Vendredi 21 juin – 20h45 – Main Stage 1
La voix du rauque !
Remonté au dernier moment en avant dernier sur la MS1 (fruit d'un échange de créneaux avec Twisted Sister qui fera bien des frustrés, car mal relayé sur le site), Whitesnake d'un créneau horaire idéal (celui où le concert commence le jour et finit à la nuit tombante, avec entre les deux toute une palette de couleurs qui donne des teintes uniques) et d'une affluence impressionnante.
Pour son passage à Clisson, le serpent blanc déboule avec tous les atours du groupe de légende. Des gratteux techniciens hors pairs et au look de star, un batteur mythique (mais avec qui Tommy Aldridge n'a-t-il pas joué dans le circuit du hard rock ?), mais surtout un leader, véritable icône, tant pour ses capacités vocales hors normes mais aussi un sex appeal quasi animal (même à quasi 70 balais). Revenu depuis quelques temps à ses premiers amours, à savoir un hard rock bluesy, loin de l'époque paillettes et big rock US de la fin des 80's, le combo entame son set sur un convaincant "Gimme All Your Love" qui laisse déjà entrevoir toute la richesse et la subtilité du jeu des guitaristes. Visuellement, Doug Aldrich s'impose comme la figure de proue du navire Whitesnake et son toucher, allié à une technique très pure, font déjà merveille. Le son est vraiment excellent et le public réagit bien à ce démarrage sur de très bonnes bases.
Tu veux de la rock star ? En v'là !
Malheureusement, malgré l'indéniable excellence des musiciens, un sentiment de malaise s'instaure progressivement. Autant Whitesnake est impressionnant d'aisance et de classe, autant un détail heurte de manière de plus en plus criarde : le chant. S'il parvient à donner le change dans les mediums (et encore, "Is This Love est franchement malmenée malgré un solo sublime), David Coverdale peine ostensiblement à monter dans les aigus (ce que les chœurs, remarquables par ailleurs, ne peuvent cacher tout le temps). Malgré une présence toujours aussi impériale (si vous ne savez pas ce que veut dire capter naturellement tous les regards, ce set était une belle illustration), le charismatique chanteur est à la peine et force beaucoup trop sur sa voix. Il en résulte une sensation désagréable de l'entendre forcer en permanence pour un résultat irritant. Incroyable de devoir écrire ce constat flagrant : Coverdale constitue désormais le point faible de son propre groupe !
C'est qui le boss ici ?
Du coup, arrivé à la moitié du set, on assiste à un étalage de tous les gimmicks permettant de gagner du temps pour économiser les cordes vocales du leader. Après "Pistols At Dawn", un solo de Aldrich, suivi d'un autre de Reb Beach, puis les deux ensembles. Jusque-là, rien que de très classique, seulement quand le bassiste nous sort un petit solo d'harmonica sans aucun intérêt et que le morceau suivant ("Steal Your Heart Away") est ponctué du solo de Tommy Aldridge (avec à la fin une petite session à main nue, habituelle, mais qui fait toujours son effet), cela commence à faire beaucoup.
Je ne fais pas la gueule, je suis concentré !
S'ensuit une faute de goût terrible avec "Forevermore" dont l'intro est une vraie boucherie (chant faux et gratte mal accordée), avant un final plus conforme au standing du combo.
La fin du concert, qui voit Whitesnake sortir l'artillerie lourde en terme de hits (enchaîner "Fool For Your Loving", "Here I Go Again" et "Still Of The Night" c'est quand même un peu la classe, non ?) ne fait que conforter le sentiment général. Autant le groupe envoie du lourd au service d'un répertoire de haute volée, autant vocalement on assiste à un truc étrange. A tellement forcer, Coverdale nous sort une voix rauque (à tel point qu'on se demandera parfois si Alexi Laiho n'était pas venu faire une pige sur la Main Stage 1 !), désagréable, qui ne cadre plus du tout avec ce qu'on est en droit d'attendre de lui. D'ailleurs, les chœurs finissent par chanter davantage que lui. "Still Of The Night" est, elle aussi, gratifiée d'un chant caverneux déroutant.
Hep toi là-bas, tu me rejoins backstage, et rapidos !
Whitesnake aura ce soir donné raison à ceux qui pensent qu'il faut savoir arrêter. Avec un show pourtant convenable (et par moment très fort), le groupe assure encore très bien, mais son leader n'y est clairement plus et on peine à penser qu'il s'agisse d'une contre-performance passagère. Espérons que je sois complètement à côté de la plaque car il serait dommage qu'un tel artiste entache sa propre légende avec des prestations de ce genre (je préfère garder en mémoire l'extraordinaire animal scénique qu'il fut naguère).
Setlist :
- Give Me All Your Love
- Ready an' Willing
- Can You Hear the Wind Blow
- Don't Break My Heart Again
- Is This Love
- Gambler
- Love Will Set You Free
- Pistols at Dawn
- Steal Your Heart Away
-Solo de Tommy Aldridge
- Forevermore
-Best Years / Bad Boys
-Fool for Your Loving
- Here I Go Again
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- Still of the Night
Photos : © 2013 Nidhal Marzouk / Yog Photography
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