Retournons dans les forêts abandonnées de Suède afin de retrouver notre sorcier encapuchonné sous un masque monstrueux en la personne de Johan Lahger, ou plutôt Shamaatae, l’homme à tout faire d’Arckanum un an et demi après la sorti d’Helvitismyrkr déjà sorti chez Season of Mist.
Comme l’artwork nous le montre, Shamaatae a conçu son album autour de Fenrir, le loup géant de la mythologie nordique, fils de Loki et de la géante Angrboda aussi appelé Tungls Tjúgari. Et comme le dit le musicien « Hail Fenrir ! ».
Pour cet album, la tête pensante d’Arckanum s’est basé sur la vision qu’il avait sur la marche de Fenrir pour la bataille prophétique Ragnarök durant laquelle il avalera Odin puis sera abattu violemment par son fils Vidar qui lui arrachera la mâchoire après lui avoir transpercer le cœur avec son épée. Glups!
Cette vision me faire soudainement penser à celle délirante de Lester Bangs dans son ouvrage Psychotic Reactions & autres carburateurs flingués lorsqu’il évoque ses souvenirs de Jour de l’an… « Je carburais à la Marézine et ne cessais de voir de petits hommes armés de haches et de marteaux taillader des démons pygmées, bredouillants et nus, dans les revers de veste des autres. Quand je suis rentré, j’ai halluciné que toutes sortes de gens entraient dans la chambre, et je tendais les mains vers eux en hurlant : « Ne vous dissolvez pas ! Ne vous dissolvez pas ! » Ce qui faisaient bien sûr. »
Dans son œuvre Shammatae rend hommage à la colère, rude et sauvage anti-nature de l’essence même de la puissance phénoménale de Fenrir qu’il décrit comme l’ennemi anti-cosmique de l’univers. Sûrement en référence à l’ouvrage qu’il a écrit sous le nom de Vexior sur le chaos-gnosticisme, le satanisme anti-cosmique, la religion du Vieux Norrois (PanParadox: Pan Towards Chaos et Gullveigarbók). Voilà pour l’histoire et la musique dans tout ça ?
Comme souvent avec le suédois la musique reste assez minimaliste dans un esprit punk qui ne veut pas dénaturer et celui proche des premières hordes de groupe Black Metal venu du Nord. La musique comme avec « Dólgrinn » est assez cru, lancée à toute allure. C’est simple et direct avec une batterie sous adrénaline avec son rythme à contre-temps caractéristique des breaks prisés dans l’univers du « Pure Black Metal » survitaminé. La Voix est rocailleuse à souhait et les roulements de batterie proches du tonnerre Une musique qui ne fait pas de concession, assez brut et peut-être trop simpliste pour certain.
Sur ce 8ème album d’Arckanum, « Tungls Tjúgari » déboule sec, on est même écrasé par tant de son. Le titre avance en faisant des breaks avant de relancer la machine sous un mur sonore que l’on retrouve aussi avec « Hatarnir » qui évolue dans la même veine, rythme soutenu, riffs pointus et bien aiguisés, effets vocaux de voix ensorcelées.
Il est à noter que sur l’interlude « Hamrami » on retrouve un violon qui relève un esprit slave à la musique.
« Angrboða » cavalcade punkisante et rollante est un titre très rapide sous un chant shamanique, guerrier. Un morceau encore plus roots où Shamaatae vocifère, hurle dans l’urgence, c’est sur « Spell ».
Bref, l’album dans son ensemble ne fait que 40 minutes et 47 secondes, alors si l’on enlève les interludes soporifiques et lourdingues on doit enlever 12 minutes et 26 secondes ce qui nous laisse au compteur un album de seulement 28 minutes et 27 secondes… ce qui est assez maigre.
Lionel / Born 666