Selon la mythologie nordique, Odin s’est pendu durant neuf jours et neuf nuits à Yggdrasil, l’Arbre Cosmique, pour découvrir le secret des Runes.
On espère que l’écriture de ce neuvième album des fiers représentants du peuple viking fût une quête un peu moins difficile et douloureuse !
Il est vrai que lorsqu’on a derrière soi une carrière de 21 ans et que l’on fête le quinzième anniversaire de son premier opus (Sorrow Throughout the Nine Worlds – EP datant de 1996), il parait difficile de faire encore mieux. C’est là le challenge que tous les grands groupes tels que Slayer ou Iron Maiden, pour ne citer qu’eux, ont toujours du mal à relever. Voyons voir comment nos suédois vont s’en sortir.
En effet, quand on pense à l’impressionnante liste d’albums que représente Once Sent From The Golden Hall, The Avenger, The Crusher, Versus The World, Fate of Norns, With Oden On Our Side, Twilight of The Thunder God et bien sûr Surtur Rising, on se demande comment un groupe peut continuer à produire des albums de qualité sans changer au point de devenir méconnaissable ni tomber dans une triste routine.
(source: photo promo Amon Amarth)
L’album débute avec le titre éponyme "Deceiver of The Gods", qui est un morceau Amon Amarth pur jus. Un rythme rapide qui entraîne immanquablement une furieuse envie de se jeter dans le pit, comme on a pu le constater à la première présentation du morceau en live devant le public français au Sonisphere. Bref, cette chanson résume à elle seule le style du groupe : des passages mélodiques, un refrain qui donne envie de se démettre la nuque et de hurler en chœur et une rythmique entraînante parfaitement adaptée à un pogo viril.
Voilà, tout est dit. Vivement le prochain album !
Ah pardon ? Il y a encore neuf autres titres ?
Non ? Vraiment ? Vous voulez dire qu’il y a encore plein d’autres titres ? Mais c'est géniaaal !!!!
Voyons ça de plus près...
"As Loke Falls", "Under Siege" et "Coming of the Tide" sont des morceaux passe-partout. Ils sont très bien, mais on les a déjà entendus des centaines de fois. Attention, tous les fans du groupe vont les trouver très poilus et ils auront raison de profiter de leur écoute.
"Father of the Wolf" est encore un morceau taillé pour le pit, avec toujours la bonne vieille recette d’accélérations rythmiques bien pesées entre des mélodies plus lentes et lourdes permettant d’entonner à tue-tête le refrain ou de hurler en chœur avec les loups.
"Shape Shifter" fonctionne également sur la même recette, au point où la montée en tonalité du refrain sur une même mélodie en fin de morceau nous fait penser que là, ils ont vraiment poussé le bouchon très loin avec une sorte d’auto-reprise au sein d’une même chanson. Bon, toute critique mise à part, il n’empêche que cela fonctionne très bien !
"Blood Eagle" est sans doute le morceau le plus rapide du CD . Sinon, rien de nouveau au Nord, à part cette intro gore...
"We Shall Destroy" a des sonorités heavy metal prononcées et brigue le titre du meilleur morceau de l’album, de part sa variété, sa lourdeur et tout simplement la puissance du refrain qui nous entraîne vers les grandes œuvres du glorieux passé musical du groupe. Evidemment, rien qu’à lire le titre, on se doute bien qu’il n’y là rien de très original, mais… Amon Amarth quoi !
"Hel" poursuit avec des riffs heavy et une voix encore plus gutturale de Johan Hegg, qui contraste encore davantage avec les envolées lyriques de l’ex-chanteur de Candlemass, Messiah Marcolin, en guest star pour ce voyage en Enfer. Pas de doute, l’efficacité est là et la petite mélodie quasi orientale qui transparait à plusieurs reprises dans la chanson ajoute une touche d’originalité que ne possède pas le long morceau de clôture de l’album « Warriors of the North » bien qu'épique et profond à souhait.
J’avoue avoir écouté plus d’une dizaine de fois pendant près d’un mois cet album avant de rédiger cette chronique, tant j’étais partagé.
D’un côté, il y avait le fan d’Amon Amarth, qui entendait bien le son typique du groupe et qui exaltait à l’idée de se dire que ça y était enfin, c’était bien leur nouvel album que j’écoutais, c’était le valhalla en direct !
De l’autre, il y avait mon côté sceptique, qui avait cette furieuse impression de « déjà entendu », de vieilles recettes appliquées d’une main de maître, certes, mais bon, on aurait voulu entendre quelque chose de nouveau ou à défaut, retrouver un morceau digne d’un « The Pursuit of Vikings » ou d’un « Twilight of the Thunder God ».
Alors que penser de cet album au final ?
Johan Hegg, Olavi Mikkonen, Johan Söderberg, Ted Lundström et Frederik Andersson ont-ils redécouvert le secret des runes à l’issue de ce neuvième album ?
Et bien la réponse se trouve quelque part entre l’arrivée à la perfection et l’absence de réelle découverte. Mais quoi qu’il en soit, ce dont je suis certain, c’est qu’Amon Amarth connait le secret de la prestation sur scène et que j’aurais un grand plaisir à les voir, à chanter les refrains de leur dernier album au centre d’un pit rempli de chevelus barbus et suants rendant hommage aux guerriers du nord venus apporter leur civilisation à bord de leur drakkar.
En fait, c’est ça un album d’Amon Amarth : un entraînement pour se plonger dans la fosse pendant leurs concerts !
« Deceiver of the Gods » - sortie le 25 juin 2013 chez Metal Blade.
Tracklist :
Deceiver of the Gods (4:19)
As Loke Falls (4:38)
Father of the Wolf (4:19)
Shape Shifter (4:02)
Under Siege (6:17)
Blood Eagle (3:15)
We Shall Destroy (4:25)
Hel (4:09)
Coming of the Tide (4:16)
Warriors of the North (8:12)
Thomas Orlanth