Thy Art Is Murder, groupe que l'on ne présente plus, a pourtant connu une actualité récente plutôt mouvementée. En effet, après des propos transphobes de la part du chanteur CJ McMahon, le groupe a décidé de l'exclure du groupe et de ré-enregistrer le dernier album avec le nouveau vocaliste qu'ils emmènent dans leurs bagages pour cette tournée à travers l'Europe : Tyler Miller. Retour sur la date parisienne de cette tournée qui s'est vue quelque peu chamboulée, et sur la prestation des autres groupes qui accompagnaient le combo australien, à savoir Whitechapel, Fit For An Autopsy, et Spite.
Spite
Avant de parler de Spite, revenons sur un point non négligeable. Il est 18h30, heure à laquelle les Américains sont censés monter sur scène. Et force est de constater qu'une bonne partie du public ne pourra assister à leur prestation tant la queue est immense à l'extérieur.
Et quel dommage, tant l'énergie démontrée sur scène par les musiciens fait plaisir à voir. Pour leur première à Paris, la bande à Darius Tehrani (chant) s'en donne à cœur joie. Le son est propre, malgré une légère faiblesse sur la guitare, la setlist terriblement bien choisie avec 4 titres issus du très bon Dedicated to Flesh et la présence de "The Root of All Evil" garantit à l'audience de se mettre doucement en jambe. Darius Tehrani n'hésite pas à haranguer la foule à coup de crachats et de multiples gestes obscènes.
Un set de 30 min, presque trop court qui se conclut par "Kill or Be Killed" et qui, on le verra par la suite, pourra très certainement être qualifié comme la meilleure prestation de la soirée.
Setlist Spite :
Made to Please
Caved In
Some Things You Should Know...
IED
The Root of All Evil
Thank You, Again
Dedication to Flesh
Kill or Be Killed
Fit For An Autopsy
On est tant habitué à voir tourner Fit For an Autopsy avec Thy Art Is Murder que l'on commence à se demander s'ils ne vivent pas tous sous le même toit. En effet, au delà des tournées et du genre, la bande à Will Putney est liée aux Australiens par le mix de leurs albums, quasi toujours assuré par le guitariste américain.
Et si ces derniers sont habitués aux grosses scènes, force est de constater que la performance délivrée en cette soirée d'automne est largement en-dessous de leurs standards. Il faudra malheureusement compter sur un son de piètre qualité où les gutturaux de Joe Badolato se retrouvent complètement perdus dans le mix global. Et ce ne sont pas les "clap-clap" demandés par Pat Sheridan (guitare) qui vont nous convaincre. Bien que le public soit relativement réactif et bouge bien, voire exulte sur "The Sea of Tragic Beasts", c'est comme s'il manquait quelque chose. Heureusement, le son aura eu tendance à s'améliorer sur la fin de la performance, et cela est toujours plaisant de voir un circle pit se lancer sur le très bon "Pandora".
Les Américains terminent leur performance sur "Far From Heaven" et s'en vont en laissant un petit goût amer d'inachevé. Bien que leur présence scénique reste incontestablement bonne, la piètre qualité sonore n'a pas joué en leur faveur.
Setlist Fit For An Autopsy :
A Higher Level of Hate
Black Mammoth
Savages
The Sea of Tragic Beasts
Hellions
Pandora
Far From Heaven
Whitechapel
S'il y a bien un groupe qui a exploré de nombreuses directions dans le cadre de son développement, il s'agit sans aucun doute de Whitechapel. Connu d'abord pour les gutturaux impressionnants du frontman Phil Bozeman, le groupe prend une toute autre direction, plus éthérée avec The Valley en 2019 avant de revenir à des sonorités plus organiques sur Kin.
Symbole de cette diversité, ce 20 octobre, Whitechapel joue des titres issus de pas moins de 6 albums bien distincts, avec une prédominance pour les deux derniers en date.
