Samedi 22 juin – 23h10 – Main Stage 1
En 2010, mon avis sur Kiss au Hellfest pouvait se résumer ainsi : un bon spectacle, mais un mauvais concert !
Autant faire court, rien n'a changé trois ans plus tard !
Kiss sur scène, c'est une machinerie colossale, une débauche de moyens que ce soit en salle, mais aussi en festival, et pour cela, une fois de plus, il n'y a rien à dire, le groupe en donne pour son argent à ses fans. Explosions, flammes, confettis, plate-formes qui montent et descendent (et cette année qui amènent Gene Simmons et Tommy Thayer au-dessus du public), écran géant en fond de scène, tout est fait pour délivrer un show gigantesque.
Psycho Circus !
Seulement voilà, le visuel ne peut masquer la vacuité du propos, voire même l'indigence musicale du combo. Je sais que cela va heurter, mais suis-je donc le seul à trouver qu'outre un son faiblard (et carrément fluet en ce qui concerne la gratte de celui qui restera quoiqu'il fasse le remplaçant d'Ace Frehley), la mise en place est parfois très limite ? Suis-je l'unique spectateur qui préfèrerais entendre des chansons en plus, plutôt que de subir les bla-bla interminables de Paul Stanley ? Suis-je trop musicien pour me satisfaire de bruit en guise d'accompagnement du numéro de clown sanguinolent de Gene Simmons avant "God Of Thunder" ? Suis-je juste un aigri pour ne pas trouver très drôle les sarcasmes de Paul sur les chanteurs qui beuglent grave, alors que lui-même est maintenant totalement incapable d'assurer les parties aigues des chansons qui ont fait le succès du groupe (d'ailleurs, il chante très peu de titres et lorsqu'il est au micro, il passe son temps à laisser le public le faire, timidement, à sa place, ou bien les chœurs prennent le relais) ?
Toute la journée, nous avons vu trôner au-dessus de la Main Stage 1 la fameuse "araignée" qui sert de base au light show de Kiss. Ceux qui ont vu la vidéo du concert de Stockholm avec cette intro effarante ne pourront que partager ma déception de constater que ce soir, cette belle mécanique restera désespérément fixe. Problème de sécurité, de place, d'accès, il y a sûrement une très bonne raison, et je me dis que ce n'est finalement pas très grave, si, après un baisser de rideau rapide, les musiciens sont déjà sur scène de manière classique (hormis la batterie dont l'estrade descend pour gagner sa place normale).
Ah, il faut jouer des chansons pour accompagner le pestacle ! pfffff !
Après un "Psycho Circus" peu entraînant, "Shout It Out Loud" semble vouloir mettre l'ambiance. Personnellement, je n'adhère pas du tout, mais j'essaie d'y croire. Seulement les gimmicks grossiers succèdent aux plans téléphonés, et il faut être d'une indulgence extrême ou bien être très bon public pour ne pas être choqué par l'énormité des ficelles. Ainsi, les mouvements de caméras, démultipliés à l'envie sur l'écran pour donner l'illusion du mouvement alors qu'il ne se passe strictement rien sur scène, ont vite fait de me faire bouillir.
Et puis, il y a cette impression purement horripilante que l'objectif est de jouer le moins de morceaux possible. Paul fait chanter le public (ok il n'est pas le seul, mais lui, c'est dès la fin du deuxième morceau, et encore, entre deux chansons, même pas sur un refrain), Gene crache le feu, Tommy fait un solo (dont l'absence d'intérêt frôle la pureté absolue) puis sa guitare tire sur la batterie d'Eric Singer, Gene crache le sang, Paul fait un tour en tyrolienne jusqu'à une plateforme située devant la tour régie (sur "Love Gun", dont il ne fait même plus l'effort de chanter le refrain) puis repart illico en sens inverse.
N'allez surtout pas croire que je prends ce concert par dessus la jambe !
Du spectacle, mais peu de musique, encore une fois ! Seul le triptique "Lick It Up" "Love Gun" et "Rock'n'Roll All Nite" (qui bénéficie de son habituel succès), me tirera de ma torpeur avant un rappel classique, exceptée la présence de "Black Diamond" (et l'absence de "I Was Made For Lovin' You" mais on se doute que vocalement, cette chanson n'est tout simplement plus interprétable)
C'est sous un déluge de confettis que le show s'achève, me laissant dans une perplexité folle. Kiss a fait le spectacle, les fans sont certainement ravis, les néophytes éblouis et dubitatifs, mais que retenir ? Que le groupe a réussi l'exploit de jouer deux morceaux de moins qu'en 2010, que tout cela sentait beaucoup le réchauffé, qu'au chant Paul Stanley est à la peine (d'où une répartition différente du chant), que le groupe fait des choix de morceaux qui ne me conviennent pas (mais ça, ce n'est pas bien grave), mais qu'il bénéficie toujours de la fidélité de fans incroyables (passer onze heures accrochés à une barrière - comme le monsieur maquillé sur la photo ci-dessus à gauche de Paul Stanley - pour être sûr d'être au premier rang, ça mérite le respect, même si ça plombe un peu l'ambiance des autres concerts) et quelque part, c'est bien là la meilleure des réponses à toutes mes critiques !
Kiss joue pour ses fans, offre un gros show, et tant pis pour ceux qui attendent d'un concert, une émotion artistique, plus que l'amortissement du prix du billet.
Setlist :
- Psycho Circus
- Shout It Out Loud
- Let Me Go, Rock 'N' Roll
- I Love It Loud
- Hell or Hallelujah
- War Machine
- Deuce
- Say Yeah
- Shock Me
- Outta This World
- God of Thunder
- Lick It Up
- Love Gun
- Rock and Roll All Nite
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- Detroit Rock City
- Black Diamond
- God Gave Rock 'n' Roll to You II
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Photos : © 2013 Nidhal Marzouk / Yog Photography
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