Avec la sortie en 2019 de Something Wicked Marches In, son premier album, Vltimas a rapidement su creuser son trou dans la scène extrême et prouvé que cette association de talents (David Vincent, ex-Morbid Angel, Rune Eriksen, ex-Mayhem et Flo Mounier de Cryptopsy) allait bien au-delà du seul CV de ses musiciens. Il aura fallu attendre cinq ans pour que le trio lui donne un successeur, la faute au planning chargé des musiciens (et à une pandémie il faut le reconnaître). Si après le convaincant premier album, des craintes pouvaient subsister sur la capacité d’Vltimas à reproduire l’essai, EPIC balaye ces inquiétudes d’un revers de la main.
En effet, malgré seulement 37 minutes au compteur, ce deuxième album reprend les bases du groupe, qui officie toujours dans un blackened death accrocheur, comme le montre « EPIC », le titre d’ouverture (si l’on exclue la courte introduction ambiante « Volens Discordant »). Porté par un David Vincent dont le chant se fait toutefois plus lyrique qu’à l’accoutumée (on y trouve presque des réminiscences de son autre carrière de crooner), le titre est dans la droite lignée du précédent album. Eriksen propose des accélérations bienvenues qui côtoient des parties plus doom et des arpèges black où l’ambiance se fait toujours pesante.
Sans révolutionner son jeu ni le style en général, l’ex-Mayhem parvient à rendre chaque titre parfaitement identifiable (« Miserere », « Spoils of Wars »), et même – osons le mot – à écrire de vraies chansons. Car c’est indéniable, il y a un vrai talent de songwriting dans cet album, comme dans le précédent, renforcé par les refrains accrocheurs (pour le style) et la voix puissante de l’ex-Morbid Angel. Ce dernier utilise un chant beaucoup plus clair que sur ses précédentes réalisations (« Mephisto Manifesto »), qui sera certainement clivant pour l’auditeur mais qui apporte également toute sa personnalité à l’album, et amenant le côté « épique » annoncé dans le nom de l’opus. En outre, un soin tout particulier a été porté à l’écritures des soli de guitare, mélodiques (« Mephisto Manifesto », « EPIC », « Miserere », « Nature’s Fangs ») qui constituent souvent le climax des compositions et ont un réel intérêt.
La production de chaque titre laisse également pantois, l’ensemble étant très clair malgré la densité des riffs et arpèges. La place accordée à Ype TWS (ex-Dodecahedron, qui rejoint officiellement le line-up à la basse après en avoir fait partie dans son incarnation live) reste toutefois un peu décevante, puisque les guitares et le chant dominent largement dans le mix (« Invictus »), au détriment de la quatre-cordes.
Il est toutefois certain que l’effet de surprise amené par le précédent opus est passé, puisque Vltimas reproduit – avec talent - ce qui avait su nous convaincre en 2019. On regrette cependant la courte durée de l’album, puisqu’un ou deux titres supplémentaires, explorant d’autres horizons, n’auraient pas été de trop. A l’arrivée, l’auditeur est donc partagé entre le plaisir d’avoir écouté un bon album, et une légère frustration liée au fait qu’Vltimas reste en terrain relativement connu sans oser aller trop loin dans l’expérimentation. Et l’on sait pourtant de quoi les quatre musiciens sont capables à ce niveau-là. Malgré tout, EPIC ravira à coup sûr ceux qui avaient accroché à Something Wicked Marches In et confirme qu’Vltimas n’est pas qu’un simple side-project sans avenir.
Tracklist :
Volens Discordant
Epic
Miserere
Exercitus Irae
Mephisto Manifesto
Scorcher
Invictus
Nature's Fangs
Spoils of War
Déjà disponible chez Season of Mist
Photographie promotionnelle : © Jolanda Siemonsa // Photographie fournie par Season of Mist