C'est dans le cadre fort agréable du Centre Culturel Suédois rue Payenne (ça ne s'invente pas !) à Paris que s'est déroulé, le mercredi 3 avril, une session d'écoute exclusive : celle présentant le nouvel album des death metalleux suédois à la sauce viking, les célèbres Amon Amarth.
Arrivés peu avant 14h, mon jeune assistant Nico et moi apercevons Johan Hegg (chant) et Olavi Mikkonen (guitare) en train de se restaurer sur place. Après un accueil chaleureux de Rose Vignat, attachée de presse du jour, nous nous installons dans une salle de projection où l'écoute de l'album va enfin pouvoir débuter.
Nous n'apprendrons le titre de l'opus qu'au milieu de l'écoute, moment où Rose nous distribuera la tracklist. Sachez donc que ce neuvième album studio des guerriers scandinaves s'intitulera Deceiver of the Gods et paraîtra le 21 juin 2013 chez Metal Blade.
Il est temps désormais de décortiquer cette première et unique écoute. Il ne s'agit donc en aucun cas d'une chronique ou d'un avis arrêté dans le marbre, juste un avant-goût en attendant des écoutes plus détaillées d'ici quelques semaines.
1- Deceiver of the Gods (4:02)
Très vite, on ressent l'effet que le changement de producteur a eu sur le son de ce nouveau disque. Jens Bogren a en effet laissé sa place au célèbre Andy Sneap (Accept, Kreator...) et le mix s'en ressent d'emblée notamment au niveau des basses plus audibles et clinquantes. Le morceau en lui-même démarre de façon classique avec un gros "yaaaaaaah" poussé par Johan Hegg suite à une courte intro. Un morceau éponyme direct et efficace qui laisse également transparaître un son légèrement plus moderne avec ce petit break qui n'est pas sans rappeler Soilwork. Refrain efficace même si pas forcément hymnesque.
"Asgaard will always be my home..."
2- As Loke Falls (4:38)
Loke (ou Loki), dieu fripon et traitre qui se rebella contre les hommes et les dieux, semble être le personnage principal de cet album. En plus du titre de l'opus, quelques chansons lui sont consacrées comme celle-ci (et forcément la précédente). Encore un "yaaaaah" lâché dans une intro entre death mélodique et son à la prog rock, puis une voix plus dark se fait entendre marquant le côté plus dramatique de la thématique. Cela reste cependant du Amon Amarth pur grain avec le retour de ces petites mélodies de guitare qui font sa marque de fabrique. A noter quelques riffs à la Iron Maiden par moment pour un morceau qui devrait gagner en intensité au fil des écoutes.
"Chaos, hate and wrath..."
3- Father of the Wolf (4:20)
Le père du loup, le dénommé Fenrir, n'est nul autre que ce brave Loki encore à l'affiche de ce morceau. Dès le début, on reconnait la patte d'Andy Sneap et ce son tout droit sorti des deux derniers albums de Accept. Nous sommes ici en présence d'une mid tempo tournoyante au refrain fort efficace, son solo très typé heavy (là encore à la Maiden) offrant une harmnonie de guitares fort intéressantes. Un excellent morceau.
"Serpents came, full of sin..."
4- Shape Shifter (4:00)
Dernier morceau dédié à Loki, roi de la métamorphose, d'où le titre. L'intro est sombre et la guitare se fait quelque peu blackisante par la suite. Puis le riff s'alourdit et la violence à l'état pure embarque via un Johan Hegg très inspiré. Le solo retourne au son Accept précédemment cité avant une conclusion fort convaincante qui offre une parfaite transition avec le morceau suivant.
"All I need is anarchy!"
5- Under Siege (6:20)
Le démarrage s'avère ainsi différent et plus technique, nous revenons à un son plus typé death mélodique mais Amon Amarth ne délaisse pas pour autant cette touche black vikingisante très personnelle. Un solo très année 80 vient quelque peu surprendre l'auditeur, mais c'est surtout ce refrain fort efficace (qui sera bien apprécié des fans) ponctué par un gros "DIE!" des familles. Peut-être le titre le plus "proggisant" de l'album, "Under Siege" se pare d'un solo de basse étonnant avant un final épique ponctué par un faux fade out à la guitare acoustique. Sensations fortes garanties !
"Over the gates, now we attack!"
6- Blood Eagle (3:09)
Une intro gore des plus dégoulinante vient suinter à nos oreilles, serait-ce une reprise de Cannibal Corpse ? Pas du tout, elle vient simplement illustrer cette torture ancestrale qui donne son nom au titre, un truc bien répugnant qui donne forcément le ton d'un morceau qui sera assez sombre, speed et épique. Un petit break nous rappelle vite fait "Tattered Banners and Bloody Flags" de l'album Twilight of the Thunder God mais avec une approche différente. Le titre le plus court et le plus direct qui siéra parfaitement aux amateurs de bourrin mélodique.
