Entretien avec Arkan au Hellfest 2022

A l'occasion du Hellfest 2022, Arkan s'est entretenu avec La Grosse Radio. Très contents d'être présents, Mus, Samir et Florent nous racontent ce qu'ils ont fait ces deux dernières années mais également ce qu'ils font et vont voir au Hellfest. Ils mettent également l'accent sur l'importance de soutenir plus que jamais et en ce moment les acteurs locaux du monde de la musique.

Bonjour Arkan, nous nous sommes déjà rencontrés en 2020 à l’occasion de la sortie de Lila H et à cette époque-là c'était déjà compliqué et incertain par rapport à la pandémie. Vous n’aviez pas pu tourner pour défendre votre album. Est-ce que ça vous fait du bien de reprendre un peu toutes les promotions ?

Florent : Ce qui nous a manqué pendant la pandémie évidemment c’est de défendre l'album sur scène et ça c'est une grosse part de la promotion. On a dû comme beaucoup d’autres, annuler les dates, annuler les plans, de toutes façons, on n'avait pas d'autres alternatives. Maintenant, on espère bien pouvoir défendre Lila H. En tout cas nous sommes motivés et disponibles.

On espère vous voir en live alors !

Samir : On a envie ! 

 

Vous étiez un peu inactif sur les réseaux sociaux, qu’avez-vous fait pendant ces deux dernières années ?

Mus : On a bu des bières, on a fait des barbecues !

Samir :  On s’est concentré sur nos vies personnelles tout en se mettant dans un coin de la tête que ça serait bien de pouvoir revenir sur scène. Le fait de revenir ici au Hellfest, de partager des choses avec des potes ou artistes qui jouent, ça nous fait dire qu’il est temps de se remotiver.

Mus : Le virus a quand même mis un gros coup de fatigue. Je l’ai vu avec beaucoup de copains musiciens qui ont également traversé une période de démotivation totale et la seule façon de relancer la machine, c’est de retourner voir des concerts et de rencontrer des journalistes. La musique c'est d'abord une affaire de rencontres. La seule façon de trouver une inspiration, c'est à travers les autres. On a essayé de s’enfermer et de composer, c’était nul. On s’est dit que ce n’était pas le bon moment. Parfois, tu as besoin d'aller chercher l’inspiration dans des endroits tout simples comme le Hellfest.

Samir : Habituellement, on est assez bon public, on va à pas mal de concerts et de tout style confondu. C'est vrai que ces deux dernières années, c'était tellement bordélique que finalement tu ne sors pas, tu ne fais rien et tu ne réalises pas. Là maintenant avec le retour de la vie normale, on l'espère, j’insiste sur le fait qu'il faut aller voir les concerts et qu’il faut soutenir la scène locale!

Il faut aussi soutenir les associations !

Mus : Carrément et pour certaines elles meurent malheureusement, on les voit ne plus pouvoir nous contacter. 

C’est vrai ?

Mus : Sur toutes les petites organisations via qui l’on pouvait passer, certaines ont déposé bilan et n’ont pas été aidées par l’Etat, ça a été dramatique pour la petite scène musicale. 

Samir : Il y en a de moins en moins et le problème c'est qu’il y a eu une fébrilité. Le Hellfest c’est sold out et c’est très bien, c’est nickel. Maintenant, tu vas dans des concerts locaux, il y a pas beaucoup de monde, les gens évitent de sortir.

Ou achètent leur entrée au dernier moment sur place…

Florent : On est dans une période de transition je pense. On sort doucement du covid, on a du mal à reprendre les habitudes d’avant. La remarque sur les préventes, j’en entends beaucoup parler. Est-ce que les gens se déplacent moins ou est-ce que les gens changent leurs habitudes et ne fonctionnent plus avec les préventes ? Le virus a tellement chamboulé les choses.

Mus : C’est parce qu’il y a eu trop d’annulations. Les gens achetaient des préventes et à chaque fois ça finissait par être annulé. Au bout d’un moment, ils se disent qu’ils vont y aller au dernier moment et que s’ils rentrent, tant mieux, sinon bah ils vont au restaurant.

Sauf que derrière les associations ont des frais engagés depuis un moment…

Samir : Et les gens ne sont pas forcément au courant de cela, ici on est tous au courant car on est dans le milieu. 80 % de la population qui va en concert ne connaît pas forcément tout l’impact et toute la mobilisation des associations et des groupes pour réaliser ce concert. Mine de rien c’est du gros boulot derrière. Que ce soit des associations, des organisations et généralement on y gagne rien. On y gagne juste le plaisir de partager de la musique qu'on aime. C’est une question de passion sauf qu’au bout d’un moment, la passion ne nourrit pas. Cela ne paie pas tous les frais, alors que les préventes arrivent à réaliser cela. Les préventes pour une petite association, c’est une obligation sinon ils ne vivent pas.

Florent : C’est pour ça que je dis que nous sommes dans une période de transition. Finalement les gens qui vont voir des concerts ont changé leur comportement. Tandis que les organisateurs, et c'est pas du tout une critique, surveillent les préventes. Mais peut-être que dans quatre ou cinq ans, on sera moins focalisé sur les préventes parce qu'on saura que le comportement des gens qui vont en concert à changé. Maintenant on reste aussi sur le fait que les préventes c'est quelque chose d’assez confortable parce que tu sais au moins que si tu en as suffisamment, tu ne vas pas avoir besoin de sortir de l'argent de ta poche.

Samir :  Et tu pourras payer les gens. Un ingé son par exemple, il vit de ça. Tous ces gens qui gravitent autour du groupe et autour du spectacle ils existent et c'est hyper important ! Aujourd’hui, il faut en parler, il faut que l’on se bouge pour soutenir les scènes locales.

Et de votre côté, est-ce que tout cela a changé quelque chose dans votre manière de produire en tant qu'artiste mais aussi en tant que consommateur de musique ?

Samir : Bien sûr que cela a changé des choses. On s'inspire de ce que l'on voit. Nous en sommes à cinq albums aujourd’hui et chaque album est un concept album et on aime bien utiliser un peu ce qu’il se passe autour de nous. Donc on sort, on va voir des concerts et avec ce confinement ça a limité ce champ d’action. On a besoin de sortir, il faut que l’on se bouge. Là, le fait d’être au Hellfest, ça nous permet d'échanger avec plein de gens qu'on connaît et qu'on a pas vu depuis des années, ça me fait super plaisir de retrouver cette ambiance. C’est ça qu’on aime !

Florent : On a besoin de se nourrir, on n'est pas le type de groupe, et ce n’est pas une critique ici non plus, à se dire que l’on va profiter du covid pour s’enfermer et composer. Nous on a besoin de bouger, de se nourrir de plein de choses et d’aller voir plein de groupes différents.

Et justement vous avez prévu d’aller voir des artistes là ?

Samir : Les groupes que l’on ne connaît pas!

Mus : Et cette année il y en a un grand paquet donc je suis assez content !

Samir : Les groupes que l’on a déjà vu on connait leurs albums et on les adore. Hier, je passais à la Altar et je me dis soudainement que j’aime bien ce son.

Mus : Tous ceux que je ne connais pas, clairement j’essaie d’aller les voir

Samir : J’aime bien me balader dans le festival, en mode seul et les mains dans les poches. J’ai adoré voir Whitesnake mais ce qui est kiffant c'est de passer à 11h du matin devant les scènes. C'est là où tu découvres des groupes, il y a toujours quelque chose à prendre.

Mus : Après tu rentres, tu te poses et tu découvres l’univers du groupe. D’ailleurs il faut se souvenir du nom des groupes !

Samir : Ah mais j’ai l’application, je mets des petites étoiles comme ça je me souviens. Hier j’ai découvert Los Disidentes del Sucio Motel et demain en rentrant je les écouterai sur spotify.

On ne connaissait pas non plus, c’est drôle ! Vu le nom, on pourrait croire qu’ils sont espagnols et pourtant ce sont des Français.

Samir : C’était génial ! Je revenais d’un autre concert et je me suis arrêté pour eux.

Mus : Sans rire je n’ai même pas regardé l’affiche. Je sais juste qu’il y a Metallica mais le reste ça va être la découverte.

Quels sont vos projets pour la suite ?

Florent : Pour le moment nous ne sommes pas en mode composition, on a envie de défendre Lila H, on a envie de remonter sur scène pour défendre l’album. Lorsque l’on compose un opus, on y met beaucoup de temps, beaucoup de passion et de sueurs. Donc on a pas envie que ça soit un coup d'épée dans l'eau et on ne sort pas des albums pour sortir des albums.

Au fait, est-ce qu’il y a des artistes avec qui vous aimeriez tourner ? Si oui, ça serait qui ?

Mus : Pink Floyd

Samir : Ça va être compliqué (rires)

Mus : Tourner avec des copains, et il y en a plein, ça serait vraiment top. Je pense à Myrath, Orphaned Land, Acyl, Melechesh. Tous ces potes là qui sont à peu près dans la même scène.

Ce serait clairement une très bonne idée de faire une tournée réunissant tous ces groupes.

Mus :  C’est le rêve et on en avait parlé il y a une dizaine d'années, on a jamais eu l’occasion encore mais après jusqu’ici aucun producteur/tourneur ne s’y est intéressé. L’idéal, ça serait de faire un festival de metal oriental avec tous les copains. On se connaît tous ! Donc voilà on lance la bouteille à la mer.

Samir : C’est comme ça que la plupart des projets ont commencé, de base c’est une idée folle et après il faut juste s’y tenir. Nous on est des passionnés, on adore ça et on se retrouve autour de la musique. Là, le fait de venir dans un festival et de partager tout ça, sincèrement ça nous donne vraiment envie de remonter sur scène. Par contre un groupe n'existe pas sans public, donc on a besoin du soutien des personnes qui nous écoute et surtout il faut soutenir les petites organisations !

Quel est le mot de la fin pour Arkan ?

Mus : Merci d’être là

Samir : Merci à La Grosse Radio, c’est un média qu’on adore et vous nous suivez depuis le début ! On vous remercie pour cela, il faut continuer, vous faites du très bon boulot et c’est aussi grâce aux médias comme cela que l’on continue d’exister.



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