L'entrée du groupe se fait dans la fumée. Beaucoup de fumée, à tel point qu'il nous sera difficile de bien les distinguer. Mais les distinguer était-il nécessaire tant leur performance de ce soir sera quasi plate. En effet, à part Phil, il n'y a que très peu de mouvements de la part des autres musiciens qui jouent chacun dans leur coin. Alors il y a bien certains moments où l'intensité monte d'un cran. On pense notamment à l'instant où les premières notes de "The Saw is the Law" résonnent dans la salle parisienne et où cette dernière chante comme un seul homme les paroles terriblement entêtantes. Ou encore ce circle pit lancé sur "We are One". Et c'est seulement à la fin du set que Whitechapel va définitivement tout lâcher avec ses premiers titres brutaux comme "Prostatic Fluid Asphyxiation" ou encore "This Is Exile".
Forcément, quant Whitechapel revient à ses classiques, la performance ne s'en retrouve que bonifiée. Quel dommage que de retrouver ce manque d'équilibrage avant le plat de résistance Thy Art Is Murder.
Setlist Whitechapel :
I Will Find You
A Bloodsoaked Symphony
The Saw Is the Law
We Are One
Forgiveness Is Weakness
Doom Woods
End of Flesh
Prostatic Fluid Asphyxiation
This Is Exile
Thy Art Is Murder
C'est enfin aux Australiens de montrer ce qu'ils ont dans le ventre avec cette nouvelle configuration. Après une introduction très "festive" sur "We Like to Party" de Vengaboys, les lumières tombent pour n'éclairer plus que Jesse Beahler et ses toms. L'effet est prenant et efficace on est comme mystifié et suspendu à ses mouvements de bras qui s'abattent froidement sur ses percussions, dictant inlassablement le rythme de "Destroyer of Dream". Et c'est à cet instant que les autres membres du groupe font leur entrée.
Aux premiers abords, on est impressionné par la ressemblance vocale que Tyler Miller a réussi à insuffler pour coller au mieux à la voix de CJ Mc Mahon. Cependant, cet effet de surprise retombe rapidement comme un soufflé. En effet, il est véritablement dommage que Tyler Miller, connu notamment pour ses gutturaux très profonds au sein d'Aversions Crowns n'ai pas apporté sa propre patte et sa propre personnalité. On ressent qu'il essaie d'y mettre du sien, qu'il se montre reconnaissant et qu'il a conscience de la difficulté de la tâche qu'il doit accomplir. Mais en ce sens, on a plutôt l'impression d'avoir affaire à un cover band de Thy Art Is Murder qu'au groupe originel.
Oui, cela joue très bien, oui le son est plutôt propre, mais il manque quelque chose. Loin de nous l'idée de regretter la présence de CJ, au contraire la décision que le groupe a prise est la bonne, le seul regret que nous pouvons exprimer ici est le manque de prise de risque de la part de Tyler. Il faut cependant noter que malgré tout, ce dernier assure du mieux qu'il peut sachant qu'il vient de se faire recoudre le crâne dans les heures qui précédaient le concert. L'un des seuls moments où nous verrons véritablement qui est Tyler se situe sur "The Purest Strain of Hate" où ce dernier apportera un très léger growl à un endroit où l'on ne l'attendait pas, permettant ainsi une nouvelle interprétation de ce classique.
Mis à part cela, on assiste à une playlist plutôt classique, où bien évidemment Godlike est fortement mis en avant : pas moins de 7 titres issus du dernier album seront joués. Et cet album est terriblement efficace en live. Mais les précédents albums ne sont pas laissés en reste puisqu'on retrouve des titres de chacun des albums précédents comme le très bon "Human Target", "Holy War" et bien évidemment le duo "Reign of Darkness"- "Puppet Master" pour conclure.
C'est finalement un sentiment de déception qui ressort de cette soirée tant les attentes que nous pouvions avoir envers Thy Art Is Murder n'ont pas été atteintes. On espère simplement que Tyler pourra voler de ses propres ailes et insuffler sa propre énergie au sein du groupe. Pour terminer, quelle fut la meilleure performance de la soirée ? Spite, sans la moindre hésitation. Dommage que tant de personnes les ai manqués...
Setlist Thy Art Is Murder :
We Like to Party
(Vengaboys song)
Destroyer of Dream
Slaves Beyond Death
Make America Hate Again
Blood Throne
Join Me in Armageddon
Bermuda
Human Target
Holy War
The Purest Strain of Hate
Godlike
Keres
Everything Unwanted
Encore:
Reign of Darkness
Puppet Master
Crédit photo : Sana Bsh. Toute reproduction interdite sans l'autorisation de la photographe.