Un peu moins de huit ans après avoir donné un concert dantesque au Divan du Monde, Gorod et Kronos se retrouvent sur une même affiche. Les premiers sont là pour promouvoir The Orb, leur nouveau petit bijou de death technique, tandis que les seconds se sont reformés à la surprise générale pour célébrer les vingt ans de Colossal Titan Strife. La surprise est d’ailleurs de taille puisque Kristof (chant) et Mike (batterie) sont également de retour au sein de la formation de brutal death.
Kronos
Le public s’est déplacé en masse en ce vendredi pluvieux et il est agréable de se mettre enfin au sec au sous-sol du Petit Bain. Avec une affiche 100% française et 100% death metal, Garmonbozia a réussi le pari de rameuter un public tout acquis à la cause des deux formations et qui va bien leur faire savoir au cours des deux sets.
Kronos entre en scène sur l’introduction de « Colossal Titan Strife », album qui sera mis à l’honneur étant donné la date anniversaire. Dès le début du set, le son est puissant, massif et pourtant parfaitement clair. On peut apprécier toute la précision des riffs, tout comme les parties de basse de Tom, qui trouvent le juste équilibre entre efficacité et technicité.
Si Kristof n’a pas foulé une scène parisienne depuis de nombreuses années, force est de reconnaître que sa voix n’est pas rouillée, et qu’il sait tenir le public dans la main. Après deux ou trois titres, où le public reste relativement calme, les spectateurs donnent vite leur maximum à coup de moshpits dès « Aeternum Pharaos Curse ». Seul petit point de frustration, le deuxième titre, « Submission » est entaché d’un petit souci technique pour Grams (guitare), qui doit se battre avec un câble récalcitrant, sans pour autant que cela ne déstabilise ses compagnons d’armes.
En guise de surprise supplémentaire, les Vosgiens ont convié à la fête Triv, le chanteur qui a succédé à Kristof et qui officie sur l’album Arisen New Era. « Salut, c’est le stagiaire » lance celui-ci à la foule, avant d’enchaîner les hurlements porcins en alternance avec Kristof. Ce moment de complicité entre les deux chanteurs (et au sein de l’ensemble du line up) fait partie des instants que l’on apprécie de voir et qui font du bien à l’ensemble de la scène.
Doucement mais sûrement, le quintette arrive vers la fin du set, en ayant interprété la quasi-intégralité de Colossal Titan Strife, sans oublier The Hellenic Terror, dont "Petrifying Beauty" récolte un beau succès auprès du public.
C’est sur un « Mashkhiths » énorme qui marque un petit détour vers le premier opus (Titan’s Awakening) que Kronos conclut son set, marquant durablement les esprits. Étant donné la qualité de la prestation et le plaisir non feint qu’ont montré l’ensemble des acteurs sur scène, on espère que Kronos ne s’arrêtera pas en si bon chemin et que cette reformation ne sera en rien un moment éphémère.
Setlist Kronos :
Colossal Titan Strife
Submission
Opplomak
With Eaque Sword
Aeternum Pharaos Curse
Haterealm
Monumental Carnage
Phaeton
Kronos
Bringers of Disorder
Petrifying Beauty
Supreme Nordik Reign
Mashkhits
Gorod
Cela n’est désormais plus à démontrer, Gorod est l’un des piliers du death metal hexagonal actuellement, qui offre toujours des prestations live de qualité ainsi que des albums studios excellents. Une fois de plus, le set de ce soir nous conforte dans cette constatation.
L’alchimie qui règne au sein du quintette bordelais se remarque à chaque instant et la joie des musiciens tout sourire à l’image de Barby (basse) et Nicolas (guitare) est particulièrement communicative. Ni une ni deux, les spectateurs du Petit Bain se lancent dans des mosh pits, certains s’aventurant même à enchaîner slams et stage diving malgré la taille de la salle (et la faible hauteur sous plafond vers le fond de la fosse).
Musicalement, c’est une nouvelle baffe que nous assènent les Bordelais, dont les plans en tapping donnent l’impression d’une facilité déconcertante, tandis que Julien (chant) varie toujours plus son chant death, incorporant des passages presqu’en chant clair (« Birds of Sulphure » et son « Fire will fall from the sky », repris en chœur par le public). Toujours poussée par le groove et la recherche du riff efficace, la musique de Gorod donne presque envie de danser, à la fois dans la fosse mais également du côté des musiciens eux-mêmes (Barby passe son temps à se dandiner sur les planches).
Gorod pioche dans l’ensemble de ses albums et interprète ses classiques (« Birds of Sulphure », « The Axe of God », « Bekhten’s Curse », « Disavow Your God ») sans oublier les extraits de son dernier-né, The Orb (« l’album d’avant parlait de la lune, celui-ci du soleil » lance Julien). On note notamment un « We Are the Sun Gods » qui fait clairement son petit effet en live. En effet, sur le pont de ce titre, Nicolas et Mathieu (guitare) enchaînent les parties en tapping utilisant un looper et s’éclipsent le temps d’un court solo de batterie. C’est bien simple, ce titre est clairement amené à être un classique du groupe et est tout simplement l’un des meilleurs du dernier opus.
Le public est chaud bouillant, si bien que lorsque Julien annonce le dernier titre (« Disavow Your God »), les spectateurs ne comptent pas s’arrêter là. Les musiciens saluent, les lumières se rallument mais le public réclame à corps et à cri un rappel, prenant clairement de court les Bordelais qui n’en attendaient pas tant ! Julien avait même rejoint le stand de merchandising et n’imaginait pas une seconde devoir retourner sur les planches pour un titre supplémentaire. Mais devant tant d’insistance, les musiciens s’exécutent (avec le sourire bien entendu) et nous ressorte une nouvelle fois « Bekhten’s Curse », bouclant la boucle, puisque ce titre avait été joué en ouverture une heure et quart plus tôt.
C’est donc une excellente soirée qu’auront passée les fans des deux groupes ce soir, preuve une fois de plus de la qualité de la scène et du talent des musiciens. Une soirée qui montre que death metal peut rimer avec fun et donner le sourire, de quoi oublier la pluie maussade qui bat les pavés de la capitale.
Setlist Gorod (incomplète et dans le désordre)
Bekhten’s Curse
The Axe of God
Birds of Sulphure
Chrematism
The Orb
We Are the Sun Gods
Programmers of Decline
Disavow Your God
Rappel :
Bekhten’s Curse
Merci à Garmonbozia ainsi qu'à Gorod et Kronos
Photos : Lil'Goth Live Picture. Toute reproduction interdite sans autorisation de la photographe