La péniche parisienne accueille ce soir Ufomammut, pilier italien de la scène stoner psychédélique depuis deux décennies, pour la seconde partie de la tournée consacrée à Fenice, le dernier album sorti en 2022.
Homecoming
Le groupe parisien de post indus Oaks ayant malheureusement dû annuler sa venue ce soir, les locaux de Homecoming bénéficient donc d’un créneau un peu plus long pour chauffer la salle avant Ufomammut. L’horaire de démarrage décalé permet également aux retardataires d’arriver, et le bateau est bien rempli quand le jeune quatuor prend place sur scène.
Le combo, qui a à son actif un premier album sorti en 2019, LP01 (ça ne s’invente pas), propose des compositions lorgnant vers du prog rock / metal aux accents grunge, alternant d’emblée des passages énervés à coups de riffs et de blast et des passages atmosphériques mélodiques. La signature vocale du guitariste / chanteur Théo Guiter est assez singulière pour le genre, entre des lignes claires mélancoliques et des cris gutturaux inspirés.
La setlist du soir se révèle cependant assez disparate : les morceaux se suivent et ne se ressemblent pas, et les transitions du post rock à des passages plus extrêmes se multiplient, pouvant décontenancer l’auditeur à la recherche d’un son caractéristique. Qu’importe, une bonne partie du public semble séduit par l’énergie déployée par Homecoming, qui signe par ailleurs une prestation propre et convaincante, et bénéficie d’un solide capital sympathie en arborant de larges sourires et en faisant quelques traits d’humour tout en rendant hommage au groupe Oaks, absent ce soir.
Ufomammut
Le combo italien, qui avait annoncé sa séparation au bout de vingt ans de carrière après le départ de son batteur historique, s’est reformé en 2021 avec un nouveau cogneur dans ses rangs et la promesse d’une renaissance, concrétisée dans l’album Fenice. Le trio arrive ce soir presque à la fin de la tournée européenne consacrée à ce nouvel album, à deux jours de revenir du côté de son Piémont natal. Aucun signe de fatigue ne se fait ressentir cependant, et l’entame du set avec l’enchaînement magistral "Duat" – "Psychostasia" met tout le monde d’accord. Le chant dosé du bassiste Urlo s’élève sans jamais prendre le pas sur l’instrumental dans les longues compositions sludge, doom, lourdes et astrales du groupe.
Les réglages sont parfaits, les riffs surpuissants et les effets psychédéliques prenants au possible, le tout étant illustré par un défilé hypnotisant d’images cosmiques sur l’écran en backdrop et un lightshow coloré collant parfaitement à l’ambiance. Les têtes bougent, le bateau tangue et le vrombissement des guitares résonne dans toute la salle. Les riffs pachydermiques et les passages psychédéliques venus d’un autre monde s’enchaînent, la réverbération se ressent jusqu’à la batterie à l’écho meurtrier.
La première partie de la setlist est exclusivement composée des morceaux de Fenice et de l’EP tout frais Crookhead (sorti pour Halloween il y a quelques semaines), qui passent extrêmement bien en live, de la psychédélique "Metamorphoenix" aux sonorités cosmiques de l’étrange "Supernova". Depuis son retour sur le devant de la scène, Ufomammut a certes pris un nouvel envol en renaissant de ses cendres, mais une chose est sûre ce soir : le groupe n’a rien perdu de cette capacité à faire vibrer les corps et bouger les têtes d’un seul accord, avec une technique impressionnante et une virtuosité implacable.
Les deux piliers Poia et Urlo, imperturbables, soutenus par la prestation impeccable de Levre derrière les fûts, enchaînent les riffs sans sourciller, et plongent la salle dans leur univers complexe, introspectif et puissant. Quand arrivent des morceaux issus d’albums plus anciens, la magie opère complètement. Les riffs circulaires de "Stigma" puis l’énorme intro aux vibrations telluriques de la puissante "Temple" font encore monter la température sur le bateau, jusqu’à la superbe reprise de Pink Floyd, "Welcome to the Machine" et la conclusion "Oroborus" issue de Oro : Opus Alter, sorti en 2012.
Une dizaine de longs titres et il est déjà l’heure de se quitter. Le public réserve une ovation aux trois musiciens qui, se confondent en remerciements et offrent des poignées de mains aux premiers rangs. Dans les regards du côté du bar ou du stand de merch, on lit la satisfaction et le sentiment d’avoir assisté à un moment privilégié : ce soir, les Italiens ont délivré un set monstrueux qui a su faire trembler et vibrer le Petit Bain comme il se doit.
Setlist Ufomammut :
- Duat
- Psychostasia
- Metamorphoenix
- Pyramind
- Supernova
- Stigma
- Crookhead
- Temple
- Welcome to the Machine (Pink Floyd cover)
- Oroborus
Un grand merci à Garmonbozia pour cette superbe soirée.
Photos : Lil'Goth Live Picture. Toute reproduction interdite sans l'autorisation de la photographe.