Encore un groupe qui sombrera dans l’oubli.
”¨”¨C’est comme cela que Pryapisme finit la biographie de sa page Facebook. et cette bio résume bien l’esprit du groupe. Elle est drôle, pleine d’auto-dérision et de références à go-go, tant au monde de la musique expérimentale et de l’art qu’à un certain esprit d’adolescent aimant les blagues légèrement douteuses. Se dégage de ces quelques lignes, aussi bien en anglais qu’en français, une atmosphère de non sérieux bien agréable compte tenu de la musique qu’ils jouent. ”¨Car peut-être si leur musique était sérieuse elle en serait insupportable. En amenant cet esprit entre Francis Poulenc et Frank Zappa, Pryapisme rend son cocktail de musique changeant toutes les 20 secondes non seulement supportable mais bel et bien extrêmement intéressant et appréciable. Et ils nous le prouvent encore une fois dans leur nouvel album Hyperblast Super Collider qui d’après eux est le bande son de “La Chatpocalypse 8 bit”.
Attachez-vous bien à votre siège, et éloignez vos amis épileptiques.
Hyperblast Super Collider est le deuxième opus du groupe de Clermond-Ferrand, fondé en 2000 selon la bio citée plus haut. Sa formation assez complexe est centrée autour de trois musiciens principaux:
Nicolas Sénac (guitare, basse, synthés),
Benjamin Bardiaux (claviers)
Aymeric Thomas (batterie, clarinette et machines)
Accompagnés de plusieurs invités:
Alexandre Peronny (basse)
Adrien Cailleteau (saxophone alto et tenor)
Yann Leglaz (saxophone alto)
La Belette (miaou)
Contrairement à Rococo Holocaust, le précédent album auto-produit et distribué, celui ci est sorti chez Apathia Records.
L’album commence par le ‘single’ accompagné d’une vidéo: Un druide est giboyeux lorsqu’il se prend pour un neutrino. Le morceau comme la vidéo font écho à leur démarche générale: un joyeux collage de parties venant d’endroits différents formant une ambiance unique et délirante. On commence par une batterie de techno-trance pour se changer en riffs progs puis extrême et se fondre dans des parties calmes aux harmonies complexes. La vidéo quant à elle rend apparent un autre aspect du groupe qui l’est moins apparent dans la musique seule. Pryapisme est dans cet album en tous cas, l’enfant d’internet. De cette frange qui s’extasie sur les chats, les jeux vidéos rétros et la science, d’où des titres comme: "La notion de chiralité de spin et d'oscillation de saveur des particules supersymetriques definissant un champs scalaire lors d'une transition de conifold en cosmologie branaire dans un modele ekpyrotique".
À partir du moment où l’on comprend ce fait, c’est à dire tout de suite, le mélange de riffs black metal, de dubstep, de musique 8 bit ("Random Jean Vigo", dont je n’arrive pas comprendre le rapport entre ses films et ce morceau...) ou bien de cornemuses, de miaulements et valses grinçantes ("La notion...") ou encore d’inspirations baroques (le court et jouissif "Lesbian Bordello") devient comme une agréable discussion entre potes occupés à se lancer des blagues à l’humour référentiel.
ӬӬ
Un seul écueil pour ma part, dans ce florilège d’humour musical sophistiqué. Même si je tiens à dire que cette ‘reprise’ est de grande qualité, à mon sens, reprendre "La Nuit Sur Le Mont Chauve" de Moussorgski pour un groupe de métal est d’un cliché assez immense. Je pense cependant que l’on peut leur donner le bénéfice du doute en voyant ici, une nouvelle blague musicale auto-ironique.
”¨”¨Qu'est Pryapisme donc? Un groupe français comme on aimerait en voir plus souvent, qui nous sort un album personnel et osé, drôle et réalisé avec brio tant du point de vue du jeu (mention spéciale à l’excellent saxophoniste) que de la production qui devait être très complexe. À ranger entre Panzerballet, Zappa et la musique de Castlevania sur NES; ”¨”¨et contrairement à ce que j’ai pu entendre ailleurs, Pryapisme ne représente pas la machine à merde de l’art contemporain, mais bien un élément extérieur moqueur et subversif, bien conscient de sa singularité et pourtant humble de ne pas se prendre pour les messies du métal. ”¨”¨D'ailleurs, penser qu'un groupe au patronyme si saugrenu (je cite), se prends au sérieux c'est bien n'avoir pas compris leur musique.
Un groupe qui sombrera dans l’oubli donc? Je n’espère pas.