Volbeat – Outlaw Gentlemen & Shady Ladies

Le fond, la chute et le néant
 

Après avoir sorti quatre albums mélangeant avec brio heavy metal, punk et rockabilly, Volbeat est attendu au tournant. Si le concept western de son nouveau disque semblait prometteur, ses mélodies faciles et ses influences pop/rock mal digérées font  d’Outlaw Gentlemen & Shady Ladies un album décevant, malgré ses quelques instants de bravoure.

Après avoir gravi les échelons et s’être taillé une solide réputation scénique, Volbeat, avec sa tambouille musicale détonante, était attendu au tournant. Après avoir développé une imagerie originale qui s’apparentait à l’Amérique des années 30, le groupe danois reste chez l’oncle Sam, mais visite cette fois le Far West et l’univers des westerns spaghetti. L’univers de Sergio Leone mêlé au talent du groupe a de quoi faire fantasmer le fan en quête de nouvelles ambiances.

Malheureusement, la promesse n’est qu’à moitié tenue. En effet, l’univers western n’est exploité que sur quelques titres de l’album. On s’imagine ainsi les paysages arides s’étendant à perte de vue lors de l’intro "Let’s Shake Some Dust", on voit le bandit, la cordelette au cou, sous sa potence dans "The Hangman’s Body Count", ou encore la cavalcade endiablée du couple Michael Poulsen / Sarah Backwood sur "The Lonesome Rider", qui sont autant de titres réussis de cet album. On notera également que le groupe peut allier cette ambiance d’un autre âge avec son heavy metal contemporain, avec "Doc Holliday".

Le groupe n’a jamais exploité à 100% ses concepts lors de ses deux précédents albums, mais a toujours su servir des titres solides et entrainants pour les consolider. Mais dès "Pearl Hart", on voit que quelque chose a changé chez Volbeat. Des mélodies pop font leur apparition, avec des refrains faciles et des compositions pauvres sur le plan instrumental. Le single putassier "Cape Of Our Hero" est bien représentatif de cette débandade aussi surprenante que décevante, avec ses mélodies sucrées qui jurent avec le gros son de Volbeat. Ce manque de maîtrise d'influences est résumé avec la reprise du tube "My Body" de Young The Giant, jeune groupe de rock indie américain, qui fait tache dans l’univers sombre et musclé de Volbeat. Curieusement, les danois réussissent bien l'exercice de la ballade avec "Our Loved Ones" en fin d'album, en sachant doser émotion et mélodie accrocheuse.

Si la variété des influences avait été un point fort sur Beyond Hell/Above Heaven, l’album précédent, elle tire Outlaw Gentlemen & Shady Ladies vers le bas en donnant un album trop long et mal rythmé, dans lequel le single "Cape Of Our Hero" se retrouve coincé entre deux titres metal, le très volbeatien "Dead But Rising" et le sombre "Room 24", qui présente une prestation convaincante du légendaire King Diamond. Les titres à ambiance western, surtout présents dans la seconde moitié de l’album, se retrouvent parasités par des titres passe-partout, comme l'enjoué et très réussi "Lola Montez" ou le filler "The Sinner Is You". L’album prend donc un aspect fourre-tout désorganisé à cause de chansons dispensables et de leur agencement discutable.

Volbeat 2013

Côté musiciens, le groupe n’a pas perdu de sa superbe. Si le batteur Jon Larsen se retrouve bridé sur les titres les plus sucrés, il sait se faire entendre par des roulements de toms bien sentis et se fait plaisir sur les titres metal, notamment à la double-pédale sur "Black Bart". Discret, le bassiste Anders Kjølholm arrive à le suivre sans problème pendant que l’imposant Michael Poulsen gouaille avec son timbre bien reconnaissable. Si le son de guitare de ce dernier est bien connu, on remarque que Rob Caggiano (ex-Anthrax) se fond bien dans la masse et arrive à servir des solos convaincants ("Room 24", "The Hangman’s Body Count").

Entre pop/rock sucré et heavy metal transpirant, entre ambiance western immersive et chansons plus classiques, Outlaw Gentlemen & Shady Ladies se retrouve coincé entre deux feux et perd donc en force et en efficacité, une première dans l’histoire de Volbeat, qui avait toujours su savamment doser les éléments sans jamais tomber dans la facilité. Ici, les nouvelles influences pop sont mal digérées et ne vont pas à ce groupe qui a toujours su faire figure d’ovni dans le monde du metal. L’avenir dira si ce disque est une erreur de parcours ou une réelle perte d’inspiration.

NOTE DE L'AUTEUR : 6 / 10



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