Suicidal Tendencies – 13

Le Metal a ses symboles, ces p'tits détails auxquels on rattache les idoles et qui fait qu'on les aime  encore plus, citons par exemple : Angus Young et son costume d'écolier, Rob Halford et ses menottes ( on peut se demander avec qui il peut les utiliser parfois backstage ), Kerry King et son énorme bracelet à clous ( pas pratique pour se gratter le nez ), Lemmy et ses verrues ou James Hetfield et ses « Oh Yeah ! », bref ils ont tous une caractéristique qui les différencie les uns des autres et qui les rend plus attachants. A cette liste, je rajouterais Mike Muir, Mike Muir, son bandana lui cachant presque les yeux, ses bermudas et ses longues chaussettes, Mike Muir et sa dégaine de caillera californienne, Mike Muir et ses déclarations fracassantes sur Dave Mustaine ( en même temps c'était très à la mode à cette époque de s'acharner sur le leader de Megadeth ) lors de la légendaire tournée Clash Of The Titans.

Bref, Mike Muir est une légende, voilà c'est dit, à la tête de deux combos : Infectious Grooves et Suicidal Tendencies, enfin non disons plutôt Mike Muir EST Suicidal Tendencies ( en même temps c'est le seul membre originel du groupe ). Suicidal...Pour tout ex-ado qui a grandi à la fin des années 80, bercé par le doux son du alors triomphant Thrash Metal, ce nom est évocateur de bien beaux souvenirs, d'envies de slam effrénées dans les couloirs du lycée sur fond de « Trip At The Brain » ou autres « Possessed To Skate » par exemple... Pourtant, Suicidal Tendencies n'a jamais fait vraiment du Thrash, après des débuts Punk/Hardcore ( leur premier album, un classique de ce genre; est clairement dans cette veine là ), le gang ( terme que je n'emploie pas innocemment car l'imagerie du groupe à ses débuts était très « gangsta », il se murmurait même que Muir avait fait partie des Venice White Boyz, un célèbre gang de Los Angeles) de Cyco Miko s'est vite créé un style qui allait faire école : Le Crossover, parfaite alliance entre la rage du Punk avec la technique et la puissance du Thrash Metal.Le groupe a sorti de sacrés classiques dans ce style là ( des joyaux nommés Join The Army et How Will I Laugh Tomorrow When I Can't Even Smile Today ) avant de prendre une direction plus fusion à partir de Lights...Camera...Revolution! qui vit l'arrivée dans ses rangs ( il avait déjà fait une apparition sur le EP  Controlled By Hatred/Feel Like Shit...Déjà Vu ceci-dit ) du bass hero Robert Trujillo ( ce nom doit bien vous dire quelque chose..? ).

Jusqu'à The Art of Rebellion ( album plus mélodique et plus aventureux qui marque l'apothéose artistique du combo selon-moi ), Suicidal a été une légende en marche, conquérante,  rameutant dans ses concerts aussi bien les métalleux, les hardcore freaks, crêteux et autres curieux pour s'unir sous un même drapeau : Celui de la défonce décibélique, avant qu'arrive un certain déclin qui allait amener au split en 1995 et une reformation deux ans plus tard suivie de sorties sporadiques.

Suicidal Tendencies

Et puis voilà qu'en ce printemps 2013 débarque 13...Dixième ( si l'on enlève les compilations ) album du groupe ( disponible sur Suicidal Records depuis le 15 avril ) , un titre qui évoque peut-être l'année 2013 ou les 13 titres qui composent le disque. Si le line up légendaire du groupe ( Trujillo, le batteur Jimmy DeGrasso et les deux guitaristes Mike Clark et Rocky George ) n'est plus, Mike Muir ( qui vient de fêter ses cinquante ans au passage ) a trouvé les bons musiciens ( donc certains sont issus de son autre groupe Infectious Grooves ) pour perpétuer l'esprit Suicidal de nos jours. 13 n'est pas un mauvais  disque même s'il n'égale pas les perles sorties par le groupe antan, dès le premier titre, l'efficace « Shake It Out » Muir nous prévient : « My name is Cyco Miko and I'm a maniac », la tonalité de l'album est donnée : On est là pour s'éclater, se défouler et si ça vous plaît pas, dégagez. 13 regroupe en fait tous les ingrédients qui ont fait le succès de Suicidal lors de ses différentes incarnations, que ce soit le mid tempo, que l'on sent bien pour introduire les futurs concerts du groupe du déjà cité « Shake It Out » avec ses gros choeurs virils, les furieuses décharges Crossover/Thrash de « Smash It ! », « Make Your Stand » «  Slam City » ( qui porte bien son nom car on a réellement envie de s'envoyer en l'air, en se faisant porter par des bras complices, en l'écoutant ) qui nous pousseraient presque à sauter partout, n'importe où et en n'importe quelle occasion ( en faisant ses courses dans un hypermarché bondé un samedi par exemple : « Excusez-moi, je voudrais juste poser mon baril de lessive sur le tapis roulant, « Slam City ! », oops oui je viens de vous grimper sur les épaules, désolé,  « Smash It ! », oui allez-y portez-moi tous jusqu'à la caisse que je puisse payer et fuir cet endroit ! » Bref ), les furieusement Punk « This Ain't a Celebration » ( et toujours ces choeurs qui scandent des « fight ! » appelant à la révolte le samedi à Auchan, un :morceau à écouter très fort pour vraiment en apprécier la saveur ), « Show Some Love...Tear It Down » ( qui rappelle le projet solo de Mike Cyco Miko ) ou « Living The Fight » ou les morceaux Metal/Fusion comme « God Only Knows Who I Am » ( et sa ligne de basse qui renvoie aux Infectious Groove ), « Who's Afraid , » ( on pense à Lights...Camera...Revolution! Sur celui-ci ) «  Til My Last Breath » ( qui évoque encore les Infectious ), Cyco Miko ( c'est son surnom au cas où vous n'aurez pas deviné ) a voulu se faire plaisir et contenter chaque frange de son public. En cela 13 réussit parfaitement sa mission.

Oui mais voilà, j'ai eu beau écouter plusieurs fois cet album et finalement j'ai trouvé qu'il  manquait un p'tit truc pour qu'il mérite une très bonne note. Mes dernières auditions m'ont  donné la réponse à cette question existentielle qu'est : Pourquoi le dernier album de Suicidal  n'est-il pas celui de l'année ? Il est trop long, voilà. A la fin, on s'ennuie un peu quand même.  Non pas que  « Till My Last Breath » ( avec sa basse slappée et son début presque  mélancolique ), « Living The Fight » et « Life...(Can't Live Without It) » ( où l'on pense à la  période The Art Of Rebellion ) ne soient mauvais mais ils auraient pu sauter du track listing  et faire de 13 un album moins long...Et plus furieux. Et puis ce single «Cyco Style »  ( malgré son break mosh et ses « Cyco Cyco Style ! » scandés ) n'est pas transcendant non  plus et fait un peu retomber le soufflet. 13 évite cependant la catastrophe par la très bonne  tenue des morceaux cités plus haut, au début de cette chronique, le très  bon niveau des  musiciens ( les solos de guitare sont très soignés et la section rythmique groove terriblement  bien ), la voix superbement conservée de Mike Muir ( même s'il a perdu un peu de sa rage  des débuts ) et quelques surprises sympas par endroits comme ces parties lead de basse et ce  solo de guitare un peu jazzy sur « Show Some Love » par exemple.J 'ai surtout l'impression  que ce  Suicidal Tendencies cuvée 2013 est avant tout un prétexte pour Cyco Miko et sa  bande pour brûler les planches de nouveau ( domaine dans lequel le groupe de Venice  semble toujours exceller malgré les problèmes de dos de Muir qui l'ont poussé à se retirer un  peu de la scène ces dernières années ).13 n'est donc pas la sortie majeure de l'année mais un  bon remède à la morose quotidienne quand même pour tous les suicidal maniacs que nous sommes. Pfft, c'est quoi encore ce monde aux caisses ? « Fight  ! », comment ça je vous marche dessus monsieur ?

Liste des titres :
1 « Shake It Out »
2 « Smash It ! »
3 «This's Ain't A Celebration »
4 « God Only Knows Who I Am »
5« Make Your Stand »
6 « Who's Afraid ? »
7 « Show Some Love...Tear It Down »
8« Cyco Style »
9 « Slam City »
10 « Till My Last Breath »
11 « Living The Fight »
12 « Life ( Can't Live With It, Can't Live Without It ) »
13 « This World »

 

NOTE DE L'AUTEUR : 7 / 10



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