Le power / sympho ça vous branche ? Ben fallait vous pointer au concert de Serenity à Lyon. Fort d'un tout nouvel album (War of Ages), les autrichiens partent à la conquête du monde … ahem, de l'Europe (c'est déjà pas mal non ?) avec leurs compatriotes de Visions of Atlantis, les allemands de Souldrinker et, exceptionnellement pour cette date française, les lyonnais d'Evenpath. Alors en avant la musique !
EVENPATH
Début de la soirée avec les locaux d'Evenpath, qui, pour un second concert, n'imaginaient sûrement pas un partage de scène avec des groupes de renommée internationale. Pour rappel, les jeunes lyonnais ont pu nous jouer leurs compos sur les planches pour la première fois à l'occasion du festival H'Elles on Stage, où on y découvrait un combo plein de promesses et éminemment sympathique.
Cette fois-ci en revanche, les choses seront bien différentes.
Le son, déjà, pas franchement de top qualité, n'aidera pas vraiment à mettre leur musique en valeur, où à rentrer dans l'univers des français, se voulant pourtant à l'écart de la masse des groupes à chanteuse. Leur volonté de mêler metal et sonorités electro dans un mélange harmonieux manquera, ce soir … de cette harmonie. Surtout au niveau des instruments, à vrai dire. Sans remettre en cause le talent des musiciens, le manque flagrant de cohésion et de rythme laissera un peu dubitatif. Du coup, le rendu semble, au départ, assez brouillon, notamment au niveau guitare et basse où le décalage y est flagrant.
Ce qui est dommage car les morceaux ne sont pas mauvais du tout. Surtout qu'ils ont le mérite d'être suffisamment diversifiés pour ne pas avoir l'impression d'entendre la déclinaison du même titre cinq fois de suite. L'énergique « Haven » reste le meilleur moment de ce concert, grâce à son dynamisme, mais aussi parce qu'on y sent une formation plus à l'aise, qui semble trouver son rythme de croisière, dommage que ce soit déjà la fin lorsque cette piste est jouée. Sarah bataillera pourtant pour donner au public une prestation de qualité. Les efforts de la chanteuse, en dépit de quelques écarts (manque de fidélité aux lignes de chant sur « Haven » pour un résultat un poil hasardeux) et d'un stress qui se ressent, sont louables. D'autant plus que la jeune femme chante juste, et bien, s'appliquant pour faire abstraction des problèmes sonores (les pains sur les grattes par exemple) en allant régulièrement chercher le public.
Alors résultat ? Une petite déception, bien que tout ne soit pas particulièrement la faute d'Evenpath. S'ils vont devoir en premier lieu corriger le manque de cohésion rythmique et le jeu trop simpliste de la batterie, les qualités sont pourtant bien là pour décoller et montrer qu'ils sont capables de nous en mettre plein la vue la prochaine fois. Et on attend que ça !
SOULDRINKER
Inconnus au bataillon (du moins dans nos contrées), ce sont les allemands de Souldrinker qui vont se coller la lourde tâche de devoir convaincre un public dans un temps de set limité, le tout sans n'avoir jamais foulé les planches d'une scène en France. Un challenge pour eux qu'ils sont prêts à relever après une intro un peu trop longue …
… à laquelle succède une déferlante de riffs puissants et tonitruants. Et voilà qu'on est lancés dans le show. Autant dire, tout de suite, que Souldrinker fait office d'intrus dans la soirée. Car si le style symphonique est largement prédominant ce soir, nous n'en retrouverons pas une once dans la musique massive et destructive qui nous est proposée ici ? Du death ? Non. Plutôt un agréable mélange entre un heavy burné et un thrash bien dosé, sachant balancer à merveille entre traditionnel et touches plus modernes (apportées notamment par les growls du bassiste, qui s'en charge à la place de l'absent Alex Gindu, réduisant la formation à 4 au lieu de 5 lors de la tournée. Pas glop).
Et ça marche. En véritable rouleau compresseur, la formation allemande nous balance une prestation bourrée aux testostérones et aux headbangs massifs, le tout avec la voix rocailleuse et puissance d'Iris Boanta, qui n'a rien à envier aux ténors du genre. Dans son registre très masculin, la belle sait tenir la dragée haute à moult confrères (mêmes mâles, hé ouais messieurs). Alors si des voix féminines dans ce genre-là ne sont plus d'énormes surprises, force est de constater que celle d'Iris dépote. Genre comme si on croisait la virilité de Veronica Freeman (Benedictum) et la pêche de Doro (oui elle était facile). Le tout sans faiblesses apparentes et tenant la scène comme une vraie frontwoman par un jeu énergie et habité, n'hésitant pas à aller chercher le public et à nous adresser quelques mots en français.
