Megadeth ressort du thrash
Dave Mustaine et sa bande délivrent leur 14e album studio, intitulé Super Collider. Si le titre évoque une machine puissante et destructrice, le groupe se place en décalage avec un album hétérogène qui, s’il est puissant, se montre peu agressif et pas forcément rapide. Avec des expérimentations plus ou moins heureuses, Megadeth montre une envie d’aller vers l’avant avec un line-up solide et des chansons plus directes.
Suivant son rythme de sorties soutenu depuis son retour aux affaires, Megadeth revient avec un nouvel album studio, Super Collider, moins de deux ans après la sortie du précédent. Si Th1rt3en et Endgame se voulaient thrash à la manière des grandes heures de l’agressivité du groupe, ce dernier lève le pied sur ce nouveau disque en se montrant plus mélodieux et plus direct dans ses compos principalement mid-tempos.
Ainsi, les amateurs de vitesse ne trouveront pas leur bonheur sur ce disque, hormis sur "Kingmaker" et le seconde partie de "Dance In The Rain". Si Super Collider reste indubitablement metal, les compositions sont relativement variées, ce qui n’est pas sans rappeler la direction prise sur le réussi Cryptic Writings (1997). Ainsi, on retrouve une certaine agressivité sur "Built For War", de l’amertume sur "Dance In The Rain" et "Don‘t Turn Your Back…", une ambiance sombre sur "Beginning Of Sorrow" et "The Blackest Crow" et une mise en avant de la mélodie sur "Super Collider" et "Forget To Remember".
Megadeth varie les plaisirs, mais il lui arrive malheureusement de manquer son coup. Ainsi, le morceau-titre tombe à plat à cause d’une mélodie pataude et d’une ligne de chant peu aguicheuse, tout comme le heavy "Built For War", morceau heavy sans saveur qui contient tout de même un pont qui peut faire son effet en live.
En revanche, on retrouve de très bonnes choses sur Super Collider, notamment "Forget To Remember" et son refrain catchy qui a tout d’un tube en devenir. On peut aussi retenir l’amer "Dance In The Rain", avec sa première partie désespérée qui déboule sur un final rageur, soutenu par David Draiman, chanteur du groupe de neo metal de Disturbed. "The Blackest Crow", ovni du disque, qui mèle ambiance noire et influences country, peut faire peur de prime abord, mais se révèle comme un exercice de style réussi.
Concernant l’aspect instrumental, les musiciens, qui sont inchangés depuis l’album précédent (cela n’était pas arrivé depuis 1997), assurent chacun à leur manière. On retrouve la frappe simple et directe de Shawn Drover, la basse omniprésente de Dave Ellefson, qui se fait notamment entendre en intro de "Kingmaker" ou dans les couplets de "Super Collider", et la paire de guitaristes Dave Mustaine/Chris Broderick, qui se complète depuis cinq ans dans des riffs massifs et des solos techniques. L’un frénétique, l’autre plus propret, ils arrivent chacun à se compléter et à construire leurs interventions de manière concise. Si les solos sont la plupart du temps appréciables, on regrettera que certains semblent inadaptés aux compos (Dave dans "Burn!", Chris dans "Built For War").
Côté chant, Dave Mustaine retrouve une certaine amertume dans son interprétation, qui lui permet de faire vivre les textes de "Dance In The Rain" ou "Beginning Of Sorrow". On retrouve un sens de la mélodie qu’il semblait avoir perdu lors des albums précédents, qui prend toute son ampleur sur "Forget To Remember". Malheureusement, Dave Mustaine n’est pas complètement débarrassé des lignes de chant peu travaillées, comme sur "Kingmaker" ou "Don’t Turn Your Back", qui tirent vers le bas des chansons qui disposent d’une bonne base. On découvre sur la sympathique reprise de Thin Lizzy "Cold Sweat" des vocaux plus gutturaux qui sont réalisés de manière assez crédible.
Si Super Collider sort allègrement du thrash metal pour n’en garder que quelques traces, il est le fruit d’une volonté d’évolution de la part de Megadeth. On peut espérer que ses efforts se confirmeront sur le prochain album, si les défauts du 14e disque sont gommés.