Pour commencer, plantons le décor.
Le métal floridien, ça vous évoque quelque chose ? Le surf, la plage, les floridiennes ?? Bravo, je vois que vous avez l’esprit bien placé ! Mais didiou, si je vous disais que le métal floridien n’a rien à voir avec de la musique de surfer ! Ca tape plutôt dans un métal technique, avec des éléments progressifs et extrêmement agressifs … Vous ne voyez toujours pas ? Je vous donne trois noms : Death, Cynic et Atheist.
Voilà trois groupes qui, à eux seuls, ont bouleversé le monde du métal, et ont crée tout un nouveau courant métallique du fait de l’extrême richesse de leur héritage musical. Abnormal Thought Patterns, dont le nom fera sourire les fans de Death, est un groupe qui tient vraisemblablement à perpétuer cette tradition d’un métal extrême, à la fois technique et alambiqué, sans pour autant perdre de la musicalité au change, bien au contraire. Après un premier EP haut en couleur, les voici de retour avec un premier album plein de qualités !
Dès la première chanson, on sait qu’il ne s’agit pas d’un groupe folklorique du Zimbabwe. C’est du death technique dans la plus pure tradition dans la scène floridienne. Ca joue mortellement bien, ça part dans tous les sens, et la complexité de la musique est alliée à un sens assez fin de la mélodie, qui tord le cou à la rumeur selon laquelle les fans de métal extrême sont des brutes sans cœur. Les quatre premières chansons font partie intégrante d’un tout dénommé « Velocity & Acceleration Movement » Tout est dit non ? Non d’ailleurs, car savez vous pourquoi ces parties sont numérotées de 5 à 8 ? Parce que les quatre premières parties sont sur leur très bon premier EP, tout simplement.
D’ailleurs, ceux qui ne l’ont pas apprécié ne devraient pas changer d'avis avec ce nouvel album, car il est musicalement dans la même veine, en nettement plus développé tout de même. Les chansons sont plus longues, plus structurées. Abnormal Thougt Patterns en a profité pour ajouter de la variété à sa musique, avec certaines chansons nettement moins agressives, plus planantes, à l’image de la magnifique "Calculating Patterns", à l’ambiance presque jazzy, ou l’émouvante "Autumn", avec ses lignes de clavier discrètes mais efficaces. Enfin, cet album comporte un chef d’œuvre, qui aurait tout à fait pu s’appeler "A Requiem for Chuck Schuldiner", tant cette pièce évoque Death, dans une relecture moderne, classe et très travaillée : "Harmonic Oscillators".
Il serait criminel de ne pas insister sur le jeu du bassiste, tout bonnement hallucinant, avec un patte qui évoque instantanément Sean Malone ou Tony Choy… Il nous en fait voir de toute les couleurs dans cet album, à commencer par son solo de basse intitulé sobrement « 4 String Lullaby ». Bassistes, vous allez pleurer ! Le deuxième point culminant de l'instrument est la fin de l'album, avec les parties de basse harmonisée, très belles, qui nous rappellent que nous n’en avions pas entendu de telles depuis… "Orion" et le regretté Cliff Burton !
Si Under Anesthesia est bon, voire très bon, il n’en est pas pour autant exempt de défauts. On pourrait en relever deux, principalement : le manque de riffs vraiment ravageurs. Il y en a mais pas assez, on est un peu frustré sur ce plan. Le deuxième défaut est qu’Abnormal Thought Patterns a la fâcheuse tendance à trop répéter ses idées, sans les développer, ce qui peut lasser. C’est donc un premier album très prometteur qui nous parvient, avec des musiciens si impressionnants qu’on en vient à se demander s’ils arrivent à jouer leur musique en conditions live. Avec un peu de maturité, un chef d’œuvre de death technique et progressif pourrait nous venir de ces américains, rescapés du groupe Zero Hour.
NDLR : C’est de l’instrumental.