Bon, tout comme Evenpath, on regrettera un son pas toujours top au début de set mais qui ira crescendo pour finalement devenir optimal et nous plonger pleinement dans les conditions nécessaires pour se prendre au jeu. On retiendra pas mal de refrains grâce à des titres globalement variés et sachant jouer entre des instants in your face et d'autres se reposant plus sur les performances vocales (comme « Sixteen Men of Tain » où Iris fait merveille).
Concluant leur set sur une reprise des bien connus Judas Priest, « Nightcrawler », qu'ils se réapproprient avec un certain brio, Souldrinker aura fait fort ce soir. Pas facile d'être les parfaits inconnus de la soirée et de séduire autant. Ce combo ne demande donc qu'à grossir et affirmer encore tout son potentiel. Et vu le très bon set, nul doute qu'ils y arriveront très vite.
VISIONS OF ATLANTIS
Là, voyez-vous, le report était déjà écrit dans ma tête avant même de voir le show. Je m'attendais à y aller d'une plume assassine, descendant chaque titre du combo autrichien co-headliner de la tournée. Faut dire qu'Ethera, leur dernière galette parue à ce jour, n'est pas tip-top. Et que mon souvenir de VoA en live non plus (la prestation assez moyenne du MFVF IX). Voilà qu'ils rentrent en scène, commencent à jouer … et me font de plus en plus regretter amèrement mes préjugés.
Ce soir à Lyon, VoA a livré un très bon concert. Mais vraiment, hein. Pas un truc juste sympa mais qu'on oubliera très vite. Non non. Un set carré, professionnel, avec des morceaux tout juste assez accrocheurs pour qu'on rentre dans leur univers (même pour ceux qui ne connaissent pas), et d'autres plus variés et tempérés qui modèrent le rythme sans pour autant être trop mous (sauf « Vicious Circle » et surtout l'infâme « The Ark », maladroitement placée en début de jeu).
Ce qui joue aussi en faveur de Visions of Atlantis, c'est l'absence de Mario Plank … oui vous avez bien lu. En fait, le line-up est très rafistolé car on aura pas de basse, une seule guitare (et quel guitariste de talent !), un batteur de session et un chanteur dont on aimerait que VoA officialise la venue définitive. En effet, Babis Nikou remonte carrément le niveau. Genre de la présence scénique, un chant à la fois varié et efficace, juste et technique, et en plus avec un mec qui se paye le luxe d'aller sourire tout le temps et communiquer avec le public ? En veux-tu, en voilà ! Les deux vocalistes, grecs tous deux, sont d'ailleurs impeccables. Si la voix de la jolie Maxi Nil sur le dernier en date Ethera est clairement en-dessous de ses capacités habituelles et inquiète, elle nous prouvera ce soir qu'elle sait se rattraper en live. Avec les mêmes qualités que le bonhomme cité ci-dessus. Comment remonter en flèche le niveau du groupe et le capital sympathie envers ces autrichiens / grecs ? Check.
Du coup, les titres paraissent bien moins fades. Pire, même, ils utilisent une recette souvent similaires mais marchent très bien sur scène. Ceux qui bougent le plus font un véritable carton : « New Dawn » est excellente, et les titres qui emboîtent le pas à cette piste, s'ils ne cassent pas forcément trois pattes à un canard, suivent le même tracé, une renaissance scénique. « Avatara » ou « Burden of Divinity », par exemple, nous emportent immédiatement. Et que dire de « Memento » ? Pièce riche et puissance tout en gardant une belle atmosphère, celle-ci fera son petit effet grâce à la maîtrise de chaque musicien et à son instrumentale de qualité. N'oublions pas non plus un guest de choix : Robo Spacefighter sur « Machinage », dont on vous épargnera le tragique destin final.
Terminant son set sur la puissante « Passing Dead End » au refrain envoûtant, Visions of Atlantis a prouvé que tenir une scène est, pour eux, un jeu d'enfant. Seront-ils aussi bons une fois Mario de retour ? Là, ça reste à voir. En attendant, VoA nous a offert une sacré surprise. Pas le show de l'année, mais un très bon moment, ça c'est net !
