Le thrash baigne dans le sang
Premier succès de Slayer, Reign in Blood est un album de thrash à part sorti en l’an de grâce 1986, qui a marqué à jamais le monde du metal, avec une violence exacerbée et des hymnes immortels. Avec cet album, un pas a été franchi pour le groupe, qui a vu son son évoluer, et un pas a été franchi dans le monde du thrash, qui ne s’est toujours pas remis de ce disque.
Un riff apocalyptique, un tempo à fond la (grosse) caisse et un cri de détresse qui déchire les tympans. C’est ainsi que commence le classique "Angel Of Death" et par la même occasion Reign In Blood, troisième album de Slayer, qui a laissé des plaies qui sont encore ouvertes. Avec l’œil averti d’un nouveau producteur, Rick Rubin, qui signe ici son premier album de metal, les thrashers californiens sont prêts à changer la face du thrash.
Il ne leur faut pourtant pas beaucoup de temps. Dix chansons pour 29 minutes de pure brutalité, le résultat d’un travail de raccourcissement des chansons pour une recherche d’efficacité et de concision dans le but de « faire un disque bien plus intense » a déclaré le guitariste Kerry King à Decibel Magazine. Le résultat est un bloc compact de riffs malsains, de rythmiques destructrices et de vocaux endiablés.
Si la brutalité est le maître-mot de Reign In Blood, chaque morceau est unique et apporte une nouvelle facette à l’album. On retrouve l’agressivité pure dans "Piece By Piece" et "Epidemic", le thrash pachydermique dans le mid-tempo "Postmortem", le vice dans le malsain "Criminally Insane" et même la mélodie dans la tubesque "Raining Blood". Pas besoin de plus ni moins, Slayer a trouvé l’équilibre parfait.
La brutalité passe également par l’interprétation des musiciens. Les deux leaders Jeff Hanneman et Kerry King n’ont de cesse de se renvoyer la balle en enchaînant riffs d’outre-tombe et solos diaboliques en suivant le tempo supersonique de Dave Lombardo soutenu par la basse discrète mais indispensable de Tom Araya. Ce dernier se fait plus remarquer par son interprétation vocale, plus maîtrisée, qui transpire la haine et le vice, aidée par un phrasé aussi rapide que les rythmiques interprétées.
Si Reign In Blood marque le début du succès commercial pour Slayer (94e place au Top 200 du magazine américain Billboard), il a aussi marqué les esprits de nombreux artistes dans le monde du metal extrême, dont influencé Paul Mazurkiewicz, batteur de Cannibal Corpse, marqué par le jeu de Dave Lombardo, ainsi que le groupe Vader, qui termine ses concerts avec la reprise de "Raining Blood". On peut également retrouver ici les témoignages de Gary Holt et Paul Bostaph concernant l’album.
Plus qu’un album intense, Reign In Blood est un pilier dans le thrash metal, dans sa vision la plus brutale et extrême. Il s’agit d’un disque implacable dont la violence est encore d’actualité près de 27 ans après sa sortie.
“Raining blood
From a lacerated sky
Bleeding it's horror
Creating my structure
Now I shall reign in blood!”
Ce flashback est dédié à la mémoire de Jeff Hanneman, décédé le 2 mai 2013.