Lacuna Coil - Week-end 1 - Main Stage 1 - Dimanche 19 juin - 13h35
Alors que le combo a près de trente ans d’existence, c’est la première fois que Lacuna Coil foule la terre de Clisson. Il était grand temps de réparer cet oubli, même si hélas, le créneau est on ne peut plus réduit.
Si les Italiens de Lacuna Coil viennent à peu près régulièrement rendre visite à leurs voisins transalpins, cela n’empêche pas le public du Hellfest à les attendre de pied ferme en ce début d’après-midi. La foule est conséquente pour cet horaire, et une très longue file de photographes s’étirent devant les crash barriers plusieurs minutes avant le début. De quoi saluer dignement la première venue des Milanais à Clisson.
Alors que l’introduction se lance, le batteur fait son entrée seul et commence à faire taper des mains au public, le temps que ses camarades s’installent, tous en costumes noirs et blancs, le visage maquillé dans les mêmes teintes pour les instrumentistes.
Le quintette attaque les hostilités avec « Blood, Tears, Dust », morceau lourd et agressif de l’opus de 2016 Delirium, durant lequel le vocaliste Andrea Ferro rugit son chant saturé très scandé sur tout le couplet, avant d’être rejoint sur les refrains par Cristina Scabbia, qui s’offre ensuit un pont quasiment a capella.
Ce morceau d’attaque est assez représentatif de ce que va être le set. Les deux vocalistes se poussent dans leurs retranchements, Cristina Scabbia offrant une voix flamboyante plus puissante que jamais, extrêmement mouvante, flirtant presque avec le lyrique par moments ; et Andrea Ferro faisant montre d’une agressivité sans faille qu’on ne lui connaissait pas en début de carrière. Les deux chanteurs sont extrêmement en forme vocalement, ce qui attirera des commentaires admiratifs ça et là dans le public, aussi bien de connaisseurs que de novices. Ils sont assurément meilleurs à 50 ans qu’à 20, cela force le respect.
Les morceaux de bravoure se multiplient, notamment sur les morceaux issus du dernier album, Black Anima (mention spéciale à « Reckless »), dans lequel les deux chanteurs ont clairement passé un cap – on regrette d’ailleurs à ce titre que « Veneficium » s’ouvre avec des chœurs enregistrés d’influence symphonique, alors que plus tard dans le morceau, Scabbia chantera en live la même partie au moins aussi bien, là aussi de façon impressionnante.
En plus de cela, c’est bien à deux leaders qu’a à faire le public. A tour de rôle, ils se perchent sur les retours, haranguent le public, parcourent la scène, la chanteuse allant même jusqu’à chanter allongée sur scène avant de se relever.
Leur énergie et leur complicité sont palpables, et si leurs comparses sont plus discrets, ils assurent tout autant musicalement. Les lignes de guitare (Diego Cavalotti, arrivé en 2016) restent très mélodieuses mais ont gagné en lourdeur ces dernières années, et ponctuent parfois les morceaux d’un solo. Globalement, le groupe mise sur plus d’agressivité depuis quelques temps, porté par la basse de Marco Colti Zelatti, membre historique comme les deux chanteurs, et la batterie du dernier venu Richard Meiz (là depuis 2019) – les rythmiques sont par exemple particulièrement martiales sur « Veneficium », décidément l’un des titres les plus notables du dernier album.
Durant ce très court set d’à peine quarante minute, seuls neuf titres seront joués, et le combo a choisi de privilégier les albums de la décennie 2010. Certains peuvent trouver cela dommage, car de nombreux classiques du groupe passent à la trappe. Mais ce choix est parfaitement compréhensible, notamment pour des raisons de cohérence. Le groupe a beaucoup évolué tout au long de sa carrière, passant d’un metal aux influences gothiques à un son plus inspiré par le neo-metal, jusqu’à proposer ces dernières années un metal alternatif plus puissant et plus offensif, qui fonctionne parfaitement en festival.
Les deux chanteurs se partagent aussi équitablement les temps de parole, et malgré un temps de jeu réduit, ils prennent le temps de s’adresser régulièrement à l’auditoire, notamment pour exprimer leur gratitude d’être là. Ils demandent d’ailleurs à entendre « la voix du Hellfest » sur l’un des deux seuls titres anciens, « Heaven’s a Lie », vieux de vingt ans, et que les fans connaissent forcément sur le bout des doigts. Sur l’autre, « Our Truth », Andrea Ferro demande au public de sauter en rythme, ce qu’il fait avec entrain – si le public réagit avec enthousiasme aux chansons, ce n’est pas non plus le concert le plus enragé du festival dans la fosse.
Lacuna Coil conclut le set avec « Nothing Stands in Our Way », comme c’est le cas depuis plusieurs années. Le vocaliste danse sur les retours et fait scander au public « We fear nothing ». Lacuna Coil n’a en effet rien à craindre aujourd’hui, le groupe continue de progresser après plus de deux décennies de carrière, et montre qu’il a l’étoffe d’être placé bien plus haut sur l’affiche.
Setlist
Blood, Tears, Dust
Trip the Darkness
Reckless
Apocalypse
Layers of Time
Heaven's a Lie
Veneficium
Our Truth
Nothing Stands in Our Way
Photo : Florentine Pautet. Reproduction interdite sans autorisation de la photographe.