Multi-talents, Rob Zombie est l’une des personnalités-clef de notre belle scène metal. Musicien, metteur en scène, auteur, il est difficile de passer à côté du génie déjanté du Massachussetts. Fortement versé dans le cinéma ces dernières années (avec la production de films d’horreur comme La Maison des 1000 Morts, Halloween volets 1 & 2, ou tout récemment Lords Of Salem), il n’en a pas pour autant ralenti son activité musicale, et revient aujourd’hui nous présenter son tout nouveau cabinet de curiosités !
Cinquième album studio de sa carrière solo, le délicatement nommé Venomous Rat Regeneration Vendor s’ouvre avec le tout aussi délicieux « Teenage Nosferatu Pussy » et propose une entrée en matière alléchante : dialogues tirés de série B retro, musique metal indus sous forme de procession militaire, synthé style orgue Hammond en fond, et bien-sûr la guitare flamboyante de l’excellent John 5. « Dead City Radio and The New Gods Of Supertown » (à vos souhaits !), dont la nouvelle vidéo est tirée, fait fricoter rock’n’roll décadent et gros riffs avec le freaky et des ambiances étranges de synthé. Le panthéon de Rob Zombie est là : monstres sublimes, bêtes curieuses tirées du cirque (n’oublions pas que ses parents y travaillait), et votre groupe de rock préféré fraîchement débarqué en ville. Constat intelligent des années radio, tout en métaphores très imagées et subtiles, « Dead City Radio » exalte le monde merveilleux des artistes fabriqués et de la soupe FM nauséabonde : « I want to tell you about Dead City Radio, man ; and the New Gods of Supertown. A world of magic lanterns and chemical blues… Everybody is eating on behalf of the Gods, with their plastic necks and silver teeth… It’s right here now that we best serve the Beast of Transmission and the cool passing wave of ignorance… We listen to the Radio – Dead Radio” ("J'aimerais te parler de Radio Ville Morte, mec; et des Nouveaux Dieux de Superville. Un monde de lanternes magiques et de blues chimique... Tout le monde mange au nom des Dieux, avec leurs coups en plastique et leurs dents en argent... C'est ici et maintenant que nous servons au mieux la Bête de la Transmission, et la bande passante cool de l'ignorance... Nous écoutons la radio - la Radio Morte").
John 5, Ginger Fish, RZ et Piggy D
Programmation électro, batterie groovy et guitare de folie sur « Revelation Revolution » pour porter à bien la philosophie de la troupe de Zombie : « We are what we are, like it or not » ("Nous sommes ce que nous sommes, que tu aimes ou pas"). Ca joue la mort (c’est le cas de le dire) et l’on en entend beaucoup murmurer, dans les forums internationaux, que les griffes de John 5 et Ginger Fish (batterie, anciennement chez Marilyn Manson également) sur ce nouvel album de Zombie sont précisément la façon la plus noble dont auraient dû sonner les dernières productions de Marilyn Manson… En effet, ce que l’on ne peut s’empêcher de constater est que sieur Zombie a une longueur d’avance sur ce dernier, en terme de musicalité ; car non content de délivrer un shock rock du meilleur goût, il sait également s’entourer de musiciens tout autant décalés que lui certes, mais extrêmement talentueux avant toute chose.
Après un interlude en musique Indienne et cithare avec « Theme For The Rat Vendor », « Ging Gang Gong De Do Gong De Laga Raga » (à vous souhaits bis) renchérit avec riffs lourds de big rock et wah wah sur la guitare. « Rock and Roll (In a Black Hole) » est le syncrétisme parfait entre rock’n’roll groovy à l’ancienne repiqué électroniquement par des sons synthétiques. Zombie scande dans sa voix d’outre-Terre et d’outre-tombe : « We’re all dancing in a black hole, when all we wanna do is rock’n’roll » ("Nous dansons tous dans un trou noir, alors que tout ce que nous voulons faire est rocker"), à quoi répond un personnage tout droit sorti des films d’horreur des années 30 : « you may think you’re normal, but you’re all a product of mutation » ("Vous pourriez pensez que vous êtes normal, alors que vous êtes tous des produits de la mutation"), étonnamment vrai par les temps qui courent, par ailleurs… Peut-être le meilleur titre de l’album, tout en contraste et en dynamiques qui savent attraper l’auditeur à la gorge.
« Behold, The Pretty Filthy Creatures !» (« Admirez les jolies créatures répugnantes ! ») est une ode à ces fameuses créatures à la fois horribles et sublimes chères à l’imaginaire de Zombie, avec ce titre très metal et totalement barré, mettant à l’honneur un super solo de synthé (oui oui). « White Trash Freaks » propose un road movie à la Massacre à la Tronçonneuse et offre la formule classique à la Rob Zombie. Un hit.
La reprise du groupe Grand Funk Railroad, « We’re An American Band », tranche un peu avec le ton sombre pour embrasser l’Americana qui inspire notre ami Rob. « Lucifer Rising » est le titre speed de l’album, furieux et badass, dans lequel brillent une nouvelle fois John 5 et Piggy D (basse) avec riffs lourds, solos furieux, et son futuriste et fouillé à la guitare ; mais aussi Ginger Fish qui assure carrément derrière son kit de batterie, et avec ses sons mi-organiques mi-synthétiques, comme toute bonne créature mutante. « The Girl Who Loved The Monsters » (et ses extraits de dialogue en français) et « Trade In Your Guns For A Coffin » concluent respectivement l’album sur une note hyper groovy / heavy, et punk, et vous souhaitent à tous une douce nuitée et de charmants cauchemars.
Cinématographique, haut-en-couleurs (comme en atteste la très sympathique pochette de l’album), cette nouvelle sortie discographique de Rob Zombie est comme à l’accoutumée dark à souhait, totalement décalée, mais jamais dépourvue de sa dose d’humour et d’autodérision, comme un bon vieux Ed Wood. « Venomous Rat Regeneration Vendor » enchantera les fans de Zombie Boy (ah non, c’est un autre ça !) avec son cocktail habituel détonnant, à réveiller plus d’un mort. Car un album de Rob Zombie c’est un peu comme un condensé du Dia de Muertos Mexicain : une célébration de la vie à travers les morts.
Liens :
Le site officiel de Rob Zombie
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