L’album de metal à découvrir en cette rentrée 2023, c’est bien celui d’Empire State Bastard. Si le nom du groupe ne vous parle pas, c’est normal : il s’agit du projet de Simon Neil (Biffy Clyro) et Mike Vennart (ex Oceansize). Le groupe s’est officiellement formé cette année et a entamé une tournée des festivals cet été, afin de promouvoir son premier album Rivers Of Heresy. Pour ceux qui ont eu la chance de voir sur scène cet ovni, vous avez déjà entendu l’album, puisque la setlist était simplement la tracklist de ce dernier, dans l’ordre.
Le projet avait été dévoilé quasi en même temps que l’annonce de la programmation du Hellfest 2023. Sur l’affiche, on découvrait alors Empire State Bastard, mais personne ne savait de quoi il s’agissait jusqu’alors. Les programmateurs avaient mis fin au suspens : « C’est un groupe qui mélange des membres de Biffy Clyro et de Slayer ». Sur le papier, cela fait rêver. Peu de temps après, on apprenait que le batteur du groupe était Dave Lombardo en personne. De quoi nous mettre l’eau à la bouche.
Le premier single, « Harvest », nous a mis sur la voix : Empire State Bastard ne sera pas une hybridation entre les groupes dont sont originaires les membres, mais bel et bien un groupe unique, avec son propre style. Du metal extrême, bien loin du rock/pop auquel nous a habitués Biffy Clyro, notamment ces dernières années. Avec Dave Lombardo à la batterie et Naomi Macleod (Bitch Falcon) à la basse, Simon Neil et Mike Vennart avaient de quoi créer un album original et pertinent.
Rivers Of Heresy semble être une lettre d’amour pour tous les sous-genres du metal. Clairement influencé par les grosses pointures du style, comme Converge, Sleep, Melvins et bien entendu Slayer, l’album offre une très grande diversité de sons. Tandis que « Blusher » ou « Palm Of Hands » explorent un grindcore sauvage et barbare, « Moi » se retrouve avec une rythmique plus lente, où le chant de Simon Neil est mis en valeur et alterne parfaitement entre cris de désespoir et chant classique.
« Tired, Aye? » tape en plein dans le mile avec cet assaut de voix/batterie ridiculeusement rapide, puis on enchaîne avec un stoner rock bien sale « Sons And Daughters », avant de sauter dans le grand bain avec « Stutter », un condensé de hardcore progressif jouissif à souhait, se terminant par des envolées de synthé implacables. L’album se termine par une épopée rythmique, « The Looming », mêlant habilement des éléments doom metal et de hardcore moderne.
Si la production de cet effort est si brute et sonne si « garage », c’est justement car Mike et Simon avaient besoin d’extérioriser toute la haine qui brûlait en eux, après le confinement. Il en ressort un album extrêmement politique (tout cela est un ras le bol exprimé envers le gouvernement britannique, cf notre interview du groupe), où la rage est matérialisée par des riffs de guitare déchaînés, et des rythmiques flegmatiques.
Il est évident de constater qu’Empire State Bastard est plus qu’un projet créé par des musiciens pour s’amuser en dehors de leurs groupes respectifs. Ici, on sent une véritable identité, une réelle cohésion, et une envie de changement. Rivers Of Heresy est le fruit d’une collaboration qui fonctionne, avec des musiciens en quête de sensations fortes. Intense, authentique et énergique, c’est ainsi que l’on pourrait qualifier ce premier opus.
Sortie le 1er septembre 2023 chez Roadrunner Records.
Tracklist
01. Harvest
02. Blusher
03. Moi?
04. Tired, Aye?
05. Sons And Daughters
06. Stutter
07. Palms Of Hands
08. Dusty
09. Sold!
10. The Looming