Nous inaugurons ce soir la première date metal dans la nouvelle salle du CCO, dorénavant localisée à Vaulx-En-Velin. Sounds Like Hell nous y propose une soirée riche et variée, avec quatre groupes : Pain, un des piliers du metal industriel, Ensiferum (folk metal), Eleine (metal symphonique) et Ryujin (folk metal).
Ryujin
Il est toujours aussi difficile de trouver une place pour se garer, puisque la salle ne propose pas de parking dédié. Il vaut mieux anticiper sa venue, surtout quand le premier groupe commence à 18h30 ! Nous arrivons donc pendant le set des Japonais de Ruyjin, le premier des deux groupes prévus ce soir avant les têtes d'affiche Pain et Ensiferum, et que dire de l’ambiance ! Il y a déjà des pogos et des circle pits, malgré le fait qu’il soit relativement tôt. La formation, anciennement baptisée Gyze, semble déjà connue des fans. Composé de Ryoji (chant et guitare), Aruta Watanabe (basse), Shuji Shinomoto (batterie) et Shinkai (guitare), le groupe propose des riffs rapides, à l’instar de « Samourai Metal ». Il n’aura que le temps de 4 morceaux pour chauffer la salle, mais c’est amplement suffisant au regard des applaudissements chaleureux de la foule.
Eleine
Changement de style avec les Suédois d’Eleine, une dizaine de minutes plus tard, la scénographie est changée (enfin, le petit écran du fond avec le logo du groupe) et Madeleine Liljestam et ses compères entrent dans l’arène. Le groupe, formé en 2014, compte tout de même 4 albums à son actif. « Enemies » fait office d’entame de set, et le son est assez lourd et efficace. La vocaliste charismatique tente de galvaniser l'auditoire en dansant au milieu de la scène. Cette énergie se poursuit avec «Never Forget», mettant en avant une chorégraphie synchronisée où les musiciens se coordonnent pour headbanger ensemble. Rikard Ekberg (guitare, growl), Victor Jonasson (guitare) et Filip Stalberg (basse) arborent des sourires radieux et interagissent sur scène, ce qui fait sourire les fans.
Avant d'entamer «We Are Legion», Madeleine Liljestam s'adresse à l'audience : « Lyon, ça fait plaisir de jouer ici ! Merci d'être là ! Nous sommes Eleine, nous venons de Suède ! Nous avons sorti un nouvel album, voulez-vous en entendre une partie ? Cette prochaine chanson est notre cadeau pour vous, nos fans, parce que nous ne serions pas là aujourd'hui sans vous. »
« Blood in their Eyes », « Ava of Death », « We Shall Remain » se suivent et se ressemblent, mais l'énergie déployée réussit à captiver le public lyonnais qui répond à l’appel. Pour le dernier morceau, les musiciens demandent aux fans de crier « Death Incarnate », en coupant la fosse en deux et organisant un concours de cris. Derrière, on entend des spectateurs dire « On aurait cru un concert d’Evanescence ! ». Ils n’ont pas tort.
Ensiferum
La fosse se fait plus dense et on aperçoit de nombreux t-shirts à l’effigie d’Ensiferum. Et quelle montée en puissance de l’ambiance quand le groupe démarre avec « Andromeda » et la classique « In My Sword I Trust ». Les pogos deviennent de plus en plus violents, et les fans hurlent. Pas de doute, les Finlandais étaient vraiment attendus ce soir. L’enthousiasme des fans explose au fur et à mesure, Petri Lindroos (chant, guitare) assure son rôle de leader avec brio mais laisse Sami Hinkka (basse) amuser l’audience, avec son kilt et son énergie débordante. Le titre « Run from the Crushing Tide » permet de découvrir la voix saisissante de Pekka Montin au clavier, qui monte dans les aigus avec aisance.
Au niveau des lumières, le design est vraiment pauvre, et cela ne met pas en valeur les musiciens, qu’on distingue clairement dans la pénombre. Heureusement, la qualité sonore est au rendez-vous et Ensiferum délivre une performance solide. Les morceaux les plus fédérateurs sont joués, comme « Lai Lai Hei », « Twilight Tavern » ou « One Man Army ». Les mosh-pits ne s’arrêtent jamais, créant une atmosphère bien électrique. Jusqu'ici, tout est impeccable, mais il est clair que la setlist d'Ensiferum est conçue pour plaire sans pour autant masquer l'absence de nouvelles sorties depuis Thalassic en 2020. Cela tombe bien, puisque le leader du groupe annonce à la fin qu'ils prévoient d'enregistrer un nouvel album dès la fin de cette tournée.
