Déferlante extrême au Glazart
Dans le cadre du Despise The World Tour, Suffocation est venu présenter son nouvel album Pinnacle Of Bedlam accompagné de John Gallagher, chanteur de Dying Fetus, qui remplaçait Franck Mullen. Pour les accompagner étaient présents les grindeux de Cephallic Carnage, les modernes Fallujah et les thrashers d’Havok, qui donnaient ce soir leur premier concert à Paris. Une soirée pleine de sensations fortes.
Fallujah
La soirée commence avec un jeune groupe de death metal atmosphérique venu de San Fransisco après la sortie de son nouvel EP, Nomadic, duquel est joué le titre "Venom Upon the Blade". Le reste des 25 minutes du set est naturellement occupé par des chansons de l’unique album des américains, intitulé The Harvest Bombs.
Pratiquant un death metal morderne avec des influences progressives, les musiciens de Fallujah font preuve d’une bonne maîtrise instrumentale, sur les passages musclés comme sur les passages plus planants, qui donnent une certaine richesse à leurs compositions. De plus le groupe bénéficie d’un son relativement bon, seule la basse de Rob Morey est un peu lésée.
Du fait que la musique ne soit pas directe et pas constamment énervée comme le reste de l’affiche, le public ne bouge pas énormément, malgré la bonne volonté du frontman Alex Hoffman, qui demande des circle pits mais n’en obtient pas. Son charisme et son t-shirt plein de petits chats n’auront pas raison du public, bien que le groupe récolte de chaleureux applaudissements.
Setlist :
Ritual of Godflesh
Alpha Incipient
Venom Upon the Blade
Become One
Cerebral Hybridization
Assemblage of Wolves
Havok
Il est temps maintenant pour l’unique groupe de thrash de la soirée d’entrer en scène et de montrer au Glazart qu’on peut botter des culs sans être aussi extrême que la tête d’affiche. Les américains le prouvent bien ce soir en commençant par un "Covering Fire" incandescent qui provoquera d’office l’explosion du public, visiblement content de voir Havok lors de sa toute première date parisienne.
Les musiciens sont à fond, bougent comme ils peuvent sur le peu d’espace qui leur est alloué et montrent qu’ils s’amusent, motivant un public déchaîné du début à la fin du set. Le frontman David Sanchez se montre à l’aise au micro et proche des fans sans s’étaler en longs discours, car le temps est compté. Ainsi, le Glazart profite d’un show sans temps mort et sans ralentissement de tempo, avec, de plus, un son et une interprétation de qualité.
Pendant la petite demi-heure qui leur est allouée, les thrashers jouent surtout les titres phares de Time Is Up, dont "D.O.A." et son intro chantée par les fans ou le sulfureux « Scumbag In Disguise ». Le morceau-titre de l’EP Point Of No Return trouve bien sa place dans le set, tout comme l’énervé "Unnatural Selection", extrait de l’album du même nom dont la sortie est prévue au mois de juin.
S’imposant comme l’un des groupes les plus déchaînés de la soirée, Havok a pu voir qu’il était attendu par le public français et a toutes les chances de revenir dans l’hexagone après la sortie de son troisième album.
Setlist :
Covering Fire
Point of No Return
Scumbag in Disguise
Unnatural Selection
D.O.A.
Time Is Up
Cephalic Carnage
Retour au death metal avec le groupe de Denver qui fait part au public de ses influences multiples. En effet, le groupe arrive, non sans humour, à proposer death metal, grindcore et black metal en moins d’une heure. Pour ce dernier sous-genre, représenté par le bien nommé "Black Metal Sabbath", les cinq américains vont au bout de leur délire et se déguisent avec des masques improbables, dont un de cheval pour le bassiste Nick Schendzielos.
Toujours plein d’humour, le chanteur Leonard "Lenzig" Leal, flanqué d’un sympathique pendentif représentant le logo de Blue Öyster Cult, il présente les chansons en parlant de masturbation ou d’herbe avec une certaine malice. S’il est à l’aise avec le public, il ne se laissera pas impressionner par un slammeur trop collant et ne manque pas de se moquer ouvertement de lui lorsque ce dernier s’effondre dans la fosse après avoir essayé de se faire porter par le public, probablement fatigué de ses idioties.