"Give me peace, only vengeance will set my spirit free!!"
7- We Shall Destroy (4:24)
Un des morceaux qui nous a le plus marqué à cette première écoute. En faisant bien attention aux paroles, on se rend compte qu'il raconte une histoire, entre unité et espoir avant une fin sur fond de peur et de sacrifice. Un texte écrit par Olavi Mikkonen, comme nous le révèlera Johan plus tard. Musicalement, on apprécie cette intro très groove et le chant dark de Mr. Hegg qui fait décidément (comme à son habitude) des ravages sur cette galette. S'en suit une structure très changeante mêlant allègrement un break solo lumineux, un roulement de batterie sur fond dark et des passages plus modernes. Pas mal de richesses donc sur cette piste.
"Side by side, we're marching into destiny..."
8- Hel (4:10)
LA curiosité de l'opus, puisque ce morceau bénéficie du guest de l'ancien chanteur mythique de Candlemass : la légende vivante Messiah Marcolin. Les attentes seront totalement comblées, pour ce qui est peut-être la chanson la plus étrange et la plus originale de toute la discographie du groupe. Evidemment la présence du doomster suédois n'y est pas pour rien, que ce soit par quelques choeurs ou en lead/chant doublé. Le "welcome to hell" à la fin du refrain nous renvoie ainsi aux grandes heures de Nightfall ou Ancient Dreams ! Epique à souhait, ce titre offre de grands moments à son auditoire, n'oubliant pas de rester dans la tonalité du groupe et de l'opus tout en proposant cette plus value exceptionnelle relevée d'un doublage à la cithare (ou instrument à corde du genre) au moment le plus inattendu. Après un final bercé d'un solo apocalyptique, nous sommes bouche bée et restons sans voix.
"Here you are, forever dwell... I welcome you to hell!"
9- Coming of the Tide (4:09)
Pas le temps de se reposer, le morceau suivant annonçant le "grand final" est tout sauf une offrande de transition. Si le démarrage se veut direct, on se retrouve d'emblée face à une mélodie à la In Flames qui surprend presque sans surprendre. A noter un énorme travail de la batterie et une basse qui suinte de bonheur, à ce niveau la prod a fait des miracles et ce ne sera pas pour déplaire aux aficionados de la rythmique. Johan y va d'un beau "ouuuuuaaaaooow" très animal après un refrain tubesque et efficace (sera-ce le single de l'album ?). Une nouvelle fois, le solo se Maidenise un peu mais avec une efficacité insoupçonnée. L'ambiance devient irrespirable alors que nous attaquons la dernière piste...
"These bastards shall know our endless wrath!"
10- Warriors of the North (8:21")
Et plus de huit minutes en apnée, vous pensez que c'est possible ? Amon Amarth nous fait rivaliser avec le héros du Grand Bleu sur cette conclusion épique et dantesque. Très vite, on imagine ce morceau en hommage à Game of Thrones, surtout lorsqu'on entend un "Winters come" venu de nulle part. Mais non. Là encore il s'agit d'un titre qui raconte une histoire, avec les textes une nouvelle fois de Oli, à mettre donc en parallèle avec "We Shall Destroy". Musicalement, nous allons cependant bien plus loin, pour un morceau à la fois fluide et torturé à la structure diablement intéressante. Les guitares se dotent d'un certain groove, le rythme change souvent et ce solo harmonisé avec un effet original ponctue une première partie qui reprend les paroles du départ. Au-delà des cinq minutes et en guise de terminus implacable, Johan Hegg lâche les chevaux et l'émotion virile l'emporte, on s'amuse même à repérer un son de guitare et une mélodie qui n'est pas sans rappeler Arch Enemy ou... Ghost ! Une fois l'entrée du Valhalla franchie, les cordes s'étouffent et l'album se conclue sur les résidus d'une mort guerrière héroïque. Puissant.
"A life in shame, a life in grief, until we rise again..."
"We march again, first in line, to reach Valhall's mighty gates!"
Il est clair qu'une seule écoute ne peut suffire et que cet album réserve encore plein de surprises. D'autant plus que, de l'aveu même de Johan et Olavi présents sur place, le réglage des enceintes n'offraient pas le meilleur équilibre sonore possible, donnant entre autre une impression de voix trop en avant. Cela ne peut donc que nous rendre impatient pour la suite.
A noter que, quelques minutes après cette écoute, nous avons pu nous entretenir avec le frontman charismatique du groupe pour une interview des plus passionnantes. A suivre... et rendez-vous fin juin pour la sortie de Deceiver of the Gods qui ne devrait pas tromper les amateurs du genre !