Les Gros Émergents de Mars 2024

C'est bientôt le printemps, l'occasion rêvée de découvrir notre sélection des Gros Émergents Metal ! Notre rédaction y met à l’honneur quelques formations émergentes qui lui ont tapé dans l’œil (ou plutôt dans les oreilles). Nous espérons que cette mise en lumière permettra à des groupes passionnés et de qualité d’obtenir l’exposition qu’ils méritent, car ils sont la preuve de la richesse et la diversité de notre scène musicale. Bonnes découvertes !

Dead TwilighT – Fall Of Humanity (death metal)

Dead TwilighT se pose comme l'une des formations les plus atypiques du metal transalpin. Formé en 2001 à Palerme en Sicile, le combo est composé de Marco Bellante aux growls / chant guttural et Luca Bellante aux guitares, à la basse, à la batterie (programmée) et au scream, faisant de lui un véritable concentré de violence et de brutalité à l’état pur. Après deux démos (A Litany For The Dead et Echoes From Nothingless) et deux premiers albums (Endless Torment et About The Prophecy) le duo italien enregistre au Nowhere Studios sur trois années Fall Of Humanity qui voit finalement le jour le 9 septembre dernier chez Great Dane Records.

À peine le CD entre nos mains, nous sommes directement mis dans le bain de la philosophie des musiciens avec l’artwork de la pochette. Il s’agit de l’œuvre apocalyptique originale de leur compatriote Ivan B Vega intitulée Si Vis Pacem,Para Bellum. Côté musique, c’est un véritable chaos acoustique, mais dans le bon sens du terme. « I Hate », qui ouvre les débats, en est le plus bel exemple. La batterie programmée par Luca est une véritable sulfateuse de blast beats et de doubles. Les riffs sont d’une rapidité hallucinante, calés sur la rythmique de la batterie avec pour marque de fabrique une fin en accords stridents. Le chant guttural de Marco finit de peindre le tableau d’un death metal old school teinté de grind.

Pas le temps de dire ouf entre chaque titre, les huit pistes s’enchaînent à un rythme effréné. Moins d’une demi-heure après avoir appuyé sur le bouton play, le disque est déjà terminé. Mais quel concentré de violence ! « From Father To Son » « I Bring Chaos » et « Blood » en sont le plus bel exemple. Le son est très dense et saturé, fleurant bon le vieux death old school des 90’s si cher à nos cœurs. Véritable déferlement de violence à l’ambiance malaisante à souhait, Fall Of Humanity souffle tout sur son passage, ouvrant, par la même occasion, les portes des plus belles salles européennes à Dead TwilighT.

Chronique de Jérémy C

Cyphre – Idolatry (death metal)

Si vous êtes fan de groupes tels que Carcass, Bloodbath ou même Entombed, Cyphre est fait pour vous. Né de la fusion entre le death classique aux origines scandinaves et des influences progressives plus modernes, le combo composé de Julien Grente (chant), David Mazeline (guitare), Stéphane Raplin (basse) et Simon Viletier (batterie) sillonne son bocage normand avec une participation remarquée au tremplin du Festival des Arts Bourrins en avril 2023. Sous la direction de Francis Caste (Pogo Car Crash Control, Rise Of The Northstar, Loudblast, Hangman's Chair…) Cyphre enregistre son premier album Idolatry au Studio Sainte-Marthe. Cet opus est disponible depuis le 23 février dernier chez Klonosphere / Season Of Mist.

Avant de nous plonger dans son univers death hyper texturé, Cyphre nous fait petit à petit rentrer dans le bain avec l’introduction instrumentale « Hellhestr ». La mélodie douce d’une boite à musique puis celle d’un violon et d’une contrebasse laissent place progressivement aux riffs de David et Stéphane mais aussi aux percussions tribales de Simon. On retrouvera un peu plus tard cet aspect mélodique et aérien lors de l’intermède « The Pact », scindant en deux parties ce premier opus des natifs de Saint-Lô. Dès le début de l’écoute de « Into The Grave » on constate que le fil conducteur du son de Cyphre est la basse de Stéphane avec sa profondeur et son groove. Sur un rythme mid-tempo Julien distille son chant tantôt murmuré, tantôt guttural, finissant notre totale immersion.

Avec la même base rythmique, « Underwater » tire son épingle du jeu avec le solo mélodique de David en break et le final instrumental, petit rappel de l’orchestre philharmonique de « Hellhestr », qui nous fait doucement glisser vers la piste suivante. Cyphre lâche les chevaux au triple galop sur « Dawn », l’un des titres les plus courts mais surtout l’un des plus aboutis de ce premier album. Il en est de même avec le single « Myth », mis en valeur par le clip video réalisé sous la direction de Damien Landeau. Idolatry est véritablement taillé pour le live, les nombreux changements de rythmes et les breakdowns briseront les cervicales et les clavicules des plus valeureux d’entre nous. Nous aurons le plaisir des retrouver les musiciens de Cyphre sur leurs terres en ouverture de Seth et Kronos le 29 mars prochain pour la meilleure release party qui soit.

Chronique de Jérémy C

Ponte Del Diavolo– Fire Blades From The Tomb (doom)

Les ambiances occultes sont au programme de ce premier album des Transalpins de Ponte Del Diavolo. Déjà, le nom du groupe, "Pont Du Diable", donne le ton, tout comme les pseudos des musiciens : «herbe du diable» (Erba Del Diavolo) pour la chanteuse et «ergot du seigle» (Segale Cornuta) pour le guitariste, deux plantes vénéneuses.

Le quintette turinois propose une musique aux influences doom, avec des ambiances lourdes et pesantes comme il se doit – il y a d’ailleurs deux bassistes (Krhura Abro et Kratom), mais est loin de s'y limiter. Les déluges de guitare (Nerium) évoquent le black metal, et parfois un post metal particulièrement âpre voire sludge, mais elles savent aussi proposer des motifs mélodieux entêtants, avec des réminiscences dark wave.

Il y a ici quelque chose de l'ordre de la sorcellerie. La chanteuse oscille entre chant clair limpide, qui contraste savamment avec les ambiances obscures, et cris écorchés, légèrement saturés et totalement possédés, conférant un aspect diabolique. C'est particulièrement notable sur le titre d'ouverture, le bien nommé «Demone». Le tout en mélangeant dans ses paroles (en anglais et en italien) propos sexuels décomplexés et considérations macabres.

Ponte Del Diavolo propose aussi parfois des choses très différentes, comme la première moitié de «Red as the Sex of She who Lives in Death», presque un croisement entre sonorités doom et jazz (un jazz d'obédience malsaine), lent et lourd, à la voix très particulière, avant de s'énerver à la moitié pour s'enrager sous un déluge de guitares saturées.

Après trois EP, le premier album du groupe marque les esprits. Il commence d’ailleurs doucement à se faire un nom sur la scène italienne, et après une tournée dans son pays (dont certaines dates avec Shores Of Null, dont vous nous avions également dit le plus grand bien), il est à espérer de le voir se produire de l’autre côté des Alpes.

Chronique de Aude D



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