SERENITY
Dans nos contrées, la formation autrichienne n'est pas la plus réputée mais voilà qu'ils partent déjà à la conquête de l'Europe en tant que tête d'affiche. Et déjà, ça en impose pas mal. Quand en plus ils restent une une belle victoire (l'excellent War of Ages chroniqué en nos pages), on peut dire que le combo a des arguments. Qui plus est, il s'agit de la première tournée pour Clémentine Delauney comme chanteuse officielle et non plus comme simple guest. Une promotion de rêve pour la belle qui ne s'imaginait sûrement pas dans une telle position il y a de cela quelques temps.
Une intro, des claviers, et c'est parti la musique ! Ouvrant sur un « Age of Glory » faisant office de rouleau compresseur, ce morceau représente très bien l'évolution actuelle de Serenity. Misant à la fois sur des orchestrations symphoniques grandiloquentes et de qualité, le combo n'oublie en aucun cas son aspect le plus prononcé, à savoir celui d'un power metal incisif et dynamique, histoire de bien faire bouger les foules. Une recette classique mais efficace que nos chers autrichiens savent appliquer avec brio.
Et alors cette voix féminine, qu'en est-il ? Voilà qu'au moment du refrain, Clémentine arrive donner la réplique à Georg et ne quittera plus la scène pour le reste du morceau, formant une réelle complémentarité avec le chanteur. Et ça fait son petit effet, croyez-le bien, car la chanteuse est d'un superbe niveau technique. L'entendre davantage que sur leur dernier effort en date est une bonne chose, nous permettant de profiter un peu plus du potentiel vocal de la jeune femme, à l'aise dans les divers registres qu'elle emploie mais semblant aussi avoir le contact facile avec le public ce soir-là (faut dire que jouer à domicile, ça doit grandement aider !).
Mais cette dualité vocale est-elle présente en permanence ? Oui et non. La française, bien que dorénavant intégrée à part entière à Serenity, n'est pas toujours là pour assurer le devant de la scène, s'éclipsant le temps de quelques titres. Elle sait cependant s'adapter à d'autres morceaux où sa présence est requise, comme « Rust of Coming Ages » où elle donne avec brio la réplique à Georg Neuhauser, mais sait aussi pousser quelques growls qui surprendront plus d'une personne.
Pas difficile de comprendre tout de même que celui qui reste le maître à bord, c'est Georg. Charismatique et talentueux, ce chanteur n'a pas forcément la voix la plus originale mais sait s'en servir parfaitement et démontrer que l'étendue de ses capacités est énorme. Et afficher sa bonne humeur permanente aussi. Et son humour. Ce qui est important au fond, car le contact établit avec le public y gagne. Pour en revenir à nos moutons, il pousse sur une partie du set la chansonnette en solitaire, notamment sur les morceaux issus des deux premiers opus, comme « Reduced to Nothingness » (où est invité le gratteux de VoA) ou « Coldness Kills », afin de se rappeler qu'avant, il n'y avait que lui au micro, et que les voix féminines n'ont été intégrées que bien plus tard.
Ces morceaux où Clémentine chante ne sont cependant pas en reste. Et au bonheur de moult fans, la formation offrira même sur scène « The Chevalier », où la demoiselle nous offre presque un mimétisme intrigant et convaincant d'Ailyn. C'est en alternant titres plus speed / power et morceaux plus mid-tempos que Serenity se permet aussi de briser une quelconque monotonie, même s'il est vrai que les pistes les plus posées font un peu moins d'effet. « Heavenly Mission », par exemple, est jolie, mais cependant pas assez marquante pour nous faire passer un moment inoubliable. D'autant plus que ça respirerait presque le Kamelot, tout ça. Idem pour « For Freedom's Sake ». Deux ballades dans un même set n'est peut-être pas du plus bon effet, et « Fairytales » a déjà un capital amour du public assez élevé pour que tout le monde la reprenne en cœur. Par ailleurs, cette dernière bénéficiera d'une version enregistrée, entièrement ballade-like (plus de guitares donc), avec la belle voix de Clémentine qui fait frissonner. Et si on gagne en sucre et en miel, on ne perd pas du tout en charme.
Terminant son concert sur les excellentes « Velatum » et « Serenade of Flames » (qui revit sur scène), Serenity démontre qu'ils sont capables de carrément assurer une scène. Ce groupe a tout pour aller loin. Espérons que la prochaine fois, l'affluence sera plus importante, car ils le méritent vraiment. Et en attendant, allez vous procurer le superbe War of Ages. Vous ne le regretterez pas.
Bonus : Robo Spacefighter !
Photos : © 2013 Tiffany Edighoffer
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Photos : © 2013 Emilie Garcin
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Remerciements à l'association Femâles pour l'organisation de cette soirée !