Blaze Bayley – Russian Holiday

Russian Holiday. Voici un titre d’album pour le moins énigmatique. Etrange même pour un Anglais pur souche, vous en conviendrez. Tentative de renouer avec l’univers de Gogol ? Vacances à Moscou ? Volonté de relater un séjour inoubliable chez Vladimir Putin ? Rien de tout cela, et peut-être un peu de tout à la fois : après une traversée du désert émotionnelle, Blaze Bayley brise la glace et nous revient aujourd’hui avec un EP très spécial, contenant 5 titres en acoustique, travaillés en étroite collaboration avec Thomas Zwijsen, petit prodige Hollandais de la guitare classique (présent déjà en électrique sur l’album King Of Metal sorti l’année dernière). La setlist est composée de titres de Bayley, sortis sur ses albums précédents, mais aussi d’une reprise tirée du premier album d’Iron Maiden avec ce dernier, The X Factor, et d’une toute nouvelle chanson composée avec Thomas.

 

Blaze Bailey

Au premier abord, l’artwork très original et différant de beaucoup du style habituel du chanteur, interpelle. Il s’agit de l’œuvre d’un fan Espagnol nommé Alberto Quirantes, qui a remporté le concours lancé sur le site officiel de Blaze Bayley quelques mois auparavant. Belle initiative, et une bonne manière de mettre à profit les talents de tous en donnant l’opportunité de participer à un tel évènement. Une bonne preuve par ailleurs du contact permanent qu’entretient l’artiste Anglais avec son public.

« One More Step » (extrait de King Of Metal) ouvre l’album avec un air délicat de guitare qui rappelle presque une harpe. Bayley y évoque le combat avec les phases descendantes dans la vie d’un homme, où celui-ci peine à trouver une signification : « Life will hit you hard, and knock you down, and keep you there… all that you can do is just take more step » (« la vie te cognera durement, te mettra à terre et te gardera là… La seule chose que tu puisses faire est tenter de faire un pas de plus »). Dépouillée de toutes fioritures, la musique gagne un souffle nouveau et la place est ainsi faite ici à la voix, aux subtilités dans l’intonation du chanteur, et aux montées en intensité de la guitare. « Russian Holiday » est une métaphore pour la vie de l’artiste, éternellement sur les routes et sujet à un nostos digne d’Ulysse : « Who can tell me now, will I ever see home again ? I would give my life if I could see your face now » (“Qui peut me dire à présent, reverrais-je un jour ma maison ? Je donnerais ma vie pour revoir ton visage maintenant »). Apparemment écrites lors de la tournée de Bayley en Russie, les paroles sont les confessions touchantes qui permettent d’entrevoir l’autre facette d’un artiste populaire : « I’m feeling so down… But I don’t get worse” (« Je me sens si déprimé… mais ça ne peut pas empirer »).

 

Blaze et Thomas

Blaze Bayley & Thomas Zwijsen

« Sign Of The Cross » est la magnifique reprise de la chanson qui lançait le premier album d’Iron Maiden auquel Bayley participa jadis (The X Factor donc, 1995), et qui conférait à la formation anglaise un côté plus dark, plus introspectif que jamais. On retrouve ici cette même voix profonde, à la fois puissante et empreinte d’une mélancolie troublante, mais avec derrière elle seulement deux instruments : la guitare de Thomas et le violon d’Anne Baker (présente sur la tournée actuelle du chanteur). Si l’on peut émettre un doute au premier abord sur la capacité du trio à retranscrire toute la force de la version originelle, alors il est bien vite levé puisque nos musiciens réussissent non seulement le pari ambitieux de recréer l’atmosphère si singulière de la chanson, mais parviennent contre toute attente à apporter réellement quelque chose de nouveau à cette mise en musique du roman d’Umberto Eco, Le Nom de la Rose. « Lost the love of heaven above, choose the lust of the Earth below » (“J’ai perdu l’amour du Paradis d’en-haut, je choisis la luxure de la Terre d’ici-bas”).

« Soundtrack Of My Life” (Blood & Belief, 2004) sorte de récit autobiographique, poursuit dans la notion de combat pour conserver sa santé mentale, et la prestation de Bayley n’en est que plus convaincante. “Stealing Time” (Tenth Dimension, 2002) enfin évoque la profonde conviction du chanteur que tous les êtres humains sont reliés les uns aux autres, chose que la science ne peut certes pas prouver à l’heure actuelle, mais pourra certainement un jour. Le violon d’Anne Bakker se fait caresse sur les couplets, et martèle sur les refrains pour les faire monter en intensité.

 

Blaze Bailey

Pour pouvoir se vanter d'une carrière de trente années, il faut verser de son sang et être animé d'une conviction profonde.

Bien ficelé et riche en intentions, Russian Holiday s’avère une excellente surprise qui ravira tout autant les fans de metal, que de classique, ou même de musiques plus 'populaires'. Il établit une passerelle entre différents mondes, et permet d’entendre Blaze Bayley comme on ne l’a jamais entendu. Sa voix a assurément gagné en maturité, et possède une telle personnalité qu’un duo ou trio musical suffit largement à emplir l’atmosphère. Le chanteur nous conte l’histoire de sa vie jusqu’aujourd’hui au fil de cinq chansons on-ne-peut-plus éloquentes, et avec une expressivité hors-du-commun. Une autre chose que l’on ne pourra que remarquer ici à nouveau est à quel point son timbre et son langage musical sont propres à lui seul, et ne ressemblent à personne d’autre. Si beaucoup de frontmen à l’heure actuelle présentent des similitudes troublantes avec Ronnie James Dio ou David Coverdale, Blaze Bayley, lui, ne ressemble qu’à Blaze Bayley. Et il est plaisant de voir qu’il se réinvente constamment, et qu’il assure toujours autant en live que sur CD !

 

 

Liens :

Le site officiel de Blaze Bayley
Retrouvez Blaze Bayley sur Facebook
Le site de Thomas Zwijsen
Le site du créateur de la pochette de Russian Holiday

 

NOTE DE L'AUTEUR : 9 / 10



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