Côté interprétation, chaque membre est là aussi à sa place et s’en sort bien malgré le côté bordélique de certaines chansons. Lenzig est parfaitement en voix pour dégueuler ses paroles salaces et s’offre même un duo avec la growleuse Simone Pluijmers, ancienne bouchère chez Cerebral Bore, sur le titre "Kill For Weed".
Ne se prenant pas au sérieux, Cephalic Carnage a offert au public du Glazart une sympathique récréation extrême avec des paroles délirantes et un esprit sympathique, la bonhomie et la simplicité des membres aidant.
Setlist :
Raped by an Orb
Divination & Volition
P.G.A.D.
Endless Cycle of Violence
Wraith
Warbots A.M.
Kill for Weed [avec Simone Pluijmers au chant]
Lucid Interval
Black Metal Sabbath
SUFFOCATION
Place maintenant à la tête d’affiche, aux vétérans du death metal new-yorkais, bien décidés à offrir au public parisien une heure de pur death metal purement bourrin et sans concession. Le frontman Franck Mullen n’étant pas présent pour des « raisons personnelles », il est remplacé par un autre hurleur de talent, John Gallagher, égorgeur de gorets à la boucherie Dying Fetus. Ce dernier accomplit parfaitement la tache de frontman et assurera les growls profonds de fort belle manière, tout en se montrant à l’aise avec le public.
Côté musiciens, tout est carré et au poil. La section rythmique est bien assurée par Dave Culross qui enchaîne les blast-beats sans sourciller et par l’impressionnant et appliqué bassiste Derek Boyer, bien mis en avant dans le mix. Côté guitares, si Guy Marchais se démène bien avec ses riffs brutaux et ses quelques solos, notamment sur "My Demise", la star du médiator de la soirée est bien Terence Hobbs, avec une main-gauche presque arachnide et une main droite bien véloce. Il se montre particulièrement appliqué sur ses solos mélodiques, rendus de manière très fidèles par rapport aux versions studio.
Venus à l’occasion de la sortie de leur dernier album en date, Pinnacle Of Bedlam, les new-yorkais en présentent quatre titres, dont le single "As Grace Descends". Les titres présentés sont issus des albums sulfureux Effigy Of The Forgotten et Pierced From Within, avec les classiques "Thrones Of Blood" et "Infecting The Crypts", judicieusement placés en ouverture et en fermeture de set. Deux autres morceaux sont issus de l’EP Despise The Sun, dont le bien acclamé "Catatonia".
Devant un tel déluge de brutalité, le public est obligé de tenter d’en faire autant. Ainsi, à la demande de John Gallagher, les slams se multiplient dans la bonne humeur générale, avec des musiciens qui accueillent les metalleux le sourire aux lèvres. Les pogos et circle pits se multiplient tout le long du set et un wall of death mémorable se formera pendant "Pierced From Within". Les fans de thrash, nombreux dans la salle, ne manquent pas non plus d’acclamer le groupe lorsqu’ils dédient le morceau "Purgatorial Punishment" au regretté Jeff Hanneman de Slayer.
Avec une ambiance bon enfant, les membres de Suffocation ont pu voir qu’ils étaient toujours bien appréciés par le public parisien, toujours avide de musique brutale et exécutée avec maestria. Si le show était relativement court pour une tête d’affiche, il ne présentait aucun temps mort et les musiciens n’ont laissé apparaître aucun signe de fatigue. Une preuve que les vétérans du death metal ont encore de belles années devant eux.
Setlist :
Thrones of Blood
As Grace Descends
Catatonia
Funeral Inception
Rapture of Revocation
Liege of Inveracity
Pierced from Within
Purgatorial Punishment
Mass Obliteration
My Demise
Infecting the Crypts
Un grand merci à Mickael Lapeyre pour les photos.