Si quelqu’un m’aurait affirmé que la nouvelle étoile montante du petit monde du Power Prog serait originaire de notre pays, j’aurai sans aucun doute ri au nez de cette personne … Et pourtant, bien mal m’en aurait pris, car la jeune formation marseillaise de Pryde a tout de ce statut. Fort d’une démo et d’un premier album, Absence Of Light, démontrant un beau potentiel toutefois perfectible, les sudistes sont de retour en ce début d’année 2013, avec une nouvelle galette, Psychocentesis, qui risque d’en surprendre, et d’en séduire plus d’un.
Si sur Absence Of Light le groupe proposait un Power Metal fort bien ficelé, à grand renforts de riffs tranchants, de chœurs efficaces, de solos parfaitement exécutés, et de refrains efficaces, l’ombre d’un géant suédois dénommé Evergrey était trop présente sur la galette. Cependant, pour un premier effort, Pryde s’en sortait avec les honneurs.
Composé aujourd’hui de Cyril Vidal et Laurent Mourou aux six cordes, Sébastien Arraïs Mendonça à la basse, Laurent Zahra aux claviers, JP à la batterie, et de Valerian Caetano au chant, Pryde nous dévoile donc son second album, Psychocentesis, qui, plus précisément, s’avère être un concept album traitant des troubles psychologiques et désordres mentaux. Voilà qui est bien ambitieux …
Même si l’influence d’Evergrey est encore belle et bien présente dans la musique de Pryde, elle est bien plus digérée sur ce nouveau brûlot, qui n’hésite pas à insérer dans ses compos une dimension bien plus moderne avec des sonorités, rythmiques, et même quelques vocaux Death par ci par là, torturée donc, avec côté Prog assumé et maitrisé.
C’est ainsi qu’une fois l’introducton « Collapsing » passée, « The Point Of No Return » déboule avec une rythmique syncopée du plus bel effet, sur laquelle vient s’implanter une nappe de synthé bien sentie et efficace, jusqu’à l’arrivée du riff principal très moderne, et des voix qui tour à tour seront soit vocodées, soit claires, ou tirant dans les graves, montrant un chanteur à l’aise dans tous les registres. Refrain efficace, solo de guitare aussi émotif que bien éxecuté, aspect Prog savamment utilisé, cette première piste est un coup de maître.
Et dès « Trapped In A Dream », le titre suivant, on remarque que la qualité sera une constante sur cet album. Titre déjà présent en écoute sur ces pages, le côté Prog est d’avantage mis en avant, par des lignes vocales plus recherchées, un refrain plus moins direct également, mais tout autant travaillé, plus intimiste. Un joli break basse/voix viendra précéder un soli de fort belle facture encore. Mention spéciale à Laurent Z, qui, grâce à ses interventions aux claviers apportera une richesse supplémentaire au titre.
Un titre comme « Artificial Paradise » montrera la facette la plus intimiste du combo. Un titre tout en retenue, où l’influence Evergrey sera une fois de plus au rendez vous, que ce soit dans les riffs, dans les rythmiques, ou plus encore dans l’ambiance générale dégagée. On se croirait presque retombés dans les années glorieuses, et si lointaines déjà du combo suédois (Glorious Collision n’étant qu’un gros pétard mouillé …). Cependant, Val et sa voix si particulière et versatile, capable de passer d’un chant posé à un chant plus Heavy avec une facilité déconcertante nous rappellera qu’ici c’est bel et bien Pryde que nous écoutons…
« Birth Of Dementia » piste instrumentale avoisinant les 5 minutes, laissera parler le génie des musiciens, et démontrera même que sur ce point de vue, ils peuvent rivaliser avec les ténors scandinaves que sont Circus Maximus, tant cette pièce est maitrisée de bout en bout, délivrant rythmique fracassante, proche du « Warcry » des américains de Outworld, leads entêtants, et ambiance travaillée, le tout se marriant à la perfection.
Avec ses 7 minutes au compteur, « Psychocentesis » est à n’en pas douter, la pièce maitresse de cette galette. Elle y concentre tous les ingrédients caractérisant la musique de Pryde, et y sont poussés au maximum de leur efficacité. Enchainant les ambiances, tantôt soft, tantôt plombées, ce titre résume à lui seul ce que le Power Prog moderne est capable d’offrir.
Dès lors ce sera un déluge de titres aussi divers et variés que bons, enchaînant sur « Cold Light » au riff d’intro proche de In Flames, et propose un titre rapide et catchy qui vous restera en tête pendant longtemps … « Between The Lines » sera encore un titre très proche d’Evergrey, mais soit, tant que la qualité est présente, pourquoi bouder son plaisir ?
« Illusive Faith », titre disposant d’un clip est, lui aussi, une bombe en puissance. Riff efficace, nappe de synthé entêtante, lignes vocales réussies et accrocheuses à souhait, utilisation de passages et rythmiques Melodeath/metalcore apportant une certaine efficacité et puissance à l’ensemble du titre, ce choix de single était évident.
Piste instrumentale encore avec « Step Out Of The Mist », tout en émotion, proposant un titre en guitare uniquement. Une bien belle pièce qui aurait pu clore avec brio ce Psychocentesis, cependant « The Awakening », et ses 7 minutes au compteur ne sont pas là pour allonger la tracklist de cet album, et propose un titre puissant, dans la lignée du titre éponyme.
« Coming To Consciousness » aura la charge de terminer cet album, et c’est d’une manière plutôt particulière qu’elle le fera. En effet, il s’agit d’une pièce instrumentale encore, dont laquelle se dégage une atmosphère sombre, glauque même, par instants. Un brin dispensable, à mon humble avis, mais elle ne gâche en rien le plaisir que procure cet album.
Produit par le groupe himself, enregistré et mixé au Deven Prod Studio par Loran Saulus, et masterisé par Olivier Planchard, Psychocentesis est une œuvre de Heavy Power Prog à l’image de son concept, ambitieuse, sombre, riche, mais tellement belle à la fois … Pryde a de très belles cartes en mains, et si leurs prochaines réalisations (que l’on espère nombreuses) se révèlent aussi bonnes que celle-ci, nul doute que ce groupe explosera.