Crashdïet au Nouveau Casino (01.06.2013)


Pour fêter l'arrivée du soleil sur Paris, quoi de mieux qu'une belle affiche de sleaze, histoire de faire péter les permanentes, les couleurs, les bandanas et autres bracelets par paquets de 50 ? C'est donc sourire aux lèvres mais grosse fatigue dans les pattes (la veille, j'ai oublié mon âge pour jouer au jeune lors du concert du Bal des Enragés, et les séquelles ne se sont pas faites attendre – détail très important pour la compréhension des lignes qui vont suivre) que je gagne le Nouveau Casino devant lequel patientent déjà quelques dizaines de fans au look n'affichant pas la discrétion comme qualité première.

Toujours aussi chaleureuse, la salle de la rue Oberkampf n'est pas bondée mais accueille un public assez conséquent, manifestement prêt à prendre une bonne dose de hard rock'n'roll festif (le mot du moment). Il faut dire qu'avec quatre groupes au programme, on ne risque pas de s'ennuyer. Alors on attaque tout de suite avec le premier quatuor (une constante de la soirée !).

FALLEN MAFIA

Originaire du nord de l'Angleterre, Fallen Mafia a sorti l'an dernier un E.P Leather, Lipstick and Cigarettes dont j'ignore tout. Emmené par une chanteuse, Hanna Elizabeth Neil, le groupe, très jeune, ne brille guère par l'originalité et va durant une demi-heure s'évertuer sans trop de succès, à nous convaincre de la puissance de son hardrock. Malheureusement, le son ne les y aide guère, la guitare étant affreusement en retrait (créant un effet comique involontaire car Chris Johnson, le six-cordiste, se démène tout ce qu'il peut) par rapport à la basse de l'incroyablement grand Andy Milburn. Un groupe comme il en existe des milliers et à qui il manque encore beaucoup de maturité pour parvenir à se faire une place au soleil (virez-moi donc tous ces breaks qui ne servent à rien si ce n'est alourdir inutilement les compos). Une mise en train toutefois adaptée à cette soirée avec un combo dont on n'écoutera les prochaines réalisations pour se faire une meilleure opinion.
 

Fallen Mafia, Guitariste, Paris, Nouveau Casino
Beaucoup de mouvement, mais pas de son !
 

Fallen mafia, bassiste, Milburn, nouveau casino, crashdiet, paris
Fallen Mafia, grand par la taille...


A peine ce set est-il terminé que l'on sent une pointe d'électricité parcourir la salle. Mais que se passe-t-il ? Quel est donc ce groupe que je ne connais pas plus que le précédent qui peut bien provoquer cette brusque montée de tension ?

SLEEKSTAIN

Venu tout droit des Alpes (proche de Genève, mais côté français) Sleekstain débarque sur scène avec des intentions bien plus offensives et devant un parterre acquis à sa cause. Entre les membres des familles, les potes, le fan-club et que sais-je encore, on a l'impression dès les premières notes que les frenchies jouent en tête d'affiche tant le public semble être là pour eux ! Une surprise pour moi, qui s'accompagne d'un deuxième étonnement : la composition du combo ! Visuellement, c'est tout de même très surprenant de voir un guitariste aux faux airs de Mikael Akerfeldt (Opeth), un chanteur ayant la tignasse et l'abattage de Lizzy Borden dans les 80's, et un bassiste ressemblant à Evan Seinfeld (ex-Biohazard) avec son bandana.
 

Sleekstain, chanteur, Crashdiet, Paris, Nouveau Casino
"Can you hear me screamin' ?"
 

Mais passée cette première impression, la deuxième, bien plus tenace celle-ci, c'est qu'on a clairement changé de catégorie ! Avec un son puissant, bien défini (mais qui aura parfois tendance à se dégrader encore une fois en poussant trop la basse au détriment de la guitare), le combo nous envoie son hardrock sleaze très énergique dans un déferlement scénique impressionnant. Ca court, ça saute dans tous les sens tout en gardant une mise en place carrée de chez carré !
 

Sleekstain, bassiste, paris, Nouveau Casino, Crashdiet
Toi, ma petite basse, tu vas manger !

Sleekstain, guitariste, Paris, Nouveau Casino
Jamais seul avec une Explorer !
 

La formation, qui vient de passer plus d'un mois à ouvrir en Europe pour Crashdiet, fait preuve de beaucoup d'assurance et de joie de jouer. Je ne vous dirai pas que j'ai adoré car ce serait mentir (il manque encore de gros refrains bien catchy), mais l'honnêteté m'incite à penser qu'en meilleure forme, j'aurais sûrement adhérer à fond à ce set. En tout cas, la réaction dans la salle ne laisse pas de place au doute, Sleekstain a fait un carton et à montrer clairement qu'un groupe français pouvait rameuter du monde sur une date parisienne et offrir un spectacle d'une qualité n'ayant rien à envier à ses camarades de tournée (si seulement ça pouvait donner des idées à d'autres organisateurs…)

SISTER

Alors là, que les fans de Sister sautent cette partie du report, car cela va leur faire du mal, et il n'est point dans mes intentions de les chagriner. Simplement, je vais être d'une sincérité qui va heurter leurs convictions alors, autant nous épargner ce douloureux face à face. J'avais déjà vu le groupe à la Mécanique Ondulatoire il y a dix-huit mois, je n'avais que modérément apprécié la prestation de ce groupe qui malgré un chanteur extrêmement mobile et impliqué, un look plus qu'outrancier (une sorte de fruit inattendu des amours illégitimes entre Motley Crüe et Marduk) et une mise en place assez pro, ne m'avait pas enthousiasmé par la qualité des compos.
 

Sister, chanteur, Paris, Nouveau Casino, Crashdiet
Sister, ne vois-tu rien venir ?
 

Force est de constater que mon jugement n'a pas varié. Le premier couac intervient dès l'entrée en scène lorsqu'après le premier hurlement (d'une trèèèèès longue série) de Jamie, retentit le premier accord…dans un volume sonore permettant au combo de jouer dans ma salle à manger sans déranger les bibelots en cristal ! Encore une fois, le premier titre fait office de balance, et le son retrouve rapidement un niveau convenable, mais ça n'aide pas à lancer un show !
 

Sister, Paris, Nouveau Casino, guitariste
Youpi, c'est la fête !


Sister va jouer longtemps, trop longtemps pour un groupe alignant les titres puissants certes, mais dans lesquels on cherche vainement des mélodies ou des riffs marquants. Beaucoup de mouvements, beaucoup de bruit, mais au final pour retenir quoi ? Rien ou si peu. Jamie hurle tout le temps et devient vite crispant. Lors du seul morceau calme, on touche clairement les limites de sa performance vocale (grain de voix insipide et surtout une justesse plus qu'approximative). Du coup, malgré de la bonne volonté de la part du public, la sauce ne prend pas vraiment et la fin du set est carrément laborieuse.
 

Sister, Paris, Nouveau Casino, Crashdiet
Le show, mais pas les chansons !


Sister a le look, l'attitude scénique, mais il va falloir vraiment se pencher sur le chant et les compositions sous peine d'être rapidement noyé dans un circuit où les prétendants ne manquent pas !

CRASHDIET

Avec Crashdïet, j'avoue que mon parti pris est opposé, car j'ai une vraie tendresse pour ce groupe qui avec The Savage Playground vient de publier un très bel album, allant à l'encontre de ce que beaucoup attendaient d'eux, en mettant l'accent sur le songwritting plutôt que sur une énorme prod. Passons rapidement sur le son (la première chanson servant une nouvelle fois a peaufiné les réglages pour tenter de faire apparaître la guitare dans le mix), pour constater que le combo a encore franchi un palier, jouant maintenant avec davantage de maîtrise, le guitariste Martin Sweet notamment, bien plus à l'aise dans ses interventions solo.
 

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Martin Sweet, symbole des progrès du groupe.


Simon Cruz polarise toujours autant l'attention. Il faut dire qu'entre sa coupe de cheveux venue de l'espace, son incroyable débauche d'énergie ou ses performances vocales (très proche de ce que Sebastian Bach rêve de pouvoir encore faire), le garçon possède de solides atouts. Et même si il semble un peu en bout de course sur les notes les plus hautes (il s'agit de la dernière date de la tournée, et le bougre a bien le droit de ressentir les effets de la fatigue), il assure une prestation remarquable, très bien soutenu par des chœurs très travaillés. Sur ce point, Crashdïet a énormément progressé et délivre des backing vocals bien plus naturels (exit les bidouillages du passage à L'Empreinte avec Hardcore Superstar). Guitariste et bassiste sont d'ailleurs très appliqués derrière leur micro sur ces passages.
 

Crashdïet, Paris, Nouveau Casino, chanteur, Simon Cruz

Une vraie rock star sur scène, ça aide !
 

La set list fait la part belle aux deux derniers opus avec entre autres les superbes "Chemical", "So Alive", "Circus" ou bien "California". Autant de titres qui font mouche pour une raison à méditer pour les autres formations présentes ce soir : des refrains énormes, faciles à reprendre par le public !

Signalons aussi des lumières plutôt réussies (ce qui n'est pas tellement le point fort de cette salle) et vous obtiendrez un set plus que plaisant, mais entaché d'un gros couac sur la fin. Sister ayant joué un peu plus longtemps que prévu, Crashdïet se voit dans l'obligation d'écourter sa prestation (le couvre-feu étant prévu à 22h30). Du coup, la fin est un peu abrupte, l'absence de "Armageddon" et surtout de "Generation Wild" laissant un petit goût d'inachevé. Sur le dernier titre, tous les protagonistes de la tournée se retrouvent sur scène pour cette dernière date, dans une ambiance qui ne laisse pas de doute sur les bonnes relations entretenues durant ce périple commun.

 

Crashdïet, Paris, Nouveau Casino, Simon Cruz, Chanteur
Guitare en main, ça le fait aussi !


Au final, pour ce grand retour du glam/sleaze dans la capitale, cette soirée aura confirmé le statut de leader européen pour Crashdïet et offert la révélation d'un espoir très prometteur avec Sleekstain.

Photos : © 2013 Olivier GESTIN / INTO The PiT Photographe
Toute reproduction interdite sans autorisation écrite du photographe.

Merci à Garmonbozia pour l'accred, l'accueil et l'organisation de cette soirée.
 



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