Les Suisses de Nostromo sont de retour ! Passé un album acoustique en 2004 et un EP de six titres en 2019, cela faisait depuis 2002 qu’ils n'avaient sorti d’album. 20 ans après, voici Bucéphale ! À l’époque de Ecce Lex (2002), Nostromo officiait dans un grindcore déjà très puissant, criard mais certainement pas dénué de technique. C’est ce que l’on retrouvera de nouveau ici avec ce nouvel opus.
Question artwork d’abord, on peut penser au changement de direction du groupe Ulver. Au même titre que les Suisses, leurs visuels laissaient un peu à désirer jusqu'à l'arrivée d’une imagerie plus sombre et photographique sur The Assassination of Julius Caesar (2017). Sur Bucéphale, l'image est grainée, très obscure et surtout soignée. Le cheval présent dessus ainsi que le titre de l'album évoquent le nom du cheval d’Alexandre le Grand dont la légende dit que lui seul a réussi à le dresser.
En attendant, l’album Bucéphale est plus compliqué à dompter. En effet, on ressent beaucoup plus de réflexes de composition proche du mathcore et l'ambiance générale est plus contemplative (les morceaux « Κατάϐασις » et « Asato Ma » en témoignent) qu’un Ecce Lex vraiment rentre-dedans. À l’heure actuelle, les grands du grindcore se renouvellent : À l’heure actuelle, les grands du grindcore se renouvellent : Napalm Death apporte quelques touches industrielles, Wormrot plus d’expérimentations et Aborted des tendances vers le deathcore et quelques riffs thrash. Mais ce qui les lient au final, c'est l'inclusion de mélodies. Nostromo suit également cette tendance, restant fidèle à ses qualités techniques. Ils se permettent par moments quelques sursauts propre au grindcore, mais demeure une impression de retenue qui les rapproche des compositions casse-tête de The Dillinger Escape Plan.
Le second titre, « IED (Intermittent Explosive Disorder) », est notamment représentatif de la qualité de Bucéphale. Doté d’une rage semblable à leurs précédents exercices, à laquelle il faut ajouter des breakdowns orientés deathcore et surtout beaucoup de technicité, il parvient à proposer tous ces éléments en une durée standard de 3 minutes. Toutes ces qualités mélangées créent une sorte de mélodie sans que Nostromo n'abandonne pour autant sa personnalité.
On retrouve cela chez « Per Sona » et « Lachon Hara » par exemple. « Lachon Hara » a une approche plus metalcore et sludge par la baisse de rythme et la mélancolie qui s’en dégage, démontrant encore une véritable recherche de diversification de la part de Nostromo.
Il aura fallu 20 ans d’attente pour un nouvel album de Nostromo, 20 ans ! Si l’on retrouve leur style grind/mathcore très technique caractéristique, les Genevois reviennent avec une production indéniablement plus propre et mélodique au service d’une atmosphère sombre et plus contemplative. Un retour tonitruant de grande qualité en somme.
Tracklist :
- Ship Of Fools
- IED (Intermittent Explosive Disorder)
- In Praise Of Betrayal
- κατάϐασις [featuring Treha Sektori]
- A Sun Rising West
- Per Sona
- Lachon Hara
- Realm Of Mist
- Decimatio
- Asato Ma [featuring Monkey 3]