C’est dans une ambiance festive que le set d’une bonne heure se conclut, avec « Two of Spades ». Les Finlandais ont livré un concert généreux. Malgré un espace scénique pas idéalement aménagé, la qualité sonore et l'énergie du groupe ont ravi les fans. Ensiferum a donc prouvé qu’il était un des piliers du folk metal, avec une communauté d’aficionados présents à chacun de ses concerts. Le public en tout cas est totalement prêt pour la grosse tête d’affiche de la soirée.
Pain
Il est maintenant plus de 21h, et avec un petit peu de retard, il est pour les Suédois de Pain d’entrer en scène, sous un nuage de fumée. Bien qu'on connaisse souvent le genre de prestation à attendre du groupe, sa réapparition sur la scène de Lyon est un régal. Pain démarre en trombe avec « Let Me Out » et « End Of The Line », des hymnes de metal industriel qui font mouche grâce à un synthé des plus efficaces. La salle n’étant pas totalement pleine, le public a de la place pour sauter et danser en paix - ce qu’une poignée de fans fait au milieu.
Tout comme Ensiferum, Pain n’a pas de nouveaux morceaux à présenter, mais ce n’est vraiment pas dérangeant : ça fait toujours plaisir d’entendre des classiques. Le décor a un peu évolué ceci dit, avec des dessins animés qui défilent en fond, ou avant les morceaux. Le public adhère et rit puisque les saynètes sont plutôt drôles. Cela ajoute un plus à la performance. Au niveau scénique, il y a beaucoup de fumée, et, bonne nouvelle, le son est vraiment bon. Pain parcourt l'ensemble de son répertoire, de "Cynic Paradise" à "Dancing with the Dead", en passant par "Coming Home" et "Rebirth", et le public répond avec une énergie débordante, faisant honneur au groupe suédois. Pendant « Call Me », Joakim Brodén de Sabaton s'incruste virtuellement avec humour.
S'il fallait décrire le concert de Pain ce soir en un mot, ce serait « chaleur ». En effet, si la nouvelle salle du CCO est bien mieux que l’ancienne, elle a néanmoins gardé son pire défaut : la température intérieure. Celle-ci ne semble jamais diminuer, et même, elle semble empirer. Peter Tägtgren (chant) en fait d’ailleurs les frais, et le groupe choisit de ralentir la cadence, en interprétant un « Have A Drink On Me » assis. Chaque instrument, que ce soit la guitare de Sebastian Svalland, la basse de Jonathan Olson ou les samples électroniques, est parfaitement audible, tout comme la voix du chanteur principal.
La présence scénique de Peter Tägtgren, au centre de l'action, est indiscutable, et les morceaux du groupe sont efficaces pour engager les fans. Un éclairage varié en teintes de bleu, violet et rouge ajoute une dimension esthétique aux performances, y compris des moments d'obscurité qui sont bien accueillis. Après une reprise des Rolling Stones, le groupe quitte brièvement la scène avant de revenir pour les morceaux « Party In My Head » (où les membres du groupe arrivent avec un accoutrement adapté) et « I'm Going Out », avant d’avoir une petite surprise pour la dernière : « Shut Your Mouth ». En effet, l’alarme incendie se déclenche et coupe le courant. Pain, un peu désemparé au début, décide d’attendre et déclare qu’il va jouer ce dernier titre. Pendant les quelques minutes d’attente, on chante "Joyeux Anniversaire" à une fan, on profite d’un solo de batterie et on discute avec le groupe sur scène. Puis, le son redémarre et « Shut Your Mouth » résonne, avec une fosse éclairée.
Au cours de cette soirée, la diversité musicale était au rendez-vous, allant d'une escapade japonaise avec Ryujin à un retour en Scandinavie avec Eleine, Ensiferum et Pain. Malgré les différences de styles et une mosaïque de fans dans la fosse, les contrastes de la programmation n'ont pas nui à la qualité de l'événement, bien au contraire. Chaque groupe a contribué à faire de la soirée une réussite.
Encore un grand merci à Sounds Like Hell pour l'organisation de dates metal d'une telle qualité.
Photos : Florentine Pautet, toute reproduction interdite sans l’accord de la photographe.