Coal Chamber (+ Checkmate) au Trabendo de Paris (18.06.2013)

Si le chemin de la musique mainstream a toujours été jalonné de sous-courants (qui éventuellement deviennent de gros courants parfois), la musique metal et underground n’est pas exempte de ce phénomène non plus. Si après des 80’s très glam, les années 90 virent l’explosion du style grunge, mené par les figures de proue Nirvana, Soundgarden ou encore Alice In Chains ; les années 2000, celui du neo-metal avec comme têtes de gondole Korn, Limp Bizkit et une kyrielle d’autres petits poissons comme Coal Chamber ; les années 10 (euh enfin 2010) ont, elles, l’apanage de tout ce qui se termine en –core : fortement influencés par la descente sonore aux enfers de groupes comme Pantera, puis Machine Head ou encore Fear Factory, avec ses guitares droppées à souhait et ses prod bien grasses. Ce soir au Trabendo, ce n’est pas soirée disco, mais rétrospective 90’s et ouverture sur les toutes dernières années !

 

Checkmate


Checkmate est un groupe bien de chez nous, qui ouvre le bal avec puissance et entrain. Avec une musique très proche du style pratiqué par un Lamb Of God ou encore un August Burns Red, nos compatriotes offrent une performance très carrée et parviennent en peu de temps à chauffer la salle. Visiblement ravi d’être là, le groupe assure avec aisance sur la scène du Trabendo. Le son est relativement bon, même si trop de basses se font sentir. Dotés d’un look plutôt passe-partout, qui pourrait laisser dans un premier temps augurer d’une troupe de comptables, les Checkmate se démènent, et offrent un show très énergique, avec une bonne synchronicité dans le jeu de scène. Même si le style est certes un peu déjà entendu quand même (rythmique mastodonte, chorus de guitare singuliers, et alternance chant clair / chant guttural maintes fois usités) et qu’ils empruntent les codes visuels très en vogue dernièrement (la montée sur les amplis, les guitares en l’air…), ils n’en délivrent pas moins une prestation de qualité, et surtout remportent l’adhésion immédiate du public. Julien, le chanteur, sollicite sans cesse ce dernier et ne le laisse pas retomber une seule seconde.
 

Le morceau « By Any Means Necessary » amène le show vers une clôture, avec à la clef passage en accalmie et un violin de guitare très bien vu, qui redonne un second souffle au programme, et le nuance avec grâce. On peut saluer le travail de l’ingénieur du son, qui rend justice au groupe, et sait donner du corps aux variantes de la voix (avec quelques effets de reverb très bien placés, notamment). Mais si l’on sent un certain pathos au niveau du chant justement, l’on regrette cependant que le groupe ne prenne pas le soin d’expliciter ses paroles. Il en demeure néanmoins une belle prestation, qui introduit pour le mieux le premier album du groupe, Immanence, et ouvre la soirée sous de bons auspices.
 

Setlist :

Days Slip By
I.M:A
Invictus
Moving Backwards
Despite The Years
Blank Page
By Any Means Necessary

 

Coal Chamber

 

Après une petite pause estivale sur la terrasse du Trabendo, c’est totalement de court que nous prennent les Californiens de Coal Chamber : le méga-tube du groupe, « Loco », résonne dans la salle et commence à faire trembler les murs. Dès les premières notes, ils emportent tout sur leur passage. Visuellement aussi, c’est très fort, car quand la bande de Dez Fafara (chant) débarque, c’est un peu comme si la Famille Addams arrivait en ville ! Affublés de vraies dégaines de saltimbanques, le groupe autrefois phare sur la scène neo metal, et poulain de la grande écurie Roadrunner, nous replonge immédiatement dans la fin des années 90 / début 2000. Avec une musique sobre et d’approche plutôt minimaliste, c’est par un jeu scénique génial que les Coal Chamber tranchent. L’autre tube, « Fiend » (extrait de Dark Days, 2002) soulève un public déjà très chaud. A la batterie surélevée, Mike Cox bastonne avec beaucoup de punch. Dez entonne les fameux refrains hypnotiques dont il a le secret, et l’on constate avec joie qu’il assure toujours autant. Les guitares de Meegs Rascon et Chela Rhea Harper (basse) sont incisives, et la troupe à la fois glauque et sexy parvient à recréer le chaos sur scène. La dernière petite trouvaille du groupe, Chela, virevolte à mesure que l’ambiance se charge et devient de plus en plus survoltée.
 

« Not Living » (Chamber Music, 1999) aborde le thème douloureux d’une relation qui prend fin, et l’on ne peut s’empêcher de se dire qu’ils sont tout de même forts ces américains… De réussir le pari de livrer leurs émotions les plus profondes en musique, avec la fougue et la hargne caractéristique du metal. Dez murmure « This is the way it’s got to be », et invite avec « Oddity » (Coal Chamber, 1997) le public à un voyage dans les confins de sa psyché hantée, avec charisme et versatilité : phrasé hip hop, voix suave typée goth, chant guttural aigu / grave ; le panel est large. La troupe conclura son hors d’œuvre appétissant avec le hit « Sway » (Coal Chamber), et toute la salle de scander : « The roof, the roof, the roof is on fire ; we don’t need no water, let the motherfucker burn ! »

 

C'est avec joie que l'on retrouvera les Coal Chamber après 10 ans d'absence (on se souviendra de leur date très réussie, à deux pas - au Zénith - en accompagnement de Pantera tout de même, en 1998) et que l'on renouera non seulement avec les bons souvenirs du passé, mais que l'on constatera aussi que le style de musique pratiqué alors par la bande à Dez, et décrié par les plus puristes, a non seulement bien passé l'épreuve du temps, mais sonne en 2013 plus metal que jamais - et pas simplement neo. Il faut croire que, tout comme avec la mode vestimentaire, si une nouvelle fournée peut souvent bousculer l'oreille et paraître relever de l'hérésie au premier abord, le recul qu'offre les années permet une lente digestion, et révèle surtout au carbone les plus braves.
 

Setlist :

Loco
Big Truck
Fiend
Rowboat
Something Told Me
Clock
Drove
Not Living
Dark Days
I
No Home
Oddity
Maricon Puto
Sway

Liens utiles :

Le site officiel de Coal Chamber
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Merci à Julien de Checkmate pour son aide !
 



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