Et le Batofar tangua
Mode d’emploi pour faire tanguer une péniche parisienne : y faire rentrer plus de 250 metalleux, puis les faire pogoter au rythme de la musique endiablée de cinq groupes aux horizons divers, mais tous débordant d’énergie. Ces cinq formations françaises sont Dead Cowboy’s Sluts, Gravity, Appoline, Furykane et In Arkadia.
Dead Cowboy’s Sluts
La soirée commence avec les thrashers modernes de Dead Cowboy’s Sluts, dans un Batofar à peine rempli. Ben, le chanteur, ne se démonte pas et plaisante sur le peu d’affluence en début de set. Malgré cela le groupe parisien semble bien décidé à réveiller les fans avides de sensations fortes. Avec l’énergie de leur côté.
Il faut dire que Dead Cowboy’s Sluts est un groupe qui en veut. Aidés d’un son tout à fait correct, les musiciens peuvent balancer leurs compos directes sans jamais lâcher le public d’une semelle. Il faut dire que Ben se montre proche du public du début à la fin du concert, réclamant circle pits et autres débauches d’énergie en tout genre. La bonne humeur est de mise, même lors des désagréments techniques, comme la basse de Morgan qui rend l’âme avant que le groupe n’entame son dernier morceau.
La musique directe et efficace du groupe leur aura permis de convaincre un public pourtant pas forcément venu pour eux à la base. Une belle performance qui aurait mérité plus de spectateurs.
Gravity
Il est temps d’enchaîner avec les Montpelliérains de Gravity pour délivrer leur metalcore moderne aux influences variées. Bien en voix, Emilie harangue le public déjà plus conséquent et ne l’abandonne jamais, hurlant à plein poumons les différents titres du set, dont une bonne partie est tirée d’Eutheria, dernier album en date du groupe.
Cette dernière maîtrise aussi le chant clair et se fait accompagner de fort belle manière par le bassiste Tim, qui assure les chœurs. Les musiciens assurent, avec Alex enchaînant les riffs modernes et torturés pendant que Mathieu délivre des solos propres et appliqués, de quoi faire regretter son récent départ du groupe.
Malgré cette perte, dont tous les membres avaient connaissance, l’humeur est à la fête et les metalleux présents dans la fosse du Batofar l’ont bien compris se chauffent dès que Gravity entame son deuxième morceau. Une énergie qui ne se perdra pas jusqu’à la dernière note jouée.
Apolline
Il est temps maintenant d’accueillir les rockeurs d’Apolline. Si le groupe calme le jeu sur les distorsions et présente une musique plus mélodique, l’énergie reste présente. Elle est notamment communiquée par Arthur Navellou, frontman qui, nu-pieds, se démène en beau diable en bougeant de part et d’autre de la scène, s’accrochant aux poutres au-dessus de la scène et se montre habité par la musique tout le long du set.
Musicalement, Apolline pioche ses influences dans les années 70, avec une influence notable de Led Zeppelin, avec des touches Floydiennes sur les passages planants, et les mélange avec un son moderne et une approche que n’aurait pas renié Muse lors de ses débuts. Des influences pop parsèment également les compos fort bien interprétées par les musiciens.
Devant un tel changement stylistique, qui tranche avec les deux groupes de metal moderne qui ont précédé le groupe présent, le public se montre un peu timide au début, mais se retrouve vite happé par la musique présentée, à la fois gracieuse et énergique. Un groupe que beaucoup de metalleux auront découvert ce soir, qui a pu capter l’attention de certains d’entre eux.
Furykane
La population du Batofar commence à se densifier et à s’agglutiner devant la scène à l’approche du set de Furykane, groupe de rock parisien tout de blanc vêtu furieusement électrique qui montre une sacrée énergie sur scène et arrive à bien transposer les compos sur scène, malgré une basse trop présente dans le mix. Mené par la dynamique Jen, qui, de sa voix stridente, déclame ses paroles avec un phrasé rapide, parfois proche du rap.
Si un tel débit de paroles peut dérouter le public, le groupe a prévu des refrains à reprendre en chœur, avec notamment "Altering Faces" et ses "blah blah blah blah" qui retentissent dans l’ensemble de l’enceinte du Batofar. Ce même public, visiblement content de la prestation du groupe, tente de rivaliser avec l’énergie des musiciens, à grand reforts de wall of death. Jen n’hésite pas non plus à les prendre à partie à de nombreuses reprises.
Le groupe a réservé aussi quelques surprises à ses fans en leur présentant en début de set de nouveaux titres qui figureront sur le successeur de Fake. Force est de constater qu’ils s’intègrent fort bien aux autres, ce qui montre que Furykane ne perd pas d’énergie. Voilà qui laisse à présager une suite prometteuse.
IN ARKADIA
Place maintenant à la tête d’affiche de la soirée, In Arkadia, groupe lyonnais qui décrit sa musique comme du "modern deathmetalcore". Le déluge d’énergie prévu se fait sentir dès les premières secondes du set, avec un chanteur, Alix, qui exhibe un growl énergique et implacable, couplée à une forte présence sur scène, qui ferait presque oublier les problèmes qu’il rencontre avec son micro.
Côté musique, ça tabasse, notamment au niveau des riffs, servis par Paul et Mirfin, qui les enchaînent sans broncher de manière appliquée et sans quitter des yeux le public. Si le son a tendance à saturer, il n’y a point de gêne dans l’écoute des compos résolument modernes et l’ensemble de l’orchestre brutal présent sur scène est audible.
Le public se montre conquis dès le début du set et se montre impitoyable dans les moshpits, les fans les plus massifs envoyant valser dans la bonne humeur quiconque rencontre la trajectoire de leurs bras agités. Mais l’humeur est avant tout à la fête et les fans l’ont bien compris et enchaînent les pitreries en tout genre, comme un circle pit entièrement assis en fin de set.
Devant un tel public, le groupe est conquis et se donne de plus belle, notamment sur la reprise d’Hatebreed, "I Will Be Heard", jouée avec un ami du groupe, Mike, qui viendra prêter main-forte à Alix avec des vocaux tout aussi endiablés. Une bien belle conclusion pour cette soirée qui concentrait énergie tout en mélangeant les genres.
Un grand merci à Marie Warner pour les photos.