Korn - Week-end 1 - Main Stage 1 - Dimanche 19 juin - 20h30
L'un des groupes phares du mouvement néo metal du début des années 2000, Korn avait la lourde tâche de préparer la scène principale du Hellfest avant sa clôture par le rouleau compresseur de Gojira. Évidemment, beaucoup de ceux qui étaient ados à cette époque étaient au taquet.
C’est déjà la quatrième fois que Korn se produit au Hellfest mais cela ne semble pas induire de sentiment de lassitude dans le public. En effet, la fosse est bondée comme rarement de ces heures-ci. Tout le parterre est plein et impraticable, et il est difficile de se frayer un chemin dès la régie, plusieurs dizaines de mètres plus loin.
Après une intro enregistrée, le groupe entre en scène et attaque avec « Here to Stay », de l’album de 2002 Untouchables. Le public part au quart de tour, un immense pogo éclate devant la scène, et d'autres plus petits éclosent çà et là, jusque devant la régie. Les slams partent presque à la même allure, et de tout aussi loin. La foule est manifestement venue trouver un exutoire avant la clôture du premier week-end.
De leur côté, les musiciens semblent globalement assez investis, chacun joue son rôle avec efficacité. Le chanteur Jonathan Davis sort des passages un peu growlés assez puissants, et l’ensemble est bien exécuté. Pour autant, il ne semble pas y avoir véritablement de supplément d'âme. Alors certes, sur une échelle de l'engagement de Offspring à 100, on n'est pas non plus à 0, les musiciens ne sont pas en pilote automatique, mais ce n'est pas non plus le set le plus délirant du festival.
Le son est globalement bon même si certains festivaliers se plaignent qu’il n'est pas assez fort. Si ce n'est en effet pas le son le plus massif du festival, la musique reste parfaitement audible, même loin de la scène.
Le leader Jonathan Davis communique régulièrement avec le public, à grands coups de "fucking fuck", pour dire notamment que "Cela fait cinq putain d'années qu'on n'a pas joué ici, putain ça fait du bien". En réalité, cela en fait même six, mais on ne dira rien.
Niveau setlist, le groupe offre un gros best-of, en se focalisant sur sa première partie de carrière, des années 90 au milieu des années 2000. De Korn à See You On The Other Side, chaque album a droit à un ou deux titres, de « Shoots and Ladders » à « Got the Life ». Ce qui explique d'ailleurs probablement en grande partie l'accueil enflammé du public. En revanche, la seconde partie de carrière est entièrement laissée de côté, à l’exception des deux derniers opus en date, The Nothing de 2019 et Requiem sorti cette année, dont sont issus trois titres qui s’intègrent parfaitement à la setlist : « Cold », « Start the Healing » et « Worst Is on its Way ».
Le concert suit donc tranquillement son cours, d'un hymne des années 2000 à l'autre, sans qu'il y ait énormément d'éléments notables à relever. Comme souvent, Jonathan Davis sort sa cornemuse, sous les acclamations du public qui attend ce moment comme un rituel. Sans être le sonneur le plus exceptionnel qui soit, il s'en sort tout à fait honorablement, et réussit le petit exploit d’avoir l'air extrêmement énervé tout en jouant de cet instrument. Sur « Y’all Want a Single », morceau élégant s'il en est, il gratifie les caméras de doigts d'honneur en faisant scander au public le "fuck that" des couplets.
Au milieu de ce ronronnement bruyant, les Américains proposent un medley de reprises de classiques du rock et du metal. "We Will Rock You" de Queen ou "One" de Metallica à la sauce Korn, ça passe ainsi très bien. Même des metalleux plutôt hostiles au combo neo-metal qui passaient par là par hasard reconnaissent que sur ces reprises, le groupe s'en sort très honorablement.
Puis vient le culte "Freak on a Leash" qui met la foule encore plus en délire que ce n'était le cas jusqu'à présent. La fin du morceau donne l'occasion d'un solo du batteur Ray Luzier, qui y va avec tellement de force que la caméra la plus proche en tremble et devient floue. Suivent « Twist » et « Adidas », qui déchainent tout autant les foules. Jonathan Davis remercie une dernière fois le Hellfest et le groupe attaque son dernier morceau, « Blind », avec la basse de Ra Diaz extrêmement en avant.
La foule saute comme un seul être jusqu'à la régie, où les pogos continuent de plus belle. Dernière surprise, les Américains font venir un gâteau d'anniversaire en l'honneur de Mario Duplantier, batteur de Gojira qui fête son anniversaire ce jour-là et mènera une vraie démonstration de force quelques heures plus tard sur cette même scène.
Le groupe aura offert une prestation solide et plutôt convaincante à défaut d'être inoubliable, mais le public s'est manifestement défoulé comme jamais, et après tout, c'est peut-être ce qui compte le plus.
Setlist
Here to Stay
Got the Life
Falling Away From Me
Start the Healing
Cold
Shoots and Ladders
Y'All Want a Single
Somebody Someone
Worst Is on Its Way
Coming Undone
Freak on a Leash
It's On! / Trash / Did My Time
Twist
A.D.I.D.A.S.
Blind
Photo : Hasna Ben Brahim. Reproduction interdite sans autorisation de la photographe.