Suicidal Tendencies - Week-end 1 - Warzone - Vendredi 17 juin - 1h05
En cette toute fin de première journée du Hellfest, ni Volbeat sur la Main Stage 2 ou Mayhem sous la Temple ne nous enchantent vraiment. Direction plutôt la Warzone pour retrouver Suicidal Tendencies. C'est parti pour un set bordélique au possible qui restera dans les mémoires, malgré des conditions clairement pas optimales !
On savait très bien que le groupe de Venice Beach allait être massivement attendu ce soir devant la Warzone. Tellement, qu'il fallait rejoindre la zone de guerre nettement avant le début du set de Suicidal Tendencies pour pouvoir être dans la foule. Prête à faire la fête, comme on va le constater durant ce concert mémorable ! Tout commence, assez classiquement, par l'intro de "You Can't Bring Me Down". Sauf que l'ampli de Ben Weinman - présent dans le combo depuis la fin du Dillinger Escape Plan - n'est visiblement pas de cet avis.
Après la première minute d'introduction et l'arrivée du groupe, Brandon Pertzborn ne lance pas la rythmique et pendant trois minutes maintient la double pédale et les coups sur les cymbales, le temps nécessaire pour réussir à faire sonner la guitare de Ben. À la fin du titre, Mike Muir expliquera que ces difficultés sont dues à un problème de bagages perdus à l'aéroport. Incluant les guitares du groupe, devant composer ce soir avec du matériel prêté par d'autres musiciens, mais aussi leurs habits ! Dans ces conditions, on connaît bien des formations qui auraient tout simplement annulé leur venue. Ne serait-ce que pour ça, respect !
Surtout que Suicidal Tendencies n'a visiblement rien perdu de sa hargne. Passés les premiers problèmes techniques, et même, malgré les problèmes, le groupe assure. Car l'ampli de Ben va flancher régulièrement, énervant un peu celui-ci à la longue. Il n'en reste pas moins impressionnant de technicité et de rapidité. Quant aux solos de Dean Pleasants, ils sont bien là, tout comme la basse percussive du jeune Tye Trujillo, digne du papa. De son côté, Mike danse sur scène, descend dans le pit photo et en vrai frontman, harangue la foule. Avec un groupe aussi méritant et qui se donne autant, dans ces conditions que l'on qualifierait aisément de difficiles, rien d'étonnant à ce que le public suive. La fosse est chaud bouillante, le moshpit fait toute la largeur de la scène et les départs en slam sont légion dès "You Can't Bring Me Down".
Clairement, on est là pour se défouler ce soir, au moins durant les titres. Parce que Mike n'oublie pas de prendre la parole entre les morceaux (et même parfois pendant) pour dénoncer tout un tas de choses qui ne vont pas. Alors forcément, avec les problèmes techniques de Ben qui continuent également à prendre du temps, l'horloge avance plus vite que prévu. Juste après le brûlot "Freedumb", un coup d’œil aux montres indique que la demi-heure est passée, pour juste quatre titres. Ça promet !
En réalité, c'est à partir de ce moment que le concert passe un cap. Mike invite un fan trop content de monter sur scène, puis d'autres, "quelques amis" comme il l'indique. Rapidement, la scène est recouverte par plusieurs dizaines de festivaliers, foule qui reprend en chœur "War Inside My Head". Ceux qui avaient eu la bonne idée d'aller voir Suicidal Tendencies il y a cinq ans ne sont pas surpris. Déjà, le groupe faisait monter le public sur scène, mais ce soir c'est bien plus tôt, au milieu de set. Et surtout, nettement plus nombreux, à tel point qu'on observe même du slam parmi les chanceux montés sur scène !
Concrètement, c'est un joyeux bordel sur scène comme dans la fosse. On se dit que la Warzone a probablement rarement aussi bien porté son nom. La présence du public en nombre aussi élevé aux côtés du groupe force tout de même les cinq membres à se placer aux extrémités de la scène. Mais ils semblent s'en accommoder plutôt bien, et personne ne sera invité à descendre avant la toute fin du concert.
"How Will I Laugh Tomorrow" et "Pledge Your Allegiance" sont interprétés, on atteint alors la fin du temps prévu. Mike évoque les quarante ans de l'album éponyme l'an prochain, et son souhait de venir dans l'Hexagone à cette occasion. Mais Suicidal Tendencies n'en a pas fini et va se permettre de copieusement dépasser ce soir. C'est parti pour un rappel sur "Subliminal", pour lequel Mike demande rapidement un circle pit. Chose rare, peut-être même unique, la fosse comme les festivaliers sur scène se synchronisent pour le circle pit ! C'est monumental, c'est le bordel total. Un pur défouloir, exactement ce dont nous avions tous besoin après ces presque deux ans sans festivals. Le refrain de "Cyco Vision" sera rapidement évoqué les dernières trente secondes, sans pouvoir être joué en entier. Et c'est fini !
Alors que les derniers mecs trop bourrés continuent de gueuler "S T" dans les micros sur la scène, celle-ci se vide progressivement. On vient de fort bien terminer cette première journée. Suicidal a assuré un show fou, dantesque étant donné les conditions difficiles avec lesquelles ils ont du composer. On aurait évidemment aimé retrouver Dave Lombardo, absent de la tournée actuelle, pour un casting all-stars, mais Brandon assurait. Il est possible qu'avec les nouvelles obligations de Dave pour Testament, la position de Brandon se pérennise à l'avenir. On aura une première réponse l'an prochain, alors le rendez-vous est pris !
Setlist
You Can't Bring Me Down
I Shot The Devil
Send Me Your Money
Freedumb
War Inside My Head
Possessed to Skate
How Will I Laugh Tomorrow
Pledge Your Allegiance
Rappel :
Subliminal
Cyco Vision
Photos : Hasna Ben Brahim. Reproduction interdite sans l'autorisation de la photographe