Pénitence Onirique – Nature Morte : purisme, technique, et philosophie

Après V.I.T.R.I.O.L et Vestige, Pénitence Onirique revient avec toujours plus de purisme, de black metal, et de philosophie dans son nouvel opus, Nature Morte, sorti via le label Les Acteurs de l'Ombre. 

Cela faisait quatre années que l’entité black métal atmosphérique française Pénitence Onirique nous avait comblé avec son deuxième album Vestige, première collaboration avec le label bien connu dans l’hexagone Les Acteurs De L’Ombre. Pour les auditeurs conquis, impatients et métallophages, pas de doute, Pénitence Onirique s’est fait désirer. C’est avec une grande excitation et une délectation certaine que nous découvrons aujourd’hui leur nouvel album très justement nommé Nature Morte.

Ce sont six titres qui composent ce disque de quarante-cinq minutes au total, d’une violence agressive concentrée dans un black metal déchaîné et tempétueux. Le premier morceau nommé "Désir" nous plante un décor propre au genre, cloches et sonorités liturgiques aboutissent sur une explosion de blasts et de cris. S’ensuit une cacophonie très structurée, comme un faux chaos sonore qui s’axe souvent sur une ligne de chœurs mélodiques, colonne vertébrale de cette “Passion” musicale. "Lama Sabachtani", sans paroles, césure de la souffrance dans l’océan de la haine, citation christique (“Mon dieu, pourquoi m’as tu abandonné”), est l’intermède mélancoliquement calme avant le déchaînement des ténèbres et des riffs de “Je vois Satan tomber comme l’Eclair”. 

Il ne faut pas être chauvin pour apprécier la qualité d’écriture des textes, tous en français, écrits avec une rage poétique, nous plongeant morceau après morceau dans la spirale infernale du désir, menant des peuples entiers à la destruction apocalyptique. Pénitence Onirique revendique comme de coutume une thématique propre à cet album, autour de laquelle ils ont bâti un univers musical riche et parlant. Dans Nature Morte, il s’agit d’une revisite artistique de l’œuvre de l’anthropologue René Girard, père moderne du mimétisme, principe philosophique qui consiste à prouver que tout désir est lié à la représentation du même désir chez un autre sujet. Pari gagné pour nos Français masqués, chaque titre de l’album illustre à merveille les grandes valeurs de ce vaste sujet, nous attirant à chaque fois un peu plus bas dans les strates de l’humanité, vers l'outre-tombe et les enfers et nous amenant à de longues réflexions au coin du feu entre chien et loup. 

Le troisième album de Pénitence Onirique valait sans aucun doute l’attente. Une technique et un son irréprochable au service d’un black métal classique des plus plaisants, associés à une musicalité et une poésie sachant poser une ambiance atmosphérique désespérée, Nature Morte est un album complet, qu’on pourra écouter longtemps, et beaucoup, sans jamais se lasser.