Un rêve de gosse
Chers amis bonjour! Aujourd'hui nous allons apprendre la recette d'un délicieux, et gras, gâteau nommé Starkill. Les ingrédients et les grandes lignes de la recette sont les suivants: prendre un bon gros morceau death-viking façon Amon Amarth, y ajouter une grosse louche de Dimmu Borgir et incorporer des éclats power-épique, la marque Symphony X est plus que recommandée. Une fois le tout bien mélangé, le verser dans un moule badigeonné de Children of Bodom. Avant de servir, saupoudrer d'un peu de Finntroll. Bon appétit!
Et bien quelle claque! Il y a bien longtemps qu’un groupe aussi jeune n’avait pas envoyé un truc aussi lourd et efficace. Par jeune, on entend bien sûr la rencontre entre les quatre membres, Parker Jameson (chant, clavier et lead guitare), Spencer Weidner (batterie), Charlie Federici (guitare) et Mike Buetsch (basse), qui date de 2009, mais également l’âge de ces musiciens. Si les dates de naissance semblent difficilement trouvables, il suffit de regarder leurs trombines pour se rendre compte que ces garçons sont âgés de 20-22 ans max. Et lorsque l’on voit leur niveau technique, on se dit franchement qu’ils sont nés avec leurs instruments dans les bras.
Composé de Suédois et de Finlandais, Starkill sort son premier album en cette… ho wait wait wait ! Et bien non. Malgré des influences en provenance de pays d’Europe du nord, c’est bien aux USA (Chicago) qu’est né ce combo prometteur. Pas question de Pantera, Machine Head et autres Metallica ici. C’est donc en cette belle année 2013 que Fires of Life sort du bois. Et cette première production s’affiche comme une sorte de fantasme pour tout fan de metal. Alliant la puissance du death-mélodique à la violence et la froideur du black metal. Mêlant habilement l’émotion du power-épique à l’euphorie du pagan, Fires of Life est un joyeux bordel sublimé par des musiciens de talent.
Dès la première piste, "Whisperes of Heresy", Starkill montre cette maitrise des genres. Un clavier jouant une mélodie glaciale, qui est ensuite rejoint par des guitares ultra speeds et une batterie d’une violence incroyable (le batteur a combien de bras sérieux ?). On a le sentiment d’être en train d’écouter du Dimmu Borgir, de se promener dans une vaste plaine suédoise enneigée. Lorsque soudain, tout devient beaucoup plus chaud. Les solos épiques s’enchaînent et le clavier monte d’un cran en vitesse. On passe radicalement d’un style à l’autre. À noter également le chant enragé de Parker Jameson.
Cette voix et ces growls bien gras feront d’ailleurs inéluctablement penser à ceux de Johan Hegg d’Amon Amarth. Plus particulièrement Sur "Fires of Life" ou "This Is Our Battle ; This Is Our Day". D’ailleurs, ces deux pistes SONT du Amon Amarth. Un véritable copié-collé de la musique des cinq vikings oui, mais agrémenté par de superbes et épiques mélodies jouées tantôt au synthé, tantôt à la six cordes.
La six cordes, puisqu’on en parle, tient un rôle prépondérant dans chacun des dix morceaux qui composent ce Fires of Life. Normal étant donné qu’il est question d’un groupe de metal, qui, de surcroit, se veut démonstratif. Néanmoins, il faut reconnaitre que cette profusion de solo dans chacune des compositions peut-être un peu indigeste. Avec Starkill, c’est trois à quatre par piste. C’est ici que les amateurs de Symphony X et autres Dragonforce trouveront leur compte. Notamment avec "Immortal Hunt".
Mais il serait hypocrite d’affirmer que ces solos viennent plomber le travail du quatuor. Comment ne pas s’extasier devant le génial et complètement épique "Below the Darkest Depths" qui, après écoute, donne une irrémédiable envie de grimper sur un cheval et se jeter corps et âmes dans une bataille moyenâgeuse? Ou pourquoi pas l’envie de se dégoupiller une bonne bière et de sauter dans tous les sens avec le carrément folk "New Infernal Rebirth".
Jouant à fond la carte de l’efficacité et de la technique, Starkill signe ici une œuvre complète. Peut-être même un peu trop. Outre la déferlante de solos, Fires of Life offre dix pistes relativement longues, 4min50 chacune en moyenne, pour une durée totale de 55 minutes. Fort heureusement, l’ensemble est assez varié grâce à l’alternance des styles et des influences citées précédemment.
Bien que gommé par le très bon niveau des zikos et l’énergie que l’on ressent en écoutant Fires of Life, un défaut de taille subsiste : un très gros manque de personnalité et d’originalité. Si des mots comme « influence » reviennent de façon redondante lorsque l’on parle de Starkill, c’est bien parce que leurs compositions ont de très gros airs de déjà vu.
Il convient donc d’aborder ce premier album avec une certaine tolérance. Et une fois ce manque de « signature » oublié, l’auditeur peut sans problème apprécier un œuvre carrée, impressionnante, décomplexée, défoulante et, pourquoi pas, addictive. Si les américains arrivent à développer un style qui leur est propre tout en améliorant leur talent de musicien, déjà bien haut, alors c’est un bel avenir qui les attend. C’est en tout cas tout le mal que l’on peut leur souhaiter.
Note finale :
6/10 pour les pointilleux en manque d’originalité
8/10 pour les autres