relever. D’une manière générale toute la petite communauté metal du coin était heureuse de se retrouver enfin et a aisément fait couler des litres de houblons en cette chaude soirée estivale.
Alors bien sûr, on pourra toujours trouver à redire. Le son était un chouilla trop fort, énormément saturé pour « Links 2-3-4 » et « Pussy ». La voix de Till n’était peut-être pas toujours au rendez-vous, noyée par les riffs de ses trois comparses. Des chansons mythiques comme « Feuer Frei ! », « Mutter » ou encore « Benzin » et toute la scénographie qui les entourent étaient bien absentes du set. Mais à la vue de la quantité et de la qualité de la discographie des Allemands, peut-on vraiment leur en vouloir ?
Pour des cinquantenaires, le sextet berlinois a assuré 2h30 de spectacle dans des conditions extrêmes qu'il s'est lui-même imposées et rien que pour ça nous pouvons reprendre les mots de Till en conclusion : « Vous êtes incroyables […] Danke schön ! »
Setlist
Armée der Tristen
Zick Zack
Links 2-3-4
Sehnsucht
Zeig Dich
Mein Hertz Brennt
Puppe
Heirate Mich
Zeit
Deutschland
Radio
Mein Teil
Du Hast
Sonne
Engel
Ausländer
Du Riechst So Gut
Pussy
Rammstein
Ich Will
Adieu
Musiciens
Till Lindemann : Chant
Richard Z Kruspe : Guitare/Choeurs
Paul H Landers : Guitare/Chœurs
Oliver « Ollie » Riedel : Basse
Christian « Flake » Lorenz : Clavier/Programmation
Christoph « Doom » Schneider : Batterie
Photo : Florentine Pautet. Reproduction interdite sans autorisation de la photographe