Apparu sur les scènes européennes il y a maintenant 45 ans, Adrian Vandenberg, a relancé son groupe perso il y a 3 ans avec un album tout neuf qui avait fait son petit effet grâce à un line-up musclé et un savoir-faire éprouvé et classique. Rebelote donc en cette fin d’été caniculaire avec un nouvel album nommé Sin qui creuse encore le sillon du bon vieux Hard-Rock « à la papa » avec une maestria qui doit être reconnue à sa juste valeur.
Adrian Vandenberg est l’un des très solides solistes des eighties qui a réussi à se faire une belle place à une époque où la scène métalleuse pondait du guitar-hero à la chaîne à grands renforts de solos anthologiques et de vitesse de doigts supersonique. Né aux Pays-Bas, Vandenberg a connu un petit succès local avant de tourner un peu en Europe mais surtout, leader naturel, de monter son propre groupe à son nom en s’appuyant surement sur le parcours légendaire des frères Van Halen, eux aussi d’origine hollandaise. Exilé aux Etats-Unis et fabricant en chef de 3 albums studio de très bonne facture, Adrian attire l’oreille du mythique David Coverdale alors leader omnipotent du groupe Whitesnake tête de pont d’un hard-rock dévastateur et brasseur de millions. Coverdale, grand consommateur de collaborateurs musicaux, recrute donc Adrian Vandenberg pour ses qualités artistiques et sa technique impeccable. Les deux hommes vont collaborer pendant plus de dix ans.
25 ans plus tard, nous retrouvons Adrian Vandenberg de nouveau à la tête de son propre groupe pour tenter de transformer l’essai du précédent album 2020 - qui fût l’une des très belles surprises musicales de la dite année. Le groupe, bâti entièrement autour de la personnalité et de la technicité de son fondateur, repose sur la rythmique impeccable des respectés Européens Koen Herfst (batterie) et Randy Van Der Elsen (basse). Cette année, gros changement sur le rôle de frontman puisque c’est le Suédois Mats Levén qui officie aux vocalises. Avec un CV long et propre comme un solo de Vandenberg et garni de collab’ impeccables avec Yngwie Malmsteen, Candelmass, Therion ou Treat, le dénommé Levén apporte un savoir-faire très respectable à l’ensemble.
Ce nouvel album, produit par Bob Marlette, vieux briscard rompu au gros son formaté US (notamment pour Anvil, Airbourne ou Seether), démarre par « Thunder and Lighting » au format très classique mais à l’efficacité diabolique avec une rythmique très punchy, des guitares bien huilées et hurlantes et le chant de Mats Levén qui installe immédiatement une signature vocale et une énergie débordante.
La patte la plus européenne voire britannique de cet album prend tout son sens avec « House on Fire » et « Hit the Ground Running » parfaitement fabriqués comme des pièces de la Vierge de Fer avec une mélodie accrocheuse, des riffs solides et percutants et une atmosphère pleine de densité.
Avec « Light It Up » Vandenberg se rappelle aux bons souvenirs des amateurs de Whitesnake et de l’âge d’or de cette musique délurée et effrontée des années 80 qui se foutait de tout dans un geyser de son propre à réveiller les tout derniers rangs d’un gros stadium du fin fond des States. Tout est là , un solo taquineur et futé, une batterie qui claque, et un chant impertinent et plein de sous-entendus.
"Sin", avec ses 7 minutes, est de loin le morceau le plus ambitieux de cet album éponyme. Tout y est parfait dans cette volonté de produire une ambiance majestueuse dans un flow enveloppant qui laisse place à la technicité de chacun. Un morceau qui porte tous les stigmates de ce hard-rock étourdissant et lourd qui ouvrira des horizons à des milliers d’énervés qui misent plus sur la puissance que la vitesse. Cette volonté de repousser plus loin la frivolité musicale au bénéfice d’une recherche technique plus présente et d’une mise en scène plus travaillée se retrouve également dans « Walking on Water » qui passe un peu à côté et s’avère moins créative et plus aseptisée malgré un beau travail sur le chant.
Un constat partagé pour « Burning Skies » et « Baby You’ve Changed » qui sont produites avec minutie mais n’entrainent pas de réaction émotionnelle forte tant elles sont portées par un schéma routinier.
Sin est un album cohérent et puissant, d’un très beau calibre, porté par 4 très bons titres suivis d’un peloton de chansons à la saveur plus connue voire habituelle pour ce type de production. Dans la droite ligne de son prédécesseur il signe définitivement le retour d’Adrian Vandenberg dans la tribu des héros du hard-rock ancestral.
Tracklist :
- Thunder And Lightning
- House On Fire
- Sin
- Light It Up
- Walking On Water
- Burning Skies
- Hit The Ground Running
- Baby You’ve Changed
- Out Of The Shadows
Le 5ème album studio de Vandenberg Sin sort chez Mascot Records le 25 août 2023.