Groupe d’avant-garde metal, Tardigrade Inferno se distingue par un univers particulier, tant dans la musique que l’esthétique, mêlant metal et cabaret. Après deux EP et un disque long puis une poignée de singles, la formation a sorti un second extended play burlesque à souhait.
A quoi s’attendre dans l’enfer des tardigrades ? Ces minuscules créatures à qui Tardigrade Inferno emprunte son nom sont réputées pour leur capacité à survivre dans des milieux particulièrement hostiles, jusqu’au vide spatial, et à se passer d’eau et de nourriture jusqu’à trente ans en état de stase. On voit mal alors quel cadre peut être assimilé à l’enfer pour elles.
Si la biographie sur Bandcamp affirme que Tardigrade Inferno est « composé de tardigrades », il ne faut peut-être pas chercher dans la biologie l’explication de la musique du quintette, très loin de l’austérité et du minimalisme. Rangé dans la catégorie un peu fourre-tout d’avant-garde metal, il se définit lui-même comme « dark cabaret metal » et l’appellation colle assez bien avec l’ensemble de sa discographie.
Pour Arrival Inferno, troisième effort après deux EP et un album long, c’est particulièrement vrai. L’esthétique tant visuelle que musicale du groupe fait beaucoup référence au XIXe siècle. On le voit d’ailleurs dans le premier titre et premier single « Arrival of a Train ». Il est en effet directement inspiré de L'Arrivée d'un train en gare de La Ciotat, un des premiers films de l’histoire du cinéma réalisé par le pionnier Louis Lumière, et source de légendes tenaces.
Les sonorités cabaret et indus s’allient parfaitement, portées par la voix impressionnante de Darya Pavlovich. La folie semble l’habiter à chaque instant, tordant des sonorités nasales qui montent facilement dans les aigus. Elle explore plusieurs nuances de chant clair à saturé, use avec parcimonie du growl (sur le premier titre) et du scream (« Fire, plague and locust »), prend parfois une voix plus pop mais toujours parée d’étrangeté, et captive autant lorsque son chant se fait parlé sur le dernier morceau « Evoke ».
Les basse (Maxim Belekhov), guitare (Alexander Pavlovich) et batterie (Andrew "Drew") assurent une ambiance lourde. Très présente sur la première chanson, moins sur le deuxième, cette lourdeur vient en contrepoint à d’autres éléments plus burlesques sur les derniers titres, par ailleurs plus lents. Le clavier de Viktor Posokhin est partout et apporte des influences différentes d’un titre à l’autre. Il donne ainsi un côté electro – cabaret à « Arrival of A Train » et très cirque / fête foraine à « Engine of Skin ». « Evoke » se pare même d’un arrière-plan symphonique.
En quatre titres, le combo – australien ou russe selon les sources – fait mouche. Arrival Inferno est une parfaite entrée en matière dans la discographie de Tardigrade Inferno. Laquelle mérite dans son ensemble de s’y pencher avec attention.
Arrival Of A Train de Tardigrade Inferno, sorti le 17 mai 2023
Tracklist:
1. Arrival of a Train 03:55
2. Fire, Plague and Locust 03:35
3. Engine of Skin 04:21
4. Evoke 04:17