Furor Gallico est probablement l’un des secrets les mieux gardés d’Italie. Depuis plus de quinze ans, le groupe construit un folk metal qui lui est propre, reprenant les codes du genre sans s’y laisser enfermer. Il revient avec son quatrième album, qui mêle toujours éléments extrêmes et celtiques.
Le groupe de folk metal milanais Furor Gallico nous avait impressionnés avec son troisième album, Dusk Of The Ages. Il revient quatre ans plus tard avec une nouvelle livraison, Future To Come. Les ingrédients principaux de sa formule sont toujours et semblent même encore mieux maîtrisés. Les sonorités très agressives, qui empruntent au death, sont bien présentes avec une voix majoritairement growlée (Davide Cicalese), des déluges de riffs de guitares saturées (Gabriele Consiglio, qui chante aussi ponctuellement) qui n’ont d’égale que la rage de la batterie (Mirko Fustinoni), servie par la basse de Marco Ballabio.
La partie folk n’est pour autant pas délaissée et reste servie aussi bien par l’utilisation de nombreuses mélodies celtiques dans les chansons que par la présence de plusieurs instruments traditionnels : violon, flûtes, harpe et bouzouki (fait assez rare pour être noté en ce qui concerne ces deux derniers). Les deux chants clairs, masculin et féminin (Valentina Pucci, présente en studio depuis le dernier opus), s’intègrent aussi toujours très bien à ces éléments.
Le groupe arrive toujours à parfaitement équilibrer ces différentes influences et offre de nouveau un album solide. Pourtant, à la première écoute, il peut poindre une légère déception, comme si le groupe se perfectionnait techniquement mais n’apportait pas grand-chose de plus qu’avec Dusk Of The Ages. Alors que « Call of the Wind » offre une entrée en matière très maîtrisée mais qui nous donne la sensation d’être en terrain connu, cela se ressent fortement par exemple sur « Birth of the Sun ». Cette ballade mignonne mais pas forcément très marquante peut sembler vouloir répliquer le succès de « Canto d’Inverno », du précédent album, qui avait valu aux Transalpins près de cinq millions de vues sur Youtube. De plus, plusieurs chansons ont des schémas un peu trop similaires dans le chant, à savoir une alternance growl sur les couplets et chant féminin sur le refrain.
Pourtant, au fil des écoutes, il nous révèle plus d’aspérités que de prime abord. Dans les éléments déjà familiers, la voix de Davide Cicalese semble offrir plus de texture sur le chant clair, avec un timbre plus singulier, et plus de profondeur dans son growl - et il a manifestement laissé tomber les cris aigus plus typés black qui ne lui réussissaient qu’à moitié. La guitare de Gabriele Consiglio propose aussi des choses encore plus intéressantes, avec des soli plus marqués, et la capacité à changer de style en quelques secondes, passant de riffs saturés acérés à quelque chose de beaucoup plus mélodieux et inattendu (c’est particulièrement notable sur « Ancient Roots »).
Le groupe a aussi une façon intéressante d’entremêler les éléments folk et extrêmes. Certes, il y a parfois des ponts avec les instruments traditionnels pour faire une pause entre deux avalanches de riffs enragés, ce qui reste très classique. Mais sur plusieurs morceaux, les deux dialoguent de concert, avec des instruments traditionnels qui jouent au milieu des riffs : le violon sur « Faith upon Lies », la harpe et le bouzouki sur « Ancient Roots ». Chapeau d’ailleurs à la production, qui parvient à rendre tout ceci audible et distinct.
Furor Gallico tente des choses qu’il n’avait pas expérimenté, comme des sons un peu orientalisants sur « Among the Ashes » ou « Faith upon Lies », ou une voix parlée par-dessus un violon sur le pont de « Black Skies » qui donne une atmosphère presque hantée au titre. « Faith upon Lies » impressionne aussi, entre autres par sa fin qui donne à entendre une litanie dans une langue étrange (qu’on suppose celte). « Ancient Roots » fait dialoguer tous les éléments de manière assez originale, et forme probablement, avec les deux morceaux précédents, le triptyque le plus marquant du disque.
Le combo se distingue aussi par un son empreint d’une certaine nostalgie, d’une noirceur non pas désespérée mais plutôt lourde et triste, quoique pas dénuée de lumière. Le groupe expliquait dans un communiqué que l’album traitait beaucoup de rédemption et surtout de renaissance. Il laisse aussi entendre les regrets (le nôtre étant qu’il y ait beaucoup moins de chant en italien que sur les albums précédents) mais aussi les combats contre toutes les forces qui nous empêchent de nous accomplir.
Furor Gallico confirme avec Future To Come sa maîtrise et livre un album qui se révèle au fil des écoutes. Le groupe étant également impressionnant sur scène, il reste à espérer un retour prochain dans nos contrées. Car, comme l’affirme le titre « Black Skies », « la musique donne une orientation à l’ensemble de ma vie, c’est une lumière qui brille dans la nuit ».
Future To Come de Furor Gallico est sorti le 23 mars 2024 via Scarlet Records.
Tracklist :
Call of the Wind
Among the Ashes
Birth of the Sun
Black Skies
Faith upon Lies
Ancient Roots
Future to Come
Anelito