Quelques heures après son concert, Les Chants de Nihil s’est entretenu avec La Grosse Radio. Durant cette interview on parle notamment des projets à venir du combo mais également de comment s’est passé ce concert au Hellfest. Un souvenir que le groupe gardera longtemps en tête !
La Grosse Radio : Nous étions présents ce matin lors de votre set, comment cela s’est passé de votre côté ?
Jerry (chant, guitare) : C’était super bien, le monde était présent, un super son. C’est là l'avantage d'être en premier et d’ouvrir car nous avons bien eu le temps de faire de vraies balances.
Sistre (batterie) : Pour moi c’était un rêve de gosse, c'était un truc de malade! Tout était parfait, des lumières au son, et surtout il y avait du monde. Pas de conneries à la batterie ni de perte de baguettes.
ÖberKommander (basse) : C’était quelque chose que j'attendais vraiment de mon côté. Cela fait des années que je travaille sur le Hellfest, notamment en faisant l’accueil des groupes, et se retrouver dans la situation inverse, c’est puissant. D’autant plus qu’on l’on était le premier groupe de la Temple et qu’on avait autant de monde.
Quels sont les prochains projets du groupe ?
Jerry : Il y a une tournée prévue pour octobre, on est en train de monter ça avec Lunar Tombfields et Bovary, nous allons également jouer au Night Fest Metal à Arlon en Belgique. Sinon cet été je vais essayer de commencer à bosser un peu le prochain album.
Sistre : comment ça tu vas essayer (rires) ?
Jerry : Disons que je vais y réfléchir. J'ai déjà la thématique ainsi que le titre. Je sais également qu’il y aura cinq morceaux qui vont probablement s’étaler pour certains, histoire de ne pas faire un album trop différent des autres par rapport à sa durée.
Tu as eu des inspirations particulières pour tout cela ?
Jerry : Musicalement pas spécialement, j'ai trouvé un titre qui était assez sympa et les cinq morceaux ne sont que des anagrammes du titre que j'ai trouvé, du coup cela va faire un espèce de truc thématique avec les lettres comme si c'était un brin d'ADN. Je vais aussi les re mélanger dans plein de sens pour faire des idées différentes et faire quelque chose de conceptuel. Voilà je n’en dis pas plus!
Comment avez-vous vécu ces deux dernières années à la fois en tant qu’artistes mais également en tant que consommateur de musique ?
ÖberKommander : En tant que groupe, vu que nous étions déjà programmés sur le Hellfest il y a quelques années, cela nous a permis d’avoir plus de temps pour travailler pour arriver à ce live du Hellfest qui était le gros concert que l’on attendait. On le voyait comme quelque chose d’impressionnant. En tant qu’intermittent, j’ai passé quasiment deux années sans travailler… Mais voilà j’avais plus de temps pour me concentrer sur la musique, c’était donc deux années intéressantes mais je ne sais pas ce qu’en pensent les autres.
Sistre : C’est triste à dire, mais moi je l’ai bien vécu car ces deux ans m'ont permis de me concentrer sur mon jeu de batterie, de pouvoir travailler tous les défauts que j'ai, d’avoir une marge de progression et d’avoir le temps pour ça. A la base, je suis un ours, j'aime pas trop sortir hormis lorsque je joue, donc là j'ai vraiment eu tout le temps de faire ce que je voulais chez moi. Puis quand tu reviens comme ça sur scène, tu te dis que ça t’a vraiment manqué. Maintenant, j’ai mon petit niveau et quand tu joues au Hellfest, si tu as un niveau limite, tu vas être tremblant tandis que là j’étais sûr de mes parties, j'étais sûr de ce que j’allais faire. Tout cela c’est grâce au covid.
Et c’est vraiment bien d’en avoir tiré du positif !
Sistre : C’est le côté positif, il y avait personne sur les routes, personne quand j'allais au travail, c’était génial (rires).
Mist (guitare) : J'en ai aussi profité pour travailler et finaliser des projets perso. Finalement, je l’ai super bien vécu aussi car cela m’a permis d’avoir du temps pour faire tout cela. On était sur une bonne lancée avant le confinement et nous avons retrouvé la dynamique assez rapidement. Donc pas trop de problème finalement.
Jerry : Nous avons l’avantage de bosser chacun de notre côté chez nous, parce que géographiquement pour faire une répète c’est limite minimum cent bornes chacun, donc rien n’a changé pour Les Chants de Nihil. Nous ne sommes pas un groupe qui a l’habitude de faire beaucoup de concerts non plus. Nous faisions trois à quatre concerts par an jusqu'au dernier album. Dans ma vie personnelle, rien n’a changé et j’ai fait un peu de télétravail. Pour le groupe, nous avons pu travailler quelques petites choses et nous sommes maintenant sur une bonne lancée. C’était presque une opportunité en fait.
Sistre : Cela nous a permis de nous recentrer sur nous-même et de travailler entre nous. Quand nous nous sommes retrouvés en répète, on a pu voir tout le travail accompli chacun chez soi pendant le confinement et cela à payer. La majorité des concerts que nous avons fait depuis le début de l'année, nous les avons faits sans répétitions, mais par habitude du covid. J’en viens à être désolé pour ceux qui l’ont très mal vécu.
C’est tout de même bien d’en avoir tiré du positif et d’avoir profité de ces deux années pour s’améliorer sur plusieurs aspects et de prendre le temps de faire ce que l’on a pas forcément le temps de faire habituellement.
Sistre : J'ai pas mal de potes qui eux ont préféré arrêter, ne voyant pas de fin à cette crise, ils ont arrêté la musique. Je trouve ça dommage, car lorsqu’il y a un truc qui te manque il faut encore plus se donner pour que lorsque ça revienne, tu sois encore plus au top avec la niaque.
Cela commence à faire un petit moment que le groupe existe, comment est-ce que vous vous sentez aujourd'hui dans la scène metal française ?
ÖberKommander : Étant le dernier membre arrivé dans le groupe (ndlr : arrivé en 2019), c’est une question qui ne me touche pas tant que cela. Par contre depuis que je suis rentré dans le groupe, cela a changé ma manière de voir les choses, j’ai changé mon approche parce que je voyais bien le groupe devenir quelque chose d'un peu plus important.
Jerry : Je ne connais pas trop la scène personnellement, je ne sais donc pas vraiment quoi répondre. Après, de mon point de vue, ce que j’ai envie de donner au groupe, c'est pas forcément d'être le plus original ni quoi que ce soit, mais je souhaite que les gens soient vraiment inspirés et se disent qu’on a gardé le meilleur de toutes les influences. Je souhaite leur donner envie de chanter et qu’ils gardent les mélodies dans la tête. Qu’ils ressentent à un moment donné une étincelle et qu’ils souhaitent la partager à d’autres.
Sistre : Comment on se sent sur scène ou dans la scène metal française ?
Principalement dans la scène metal française mais tu peux également me raconter comment tu te sens sur scène en général.
Sistre : à la base je me suis toujours senti comme un usurpateur à la batterie, que je n'avais pas ma place
Jerry : Il est trop modeste !
Sistre : Pourtant c’est vrai et c’est à force de travailler que je commence à me dire que j’ai ma place. Quand tu vois à quel niveau jouent tous les mecs, c’est assez technique. Mon petit niveau me suffit et je me fais plaisir sur scène. Enfin, sur scène, je me sens bien, c’est agréable et je me sens à ma place, je suis moi même sans tous les petits tracas du quotidien.
Jerry : J’ai toujours l’impression d’être comme il y a quinze ans, d’être au même niveau. Par contre j’ai du mal à réaliser qu’on est là aujourd’hui. Au départ, il ne devait pas y avoir de concerts, on jouait seulement avec des potes. Donc je suis toujours dans cet esprit du tout début. A la base, on était juste lui et moi (ndlr : Mist et Jerry) en train de s’amuser et d’enregistrer dans notre grenier. On enregistrait au hasard, en impro. Le fait d'avoir envie d'écrire des textes qui ont une progression et qui sont censés emmener les auditeurs quelque part, bah maintenant tu te dis qu’il faut l’assumer et montrer aux gens que tu as toi-même foi en ces textes. Il faut donc les défendre honnêtement. Enfin, par rapport au fait de se placer dans la scène, vu que j’écris en français, j'ai envie de rendre hommage à ça. J'ai pas l'impression que beaucoup de groupes français défendent réellement la langue française.
Est-ce que vous avez pu faire le tour un petit peu du festival et voir certains groupes ? Sinon qu’allez-vous aller voir ?
Le groupe, en chœur : Arcturus !
Sistre : Ouais Arcturus, Igorrr et les Guns forcément. Puis on fêtera tout ça après en buvant. C’est un rêve de gosse que l’on est en train de vivre.
Quel est votre meilleur souvenir en tant que groupe ?
Jerry : Le meilleur, au niveau de la prestation c’est sûrement aujourd'hui, je pense que tout le monde est d’accord. Après on a joué à Saint-Brieuc, qui est notre terre natale à tous les deux (ndlr : toujours Mist et Jerry), il y avait nos parents ou nos enfants. Il y a aussi un album où j’ai fait un montage photo de m**rde en pochette avec une place publique à Saint-Brieuc. J’ai fait un faux décor de discours politique, un montage foireux en bref mais qui avait une touche un peu régressive.
Sistre : Moi c'était le premier concert que j'ai fait avec le groupe au Gibus café, je me demandais encore comment cela allait se passer avec le groupe et dès que l’on a joué, j'ai vu qu'il y avait un public et qu’il y avait quelque chose. Durant ce concert, j'ai vraiment bien ressenti ma place en tant que batteur alors que comme je disais tout à l’heure, j’ai souvent cette sensation d’usurpation.
Mist : J’ai adoré l’enregistrement d’Armor (troisième album complet du groupe), j’ai adoré faire ça. Nous avons passé un bon moment dessus, six mois environ et nous avons fait plein de tests que ce soit au niveau des guitares ou du chant. C’est donc un super souvenir.
Est-ce qu’il y a des artistes avec qui vous n’avez pas encore tourné et avec qui vous aimeriez justement le faire ?
Sistre : Qu’est-ce qui pourrait correspondre aux Chants de Nihil surtout?
Jerry : Le groupe a une grosse influence black norvégienne, nous en écoutons beaucoup mais seulement des groupes très sérieux, tandis que Les Chants de Nihil a un côté très décalé. C’est donc assez compliqué de trouver un groupe de black metal qui soit du black metal mélodique rapide et assez violent, très martial comme ça mais avec une touche décalée. Toutefois, en étant optimiste, je pense à Arcturus. Le groupe a ce côté décalé, même si c’est du black sympho mais techniquement même Les Chants de Nihil aurait pu être du black sympho. C’est juste que je ne voulais pas m'encombrer d'un synthé sur scène, je voulais faire au plus simple. D’ailleurs, il y a des morceaux que l’on compte jouer à partir d'octobre qui ont des instruments folk mais qui seront uniquement en samples. Donc du black un peu cosmique comme ça, cela pourrait le faire !
ÖberKommander : Alcest aussi sans hésiter, c’est sûr. Même si ce n’est pas forcément un style qui colle avec le nôtre, me retrouver à faire des dates avec eux, ça serait incroyable.
Jerry : C’est un groupe qui a défendu la langue française, tout comme nous, qui s’est exporté et qui est très original.
Sistre : Par rapport aux parties batterie, je pourrais dire Dimmu Borgir !
Jerry : J’ai vu récemment que Crystalium c'était quasiment reformé sous un autre nom, K Amon K, j’ai adoré les albums du groupe qui ont été une grosse influence pour moi. Ce groupe pourrait carrément coller avec nous en concert.
On vous donne le mot de la fin !
Jerry : Merci d'être là et de nous donner la parole !
Sistre : Merci à vous d'être venu si nombreux au concert et puis merci pour l'interview, franchement c'est cool.
Crédits photos concert : Thomas Orlanth
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Les Chants de Nihil au Hellfest